Les consommateurs sont désormais très attentifs aux informations relatives à l’origine des produits. Cet intérêt est plus vif encore lorsqu’il s’agit d’acheter de la viande, ce secteur ayant été marqué dans la période récente par plusieurs crises importantes[1]. La DGCCRF a donc enquêté afin de vérifier le respect par les professionnels des règles d’étiquetage et de traçabilité de la viande bovine, ovine, porcine et de volaille.
Au cours de l’année 2018, les enquêteurs ont contrôlé 1 926 établissements (grandes et moyennes surfaces, boucheries, grossistes, ateliers de découpe et de transformation, abattoirs, éleveurs pratiquant la vente directe, restaurants) et réalisé près de 2 150 actions de contrôle portant essentiellement sur l’étiquetage et la traçabilité des produits. Le taux d’anomalies s’élève à plus de 30 %.
Les constats diffèrent selon le type de commercialisation
Quel que soit le mode de distribution, les enquêteurs ont relevé des anomalies concernant l’origine nationale (des cas de « francisation »[2]), des allégations relatives aux races, des messages quant à l’origine régionale des animaux[3], et des signes de qualité utilisés de manière abusive. Dans près de 40 % des établissements contrôlés, les actions visant à vérifier la conformité aux règles d’origine et le respect des règles de traçabilité ont donné lieu à des suites (avertissements, injonctions, procès-verbaux).
Les constatations diffèrent selon le stade de la commercialisation.
Dans les boucheries traditionnelles et les rayons boucherie des grandes et moyennes surfaces (GMS), les enquêteurs ont constaté l’absence fréquente de la mention d’origine, notamment pour la viande de veau. Dans la plupart des cas, dès lors que l’origine des animaux est française les professionnels s’abstiennent d’indiquer l’origine de la viande.
Dans les rayons libre-service : les préemballages mentionnent bien l’origine des viandes ainsi que le potentiel de tendreté. Toutefois, sur celui-ci de fréquents manquements ont été relevés. De même, dans les linéaires de la grande distribution, il n’est pas rare de constater la présence d’affiches publicitaires promotionnelles approximatives, voire trompeuses.
Les procédures de gestion de la traçabilité sont parfois insuffisantes
Dans le cas des grandes et moyennes surfaces, chaque enseigne dispose de son propre logiciel de gestion de la traçabilité. Au sein d’une même enseigne, les procédures peuvent ne pas être appliquées uniformément.
Les enquêteurs ont constaté que parfois :
- les responsables des rayons boucherie ne savent pas analyser les données enregistrées,
- il n’existe pas d’autocontrôles des procédures de traçabilité,
- ni les mentions d’étiquetage (numéro de lot, numéros d’agrément) ni la cohérence des lots ne sont vérifiées,
- les erreurs de saisies lors de l’enregistrement des lots à l’arrivée ou au moment de l’emballage ne sont pas détectées,
- les personnels ne sont pas formés.
La loyauté de l’information n’est pas garantie en l’absence de traçabilité
Lorsque des manquements sont constatés dans les procédures de traçabilité des viandes, cette traçabilité ne permet plus d’assurer la loyauté de l’information fournie au consommateur, les caractéristiques alléguées n’étant pas garanties.
Les professionnels doivent être conscients des enjeux liés à la mise en place de procédures de traçabilité fiables dans leurs établissements. A cet égard, les enquêteurs ont constaté que les établissements qui respectent aujourd’hui parfaitement ces procédures sont ceux qui ont précédemment été contrôlés et invités à se mettre en conformité.
Partout en Europe, les consommateurs souhaitent être correctement informés sur l’origine des denrées alimentaires, et en particulier sur l’origine des viandes. En France, afin de répondre à cette forte attente, la DGCCRF reconduit ses contrôles des opérateurs concernés en 2020.
[1] Affaire de la « vache folle » (1996), affaire « de la viande de cheval » (2013).
[2] La francisation consiste à faire croire que les produits sont d’origine française.
[3] L’indication des pays d’élevage et d’abattage des viandes ovines, caprines, porcines et de volaille est obligatoire depuis le 1er avril 2015 (règlement européen n°1337/2013)
Cible
1 926 établissements contrôlés
Résultats
951 avertissements
214 suites administratives
164 procès-verbaux administratifs ou pénaux