Né en 1921, Kenneth Arrow est l’un des fondateurs de l’école néoclassique moderne. Il a acquis une grande notoriété dès 1951 grâce à sa démonstration du théorème d’impossibilité.
Economiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle, Kenneth Arrow a reçu en 1972 le prix Nobel d’économie, et en 2004 la National Medal of Science. Ces distinctions témoignent de l’importance et de la diversité de ses travaux.
Le théorème d’impossibilité d’Arrow
Publiée dans sa thèse intitulée Social choice and individual values, la démonstration mathématique du théorème d’impossibilité confirme et généralise le paradoxe de Condorcet, selon lequel il n’est pas toujours possible de hiérarchiser des préférences au sein d’une collectivité.
Arrow étudie les fonctions de choix social, qui désignent les méthodes qui permettent de passer des préférences individuelles aux préférences collectives (par exemple les élections). En formalisant les travaux de Condorcet, il montre qu’aucune fonction ne respecte les hypothèses néoclassiques (anonymat, universalité, indépendance, pas de dictateur etc.).
Par exemple, à partir de trois propositions A, B et C (par exemple trois candidats à une élection ou trois décisions budgétaires), telles que A est préféré à B pour certains, B à C pour d’autres, et C à A pour un dernier groupe, l’opération de transitivité des choix conduit à une équation du type A > B > C > A.
Les décisions politiques ou économiques, prises au niveau collectif, découlent alors nécessairement d’un arbitrage imparfait. Ce résultat conduit à séparer l’aspect démocratique d’un État et la légitimité de ses décisions, donc à remettre en cause l’interventionnisme économique.
Le précurseur des théories néoclassiques
Plus tard, Arrow fût le premier, avec Debreu, à justifier mathématiquement la théorie de l’équilibre général élaborée par Walras. Sous certaines hypothèses (notamment la rationalité des agents), il a démontré qu’il existait toujours au moins un équilibre général concurrentiel (avec égalisation de l’offre et de la demande par les prix), jetant ainsi les bases des théories néoclassiques modernes.
Par ailleurs, il est l’inventeur du « learning by doing » (apprentissage par la pratique). Ce concept économique permet d’expliquer l’amélioration de la productivité des facteurs de production dans le temps (par la correction des erreurs, la coordination entre les agents, …). Cette découverte, reprise plus tard par Romer, est à la base des théories sur la croissance endogène.
Enfin, il a également contribué au développement des concepts d’asymétries d’information, d’aléa moral et de sélection adverse pour tenter d’expliquer l’imperfection des marchés.
Avec la démonstration du théorème d’impossibilité, Arrow a mis en cause la capacité de l’État à répondre aux préférences des citoyens collectivement, ce qui a permis le développement de la théorie des choix publics. Mais sa contribution à l’économie ne se limite pas à ce théorème : auteur prolifique, il s’est intéressé à quasiment tous les aspects de la théorie néoclassique.
Grands noms
- John Nash
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- Nicolaï Kondratieff
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- Robert Thomas Malthus
- Adam Smith
- Joseph Schumpeter
- Jean-Baptiste Colbert
Voir aussi
Bibliographie
- Théorie de l’information et des organisations, Kenneth Arrow, aux éditions Broché
- Civilisations, globalisation, guerre : discours d’économistes, ouvrage collectif (A. Sen, K. Arrow, …), Presses Universitaires de Grenoble, 2003
- Choix collectifs et préférences individuelles, Kenneth Arrow (traduction française de Social Choice and Individual Values, 1951), Diderot éditeur, Paris, 1997