Né en 1937, Robert Lucas a reçu le prix Nobel en 1995 pour ses travaux sur les anticipations rationnelles. Principal représentant de l’école des nouveaux classiques, il est particulièrement critique à l’égard de toute intervention de l’État.
Influencé par les travaux de Samuelson et de Friedman, Lucas enseigne d’abord au Carnegie Institute of Technology, où il travaille sur les décisions d’investissement des entreprises. En 1974, il entre à l’École de Chicago et devient l’un des principaux opposants aux théories keynésiennes. Bien qu’elles soient dominantes à l’époque, Lucas les juge trop rigides, et inefficaces à long terme.
La théorie des anticipations rationnelles
Introduite par John Muth en 1961, cette théorie pose pour principe la capacité des agents à anticiper les conséquences des politiques économiques initiées par les États.
Un premier développement, la théorie des anticipations adaptatives de Friedman, supposait une adaptation progressive des agents, en fonction de la variation des prix et des salaires.
Lucas est allé plus loin en affirmant que les agents ajustaient immédiatement leurs comportements aux politiques économiques, en anticipant leur impact sur les variations de monnaie et de prix.
Cette hypothèse a conduit Lucas à une critique des modèles économétriques. Le biais introduit par les anticipations des agents sur les effets des politiques économiques adoptées, rend en effet vaine toute tentative de mesure. C’est ce qu’on appelle la « critique de Lucas ».
La critique de l’interventionnisme
Au regard de la théorie des anticipations rationnelles, la mise en œuvre de politiques économiques perd de son intérêt : les agents anticipant instantanément les variations de prix et de salaires liées à une politique économique, les effets de cette dernière s’annulent automatiquement.
Par exemple, si un gouvernement décide de recourir à une politique monétaire expansionniste pour relancer l’économie, les agents anticiperont l’inflation future en augmentant leur taux d’épargne, ce qui annule l’effet de la relance initiée.
Une politique économique peut néanmoins être efficace, à la condition de contourner ces phénomènes d’anticipation ; elle doit pour cela être acceptée « sans réserves » par les agents. Lucas a d’ailleurs admis la place de l’action publique pour favoriser la croissance endogène quand, en 1988, il a montré que le capital humain était un facteur déterminant du progrès technique.
Économiste influent, lauréat du prix Nobel d’économie, Robert Lucas est pourtant peu médiatisé. La critique radicale de l’interventionnisme qu’il développe a sans doute contribué, la crise aidant, à le dépopulariser. Sa place particulière au sein de l’École des nouveaux classiques, aux côtés de Sargent et de Barro, en fait néanmoins l’un des économistes les plus influents de ces dernières décennies.
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Lien pratique
Bibliographie
-
Keynes, Lucas : d’une macroéconomie à l’autre, Michel De Vroey, éditions Dalloz, 2009