Lettre de la DAJ - Rapport de la Cour des comptes sur la campagne de vaccination contre la Covid

Le rapport de la Cour des comptes du 14 décembre 2022 revient sur le contexte, l’organisation et les résultats de la campagne vaccinale contre la Covid-19, en relevant des résultats solides sur le schéma vaccinal initial à deux doses. Pour l’avenir, la Cour recommande de se tourner vers les plus vulnérables - personnes âgées ou souffrant de pathologies particulières - de maintenir un vivier de vaccinateurs et de valoriser l’expérience acquise par la Haute autorité de santé pour gérer les crises

Le rapport de la Cour des comptes du 14 décembre 2022 fait un bilan de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en identifiant ce qui a fonctionné (I) afin d’en tirer des leçons pour l’avenir et formuler une série de recommandations (II).

I - Bien que la campagne ait été entourée d’incertitudes multiples, la stratégie et l’organisation vaccinales se sont adaptées et selon la Cour, il s’agit là d’un succès majeur.

La campagne vaccinale contre la Covid-19 a commencé quelques mois après que la pandémie soit devenue mondiale. À son démarrage en décembre 2020, elle a d’abord été ciblée sur les groupes de population exposés, notamment les résidents en EHPAD, puis très vite élargie aux personnes âgées avant d’être progressivement ouverte jusqu’à l’été 2021 à l’ensemble des adolescents et adultes (de 12 ans et plus). Si la campagne vaccinale a initialement connu des difficultés de logistique et d’organisation, elle est ensuite rapidement montée en puissance en s’adaptant continument aux vagues épidémiques successives. 

Des freins techniques comme la chaîne du froid pour les vaccins à ARN messager ont empêché d’utiliser les canaux classiques de la vaccination en ville et ont donc conduit à la solution des centres de vaccination. La Cour reconnaît les résultats très positifs de cette campagne vaccinale, qui a atteint son objectif principal, avec toutefois des disparités. Début septembre 2022, près de 80 % de la population française avait reçu le schéma vaccinal initial à deux doses.

La Cour des comptes explique ce succès par la mise en place du pass sanitaire puis du pass vaccinal, qui ont permis une hausse de 13 points du taux de vaccination, en complément de la politique « d’aller-vers » les publics les plus éloignés, pour élargir le champ de la vaccination à des publics et des territoires moins bien couverts. Cette campagne doit aussi beaucoup à la mutualisation des achats de vaccins par l’Union européenne qui a prévenu des surenchères et évictions entre Etats-membres. 

L’autre point fort est la transparence et la disponibilité des données publiques de santé qui  ont permis un suivi en temps réel de la pandémie via des applications comme Covid Tracker. 

Le succès de cette campagne vaccinale a rencontré des limites : la population la plus âgée (80 ans et plus) est moins bien vaccinée que les autres majeurs ; des rappels vaccinaux ont été en nombre insuffisant et la vaccination est particulièrement faible dans certains départements et régions d’Outre-mer. 

Selon la Cour, le coût supporté par l’assurance maladie au titre de la vaccination en France est élevé en valeur absolue : 7,6 milliards d’euros cumulés entre 2020 et 2022.

II - L’ensemble de ces éléments a ainsi amené la Cour à formuler une série de recommandations. 

Tout d’abord, compte tenu de leur regroupement dans des lieux de vie collectifs et de leur vulnérabilité, les résidents en EHPAD doivent être un public prioritaire de toute campagne de vaccination. Les actions de prévention doivent être renforcées pour les patients qui souffrent de pathologies particulières. 

En outre, la gouvernance de gestion de crise pourrait être améliorée en prévision de nouvelles pandémies. Selon la Cour, il faut clarifier les procédures à même de permettre à la Haute autorité de santé d’exercer l’ensemble de ses missions de recommandations, de conseils et d’avis relatives à la vaccination dans des contextes de grande urgence en valorisant l’expérience acquise pendant la crise sanitaire. 

Il faut ensuite veiller à maintenir le vivier de vaccinateurs pour renforcer notre capacité d’anticipation. Les 128 000 professionnels de santé mobilisés dans les centres de vaccination constituent une réserve qui pourrait être à nouveau mobilisée dans le futur en cas d’urgence. 

Enfin, la démarche d’« aller-vers », qui a fait ses preuves, et la publication des données de vaccination anonymisées et adaptées à un usage simplifié, intuitif pour l’usager, pourraient être renforcées et améliorées pour diverses pathologies, au-delà de la gestion de la Covid. 

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