Milton Friedman

Fondateur de l’ « École de Chicago », Milton Friedman (1912-2006), a été un critique virulent de l’interventionnisme étatique et des politiques économiques keynésiennes. Conseiller du président Nixon à la fin des années 1960, on lui reproche d’avoir été l’inspirateur en économie, avec ses disciples ultralibéraux surnommés les « Chicago Boys », du dictateur chilien Augusto Pinochet. Il a reçu le prix Nobel d’Economie en 1976 pour « ses découvertes dans le champ de l’analyse de la consommation, de l’histoire et de la théorie monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de stabilisation monétaire. »

La théorie quantitative de la monnaie

Friedman est le père du courant « monétariste » et a notamment réactivé la théorie quantitative de la monnaie. Selon celle ci, c’est l’augmentation de la masse monétaire qui est la cause unique de la hausse des prix : « L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production », écrit-il en 1970. Son analyse s’inscrit alors dans un contexte de cette époque marquée par une forte inflation les pays occidentaux. Surtout Friedman permet d’expliquer le phénomène de « stagflation » (croissance faible et inflation forte) auquel sont confrontés les pays occidentaux dans les années 1970, notamment suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Il ne suffit pas d’abaisser les taux d’intérêt (ce qui augmente en retour l’inflation) pour relancer l’investissement et la croissance. Dès lors Friedman recommande en premier lieu de lutter contre l’inflation, phénomène qu’il juge dangereux et sans aucun bienfait à terme pour le fonctionnement de l’économie, en réduisant la masse monétaire et en augmentant les taux d’intérêt. C’est cette politique qui sera menée par Paul Volcker, à la tête de la FED à partir de 1979 et qui parvient à diminuer l’inflation de 13,5 % (en 1981) à 3,2 % en 1983.

La critique de l’interventionnisme public

Concernant la consommation, Milton Friedman a formulé l’ « hypothèse du revenu permanent » qui postule que les agents économiques agissent, non pas seulement en fonction de leur revenu disponible, mais en fonction du revenu futur qu’ils anticipent. Celui-ci étant relativement stable, ce phénomène tend à lisser l’évolution de la consommation et à la rendre moins sensible, d’une part aux évolutions de la conjoncture, d’autre part aux politiques de relance préconisées par Keynes. Par ailleurs Friedman que toute intervention publique conjoncturelle est vouée à être trop tardive, du fait de la lenteur inhérente aux prises de décisions publiques et du caractère retardé de leurs effets. Dès lors toute politique de relance risque d’alimenter une surchauffe et d’aggraver la crise.

Le taux de chômage naturel

A propos du chômage, Friedman a développé l’idée d’un taux de chômage naturel : l’offre du travail et la demande se rencontrent en un point qui n’est pas toujours atteint car certaines entreprises monopolistiques vont profiter de leur position pour proposer des salaires trop bas, tandis que certains travailleurs exigeront des salaires trop élevés (par choix personnel en fonction de leur salaire de réserve, du fait des exigences syndicales ou encore à cause d’un salaire minimum fixé par l’Etat). Plus ces phénomènes sont marqués, plus le taux de chômage naturel est élevé.

Si Milton Friedman est aujourd’hui critiqué comme l’un des apôtres du « laissez-faire » qui domine les politiques économiques contemporaines, il est important de rappeler qu’il a développé ses théories dans un contexte où le keynésianismeétait le courant de pensée très largement dominant.