Alfred Marshall

Si le nom d’Alfred Marshall est peu cité, les concepts qu’il a élaborés sont aujourd’hui encore abondamment utilisés.

De formation scientifique, l’Anglais Alfred Marshall (1842 – 1924) a notamment occupé la Chaire d’économie politique à Cambridge. Il fait partie de l’école néoclassique, et a été le professeur de J.M. Keynes.

L’équilibre partiel

Marshall introduit dans ses Principes d’économie politique les courbes d’offre et de demande qui constituent aujourd’hui la représentation la plus populaire du marché.

Contrairement à l’approche de Léon Walras, qui dans la théorie de l’équilibre général s’intéresse simultanément à l’ensemble des marchés, Marshall raisonne toutes choses égales par ailleurs. Il ne s’intéresse pas aux interactions avec les autres marchés. Le prix est déterminé par les seules variations de l’offre et de la demande du bien considéré. Cette approche, en dépit de sa simplicité est aujourd’hui encore largement utilisée pour représenter les marchés .

Le coût et la valeur

Bien qu’il soit profondément imprégné des idées développées dans les années 1870 par Walras, Menger et Jevons, pour qui l’utilité marginale (la satisfaction que retire un individu de la consommation de la dernière unité d’un bien) est décroissante, Alfred Marshall affine cette idée en y intégrant les coûts de production.

Sur le court terme, c’est essentiellement l’utilité (satisfaction procurée par le bien au consommateur) qui détermine le prix d’un bien : les consommateurs sont prêts à payer davantage pour un bien qui leur apporte une utilité plus grande.

Sur le long terme, les coûts de production deviennent déterminants dans la formation du prix d’un bien. Sur ce point, Marshall renoue en partie avec la tradition classique, selon laquelle la valeur dépend essentiellement de la quantité de travail incorporée dans un bien.

Les rendements de la production

Marshall s’intéresse par ailleurs aux rendements de la production. Avant lui, deux idées s’opposent : pour Smith, les rendements sont essentiellement croissants (en raison de la division du travail), tandis qu’ils sont décroissants dans l’esprit de Ricardo (le capital le plus productif étant utilisé en premier, chaque unité nouvelle est donc moins productive que la précédente).

Face à cette dualité, Marshall développe la loi des rendements non proportionnels. Selon lui, les deux effets se combinent : pour une même production, les rendements croissants commencent par dominer, puis les rendements décroissants prennent le dessus. A l’optimum, un équilibre est trouvé entre ces deux tendances contradictoires.

Marshall regroupe au sein d’une théorie unifiée les concepts d’offre et de demande, de prix, de coût et d’utilité marginale. Cet édifice de logique, qui se veut ancré « dans l’activité ordinaire de la vie », influencera plusieurs générations d’économistes.

 

Courbe de l'offre et de la demande