Plan de contrôle des huiles d’olive

Aujourd’hui, plus de trois millions et demi de tonnes d’huiles d’olive sont produites dans le monde. La récolte française a atteint 5 800 tonnes en 2018. Dans le cadre du plan de contrôle annuel instauré par l’Union européenne afin de vérifier la qualité et l’étiquetage des huiles d’olive commercialisées, la DGCCRF a enquêté et constaté de nombreux manquements.

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Les enquêteurs de la DGCCRF ont contrôlé 227 établissements – des responsables de la première mise sur le marché, des grossistes et des détaillants – et constaté des non-conformités des huiles d’olives commercialisées dans 40 % des établissements contrôlés. C’est chez les grossistes et au stade de la vente directe (internet, marchés) que la plupart des anomalies ont été constatées.

Le Service commun des laboratoires (SCL) de Marseille a analysé 126 prélèvements. Toutes les mentions d’étiquetage ont été examinées et comparées aux résultats des tests physico-chimiques et organoleptiques[1].

En raison d’un ciblage efficace, les contrôles de la DGCCRF ont permis de constater de nombreuses pratiques contraires à la réglementation. Ainsi, un quart des échantillons analysés lors de l’enquête réalisée en 2018 étaient complètement conformes, à la fois en termes de composition et d’étiquetage. Les manquements sont particulièrement nombreux en matière d’étiquetage ; ils concernent notamment l’usage abusif de mentions valorisantes (en particulier l’usage de la catégorie « vierge extra », ou de l’origine française). Ces résultats s’expliquent en partie par le fait que, pour exercer une activité annexe, de nombreux professionnels achètent ponctuellement de l’huile d’olive dans d’autres pays et la commercialisent sans connaître la règlementation en vigueur.

Près de la moitié des huiles d’olive analysées étaient non conformes

49 % des produits analysés étaient non conformes à la réglementation. Certains produits présentaient des défauts de qualité qui leur ont valu un déclassement de « vierge extra » en « vierge » (l’huile d’olive « vierge extra » est de qualité supérieure, son taux d’acidité ne peut pas dépasser 1 % tandis qu’il peut atteindre 2 % pour l’huile « vierge »), d’autres présentaient des défauts d’étiquetage (désignation d’origine absente ou incomplète, francisation[2], mentions obligatoires absentes, dénominations de vente non réglementaires, etc.).

L’analyse sensorielle (organoleptique) : la méthode repose sur un protocole scientifique
Les organes sensoriels humains se comportent comme de véritables instruments de mesure. Ils sont constitués de cellules spécialisées dans la reconnaissance des différents types de molécules avec lesquelles ils sont en contact. Une formation spécifique à l’analyse sensorielle permet aux enquêteurs de la DGCCRF d’acquérir les compétences nécessaires.
Les phases de l’analyse : la vue, l’odorat, le goût, le toucher (voire l’ouïe).
Concernant le goût, une première phase consiste à mettre en bouche une petite quantité d’huile. Il s’agit de la répartir de la pointe jusqu’à l’arrière de la langue dans toute la cavité buccale. Il est alors possible de détecter différents signaux : la douceur sur la pointe de la langue, l’amertume au centre, le goût métallique sur les côtés et le piquant au début de la gorge. Une seconde phase, rétro-nasale, qui consiste à effectuer des aspirations courtes et successives en introduisant l’air par la bouche, permet une analyse des composantes volatiles aromatiques.

Plus de 25 % des échantillons analysés ont été déclarés « à surveiller ». Dans la plupart des cas, ce sont des défauts d’étiquetage qui ont été constatés :

  • dénomination de vente incomplète ou absente,
  • usurpation de signes de qualité ou de lieux géographique ou d’origine,
  • absence de numéro de lot ou de la date de durabilité minimale,
  • absence de quantité nette ou des valeurs nutritionnelles,
  • non-usage de la langue française,
  • usage de termes ne possédant pas de définition réglementaire tels que « goût intense » ou « premium », ou l’usage du terme « graisse » au lieu de « matières grasses » dans le tableau nutritionnel.

Défaut d’étiquetage : une anomalie très répandue

Une société a été verbalisée pour avoir utilisé un étiquetage confusionnel portant des mentions valorisantes injustifiées : « Notre huile vierge extra issue des meilleurs terroirs de l'Union européenne, véritable jus de fruits […] son goût exquis ». Cette société, qui prétendait faire des autocontrôles, a vu ses huiles déclassées de la catégorie « vierge extra » à la catégorie « vierge » après les analyses réalisées par le SCL.

Un importateur d’huile d’olive mettait sur le marché des huiles d’olive qui se sont avérées être lampantes, c’est-à-dire non comestibles, après l’analyse effectuée par les laboratoires. Les lots concernés ont été détruits et un procès-verbal de délit lui a été adressé.

Un grossiste a été verbalisé pour avoir commercialisé plus de huit mille coffrets intitulés « Amour de truffe » composés d’huile d’olive vierge extra de France au jus de truffe blanche d’été et d’arôme truffe blanche, et de flacons d’huile d’olive vierge extra BIO. A la suite des vérifications réalisées, il s’avère que l’opérateur apposait des mentions confusionnelles telles que « fabriqué en France » et « assemblage d’huile d’olives communautaires et non communautaires », alors que l'huile avait comme unique provenance le Portugal.

Sur un marché, un commerçant non-sédentaire présentait à la vente de l’huile d’olive vierge extra provenant d’Italie. Celle-ci s’est avérée après analyses être un mélange d’huile d’olive vierge et raffinée. De plus, l’étiquetage ne comportait aucune mention en français. Sur son site Internet, figuraient également des allégations fausses du type « Apiculteur Bio de Provence Oléiculteur depuis 1809 ».

Une entreprise qui vendait une huile d’olive vierge extra provenant prétendument d’un village de la Drôme, alors que l’étiquetage fourni par le responsable de la première mise sur le marché indiquait en fait une « origine UE », a vu son produit déclassé en huile d’olive vierge après analyses. L’entreprise a été verbalisée pour pratique commerciale trompeuse et s’est acquittée d’une transaction de 1 500 €.

[1] La qualité organoleptique d’un aliment correspond à ses propriétés en termes de goût, odeur, aspect, couleur et consistance.

[2] Francisation : action de présenter une denrée comme étant d’origine française alors qu’elle ne peut pas prétendre à cette origine

Cible

227 établissements contrôlés
126 prélèvements analysés

Résultats

Taux d’établissements en anomalie 40 %
62 avertissements
23 injonctions
8 procès-verbaux pénaux
1 arrêté préfectoral de destruction

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