Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

Charcuterie et plats cuisinés : quelques irrégularités mais peu de cheapflation

Afin de détecter des pratiques de cheapflation, consistant pour les professionnels à remplacer des ingrédients onéreux par d’autres moins chers dans certaines préparations sans l’indiquer sur l’étiquette du produit concerné, la DGCCRF a réalisé une enquête en 2023 dans le secteur de la charcuterie et des plats cuisinés. Les contrôles ont montré que le recours à cette pratique est peu répandu, même si d’autres manquements ont été constatés.

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Le contexte d’inflation des prix aurait pu inciter certains opérateurs du secteur de la charcuterie et des plats cuisinés à base de viande et/ou de poisson à reformuler la composition de leurs produits alimentaires en remplaçant un ou plusieurs ingrédients onéreux par d'autres moins coûteux et de moindre qualité, sans que ce changement n’apparaisse sur l’étiquetage du produit (« cheapflation »). L’enquête menée par la DGCCRF en 2023 n’a toutefois pas permis, sur la base des contrôles effectués, de démontrer un recours fréquent à cette pratique.

Les agents ont contrôlé la loyauté de l’étiquetage des produits en comparant la liste des ingrédients mentionnés sur l’étiquette des produits et les résultats de l’analyse de leur composition effectuée en laboratoire.

Le travail des enquêteurs a donc consisté à rechercher :

  • des cas de substitution d’une espèce animale par une autre moins coûteuse ;
  • des cas d’utilisation de matières premières animales de moins bonne qualité ou moins chères ;
  • des cas de réduction de la quantité de certains ingrédients ;
  • des mentions trompeuses mettant en avant une qualité particulière du produit tel que « fermier » alors que le produit ne l’est pas.

Sur les 651 produits contrôlés (pâtés et jambons cuits, plats cuisinés comportant au moins une portion d’ingrédient d’origine carnée ou de la mer tels que le hachis parmentier, les lasagnes, les tomates farcies ou les rillettes de saumon), dans 155 établissements, seuls 5 % ont présenté une anomalie pouvant relever de la cheapflation.

En effet, l’enquête a révélé qu’un certain nombre d’opérateurs ont mis en place d’autres stratégies pour faire face à la montée des prix : modifications de recette, arrêt de la production de certains produits, fabrication de nouveaux produits, recherche de nouveaux gains d’efficience (baisse de la consommation énergétique de l’usine de production, adaptation des campagnes marketing, etc.), renégociations auprès des fournisseurs, etc.

 

Un quart des établissements présentait au moins une anomalie… sans lien avec la cheapflation

L’enquête a révélé toutefois qu’un quart des établissements contrôlés présentaient un ou plusieurs manquements. Par exemple, les agents ont adressé un avertissement à un professionnel commercialisant des rillettes de saumon frais et fumé aux écorces de citron dont l’étiquette présentait un drapeau français qui prêtait à confusion alors que le saumon utilisé provenait de Norvège.

Au total, 63 produits ont été analysés dont 54 produits carnés. Un tiers des prélèvements n’étaient pas conformes.

Les principales anomalies constatées ont été :

  • la présence d’une espèce animale non annoncée sur l’étiquetage du produit ;
  • le défaut d’information ou une allégation erronée sur le produit (présence par exemple de rouge de betterave et nitrate, en dépit de l’allégation « sans conservateur ») ;
  • la présence d’un ingrédient non autorisé ;
  • l’absence de l’espèce annoncée.

     

La cheapflation : une pratique sanctionnée quand elle est avérée

La pratique de la cheapflation a cependant été constatée pour quelques produits. Ainsi, une injonction a été adressée à un professionnel pour un plat cuisiné annonçant une quantité de « langue de bœuf » supérieure à celle ayant été mesurée après analyse. Un professionnel ayant remplacé en partie la viande de porc par du gras de porc dans ses tomates farcies s’est vu adresser un avertissement. Enfin, un procès-verbal pénal pour pratique commerciale trompeuse ayant donné lieu à une transaction d’un montant de 30 000 € a été prononcé à l’encontre d’un opérateur qui avait diminué de 2 % la quantité de comté présente dans un feuilleté alors que l’étiquetage était resté inchangé.

Au total, ont été mis en œuvre à la suite de cette enquête :

  • 29 avertissements,
  • 10 injonctions (dans le cadre de ces injonctions, ont été relevés : 7 manquements aux règles d'étiquetage et 3 relevant de la cheapflation,
  • 2 procès-verbaux administratifs (pour commercialisation de merguez sans mention de la présence des espèces porc et poulet dans la dénomination de la denrée et dans la liste des ingrédients, et pour commercialisation d’un produit de charcuterie sans mention de la présence de viande de veau),
  • et 1 procès-verbal pénal pour pratique commerciale trompeuse (cf. supra : le feuilleté au comté).