Joseph Stiglitz

Joseph Stiglitz est né en 1943 dans l’Indiana. Ancien économiste en chef de la banque Mondiale (1997-2000), il enseigne actuellement à la Graduate School of Business de l’Université de Columbia. En 2001, il reçoit conjointement avec Akerlof et Spence le prix Nobel d’économie en 2001.

Chercheur prolifique, Joseph Stiglitz a publié de nombreux travaux dans des domaines aussi variés que l’économie du travail, le marché du crédit ou encore l’économie industrielle. Il est avec Akerlof et Spence le fondateur de l’économie de l’information, ce qui lui valu son prix Nobel.

Contrairement à l’approche économique néo-classique qui considère que les agents économiques disposent de toute l’information nécessaire à la prise de décisions, Stiglitz se base sur l’hypothèse – bien plus réaliste – d’information imparfaite. Concrètement, les agents économiques sont contraints à prendre des décisions en situation d’incertitude. Dans certains cas, les individus ne disposent pas de la même quantité d’information, - l’un peut en savoir plus que l’autre - on parle alors d’asymétrie d’information.

Les travaux de Stiglitz ont notamment permis une meilleure compréhension du fonctionnement du marché du crédit.

Marché du crédit

Quand les mauvais emprunteurs chassent les bons.

Prenons l’exemple d’un dirigeant d’entreprise qui sollicite un prêt auprès d’un établissement bancaire. Le banquier doit décider de l’octroi du prêt en situation d’asymétrie d’information : contrairement au chef d’entreprise, il ne connaît pas la rentabilité réelle de l’investissement que celui-ci souhaite réaliser et donc la véritable capacité à rembourser de son emprunteur.

Ainsi, la banque ne pouvant ajuster le taux du crédit à la solvabilité de chaque débiteur va facturer à un « taux moyen » l’ensemble de sa clientèle.

Au final, les emprunteurs de « bonne qualité » s’estimant lésés refusent le taux de la banque qu’ils jugent trop élevé. Les débiteurs douteux en revanche, se précipitent sur ce taux qui leur est favorable. Les mauvais emprunteurs chassent les bons. C’est ce qu’on appelle un phénomène d’antisélection ou encore de sélection adverse.

Face à la multiplication des mauvais emprunteurs, les banques craignant d’accumuler un trop grand nombre de créances douteuses tendent à limiter l’octroi de prêts.

Après son passage à la Banque Mondiale, qu’il a tout comme le FMI ardemment critiquée, Stiglitz s’est intéressé à la question de la gouvernance de l’économie mondiale. Fort de sa notoriété de Prix Nobel, il a sans être altermondialiste, vigoureusement dénoncé le dogmatisme libéral des grandes institutions internationales et prône une meilleure régulation de la mondialisation.

Plus récemment, Stiglitz a réfléchi aux conditions d’élaboration d’un indicateur de développement alternatif au Produit intérieur brut (PIB). La commission qui porte son nom a rendu son rapport en septembre 2009.