Paul Krugman

Paul Krugman est un économiste américain, né en 1953. Il est professeur à l’Université de Princeton et éditorialiste au New York Times. Il est l’un des initiateurs de la « nouvelle théorie du commerce international ».
Son analyse des modèles du commerce et de la distribution spatiale de l’activité économique lui a valu d’obtenir le prix Nobel d’Économie 2008.

La nouvelle théorie du commerce international

Les théories traditionnelles – fondées sur la concurrence pure et parfaite et l’absence d’économies d’échelles (le coût moyen de production ne diminue pas quand la quantité produite augmente) – échouent à expliquer les flux du commerce mondial. À savoir, une part significative du commerce mondial concerne des échanges de biens similaires, entre des pays de même niveau de développement (souvent des pays industrialisés). La Suède, par exemple, exporte ses Volvos vers l’Allemagne, qui lui vend ses BMW. Autrement-dit, le commerce n’est pas fondé sur la spécialisation.

Krugman explique les flux observés par la concurrence imparfaite. Il a recours notamment à des modèles fondés sur la différenciation des produits (goût du consommateur pour la variété des produits d’une même branche) et l’existence de rendements croissants (économies d’échelle).

En offrant une formalisation mathématique, la nouvelle théorie du commerce international prolonge, les travaux précurseurs de Linder et Vernon menés dans les années 1960. Ces derniers pointaient déjà les limites des théories traditionnelles pour rendre compte de faits, tels que l’échange de produits similaires entre pays riches.

Bien que ses travaux modifient sensiblement les fondements de l’analyse des échanges au point d’introduire des ambiguïtés sur les avantages du libre-échange, Krugman n’en demeure pas moins un fervent partisan du libre-échange (voir son ouvrage La mondialisation n’est pas coupable. Vertus et limites du libre-échanges, 1998).

Outre sa contribution à la nouvelle théorie du commerce international à la fin des années 1970, Krugman est reconnu pour ses travaux sur la nouvelle économie géographique, dont il devient l’un des leaders à la fin des années 1990. Son analyse suggère que l’implantation des lieux de production et de commercialisation est le fait d’un arbitrage entre les économies d’échelle (favorisant la concentration) et les coûts de transport (favorisant, au contraire, la dispersion).

Un vulgarisateur hors-pair

Krugman est particulièrement connu du grand public pour sa participation aux débats de politique économique. À l’instar de Stiglitz, il est considéré comme un vulgarisateur hors-pair de l’économie. Ses chroniques dans le New York Times ont renforcé sa notoriété internationale.

Ses écrits percutants l’ont positionné comme un critique virulent de l’administration Bush, dont il a attaqué la politique de dérégulation excessive. Au contraire, il a appelé à une hausse de la fiscalité et à un surcroît d’interventionnisme publique aux États-Unis. Les États doivent accompagner la mondialisation. Dans son essai l’Amérique que nous voulons (2008), Krugman argumente en faveur de l’instauration d’une sécurité sociale pour tous.

Enfin, on retiendra que dès 2005, Krugman a prévenu du risque d’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis (voir sa chronique du New York Times, le 08/10/05). La crise des crédits « subprimes » (crédits hypothécaires risqués) en 2007 – qui a précipité la crise financière actuelle – a validé ses prédictions.