Georges Akerlof

George Akerlof est un économiste américain d’inspiration keynésienne, né en 1940. Ses travaux sur l’analyse des imperfections de marché ont été récompensés par le prix Nobel d’Economie 2001, également attribué à Stiglitz et Spence.
Ils montrent que le modèle de concurrence pure et parfaite (modèle standard de la théorie économique), qui suppose notamment que l’information des agents est elle-même parfaite, est une approximation très éloignée de la réalité.

Les asymétries d’information

Akerlof a consacré une large partie de sa recherche sur les imperfections de marché au problème des asymétries d’information. L’asymétrie d’information est chose courante sur les marchés. Elle implique qu’un des participants à l’échange dispose d’une information « privée », qu’il cache à l’autre partie. A titre d’exemple, on peut penser à l’emprunteur qui connaît mieux que son prêteur sa capacité de remboursement ou au titulaire d’une police d’assurance qui connaît mieux que son assureur ses risques potentiels…

Akerlof, quant à lui, privilégie l’exemple du marché des voitures d’occasion (lemons en anglais), marché sur lequel le vendeur connaît mieux que l’acheteur la qualité de sa voiture. Publié en 1970, son travail (paru sous le titre "Le marché des voitures d’occasion : incertitude sur la qualité et mécanisme de marché") est inspiré par le questionnement suivant : pourquoi une voiture à peine utilisée subit une décote importante sur le marché de l’occasion ? Il montre que pour se prémunir des vices cachés de véhicules de mauvaise qualité, les acheteurs intéressés proposent des prix délibérément faibles. Insatisfaits par les prix proposés, les vendeurs de véhicules de bonne qualité quittent le marché, ne laissant alors disponibles à la vente que des produits de mauvaise qualité. Un phénomène de « sélection adverse » (ou « antisélection ») est donc à l’œuvre : les voitures de piètre qualité chassent du marché les bonnes voitures. L’asymétrie d’information conduit ainsi à un équilibre inefficace.

La théorie du signal

Une manière pour le vendeur d’échapper au problème de l’asymétrie d’information est de mettre en place un signal sur la qualité de son bien (une garantie dans le cas du marché des lemons, par exemple). L’Etat peut également intervenir en imposant des mécanismes de certifications de bon état du véhicule (contrôles techniques réguliers, par exemple). Les signaux ainsi générés assurent des prix cohérents avec la qualité du produit échangé et restaure l’efficacité à l’équilibre.

L’économie comportementale

Akerlof se distingue également par l’intérêt qu’il porte à l’économie comportementale, qui permet de resituer la science économique par rapport à d’autres sciences sociales (comme la sociologie ou la psychologie). Ce champ récent de la recherche économique produit des travaux à l’interface entre ces différentes disciplines, qui font la part belle à l’étude des comportements (par rapport à l’investissement, à la production, au travail, à la consommation, à l’épargne, etc.).

Ces travaux ont sérieusement questionné l’hypothèse de rationalité des agents dans le modèle standard et ont conduit à l’introduction d’hypothèses beaucoup plus réalistes basées sur l’observation des comportements. Dans son ouvrage Les Esprits animaux, Comment les forces psychologiques mènent la finance et l’économie, paru en 2009, Akerlof propose d’intégrer les apports de l’économie comportementale dans un cadre théorique keynésien afin de mieux appréhender le fonctionnement de l’économie (instabilité des marchés, problème du chômage, crise, etc.).

La théorie des asymétries d’information est l’une des plus importantes du renouvellement de la pensée économique ces dernières décennies. Elle a suscité de nombreux travaux conduisant à la formulation d’une théorie des incitations.