Lettre de la DAJ – Rapport annuel sur l’état de la France en 2023 du Conseil économique, social et environnemental

Le rapport annuel du Conseil économique, social et environnemental sur l’état de la France se veut un « rapport annuel de la société organisée » visant à « dresser un diagnostic de la situation économique, sociale et environnementale de la France ainsi que des Français et des Françaises à l’automne 2023, pour éclairer et influencer les politiques publiques ».

Le rapport annuel sur l’état de la France en 2023 du Conseil économique, social et environnemental (CESE), intitulé « Inégalités, pouvoir d’achat, éco-anxiété : agir sans attendre pour une transition juste », comporte un premier volet faisant état des résultats d’un sondage réalisé par le CESE et Ipsos. Le deuxième volet comprend des notes thématiques en prise avec l’actualité dont une relative à la capacité des entreprises à s’engager dans la transition environnementale et une autre sur le rôle du numérique dans le domaine de la santé. Le troisième volet se compose de courtes analyses d’indicateurs socio-économiques quantitatifs et qualitatifs des inégalités, de la pauvreté, de la santé et de l’environnement.

Sondage sur l’état de la France

L’un des enseignements du sondage réalisé par le CESE est que les Français vivent une période complexe qui les conduit à exprimer des doutes quant à leur avenir. Ils sont plus pessimistes sur l’avenir de la France (70 % contre 29 % d’optimistes et 1 % qui ne se prononce pas) ou de la planète et de la nature (74 %) que sur leur propre avenir (38 % de pessimistes, 61 % d’optimistes et 1 % ne se prononce pas). Le pessimisme des Français est davantage marqué auprès des personnes dont les principaux sujets de préoccupation sont l’accès aux services publics, l’avenir du système des retraites et le pouvoir d’achat.

Les personnes interrogées indiquent que leurs principaux sujets de préoccupation personnelle sont le pouvoir d’achat (40 %), devant leur santé et celle de leurs proches (37 %), l’environnement, les incivilités ou la délinquance (32 % respectivement). Toutefois, les sujets qui préoccupent le plus les Français, non pas personnellement mais pour la France, sont les incivilités et la délinquance, devant le pouvoir d’achat (38 % contre 34 %).

Les inégalités sociales sont également un sujet de préoccupation majeure ; entre 60 % et 67 % des répondants estiment qu’aujourd’hui, en France, les inégalités liées au lieu de résidence, à l’origine géographique, à la couleur de peau ou bien au genre sont importantes. Il est à noter que 42 % des Français sont d’accord avec l’idée selon laquelle le système éducatif français contribue à réduire les inégalités en France, soit un nombre peu élevé, voire même bas lorsqu’il est comparé à celui d’autres pays.

D’un point de vue général, 78 % des personnes interrogées ont déclaré avoir un niveau de bien-être personnel « satisfaisant ». Le niveau de satisfaction est plus élevé chez les retraités et les cadres. Les personnes insatisfaites de leur travail, les familles monoparentales et les personnes ayant des revenus nets mensuels inférieurs à 2 000 euros sont moins satisfaites de leur vie et vont moins bien. Dans les faits, si le pouvoir d’achat n’est que la 5ème dimension la plus essentielle au bien-être pour les Français, il est pourtant la première préoccupation personnelle des Français.

Engager les entreprises françaises dans une trajectoire de durabilité grâce à la réglementation extra-financière

LE CESE revient sur l’adoption en 2022 de la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD) ayant pour but principal de trouver des règles et outils communs aux Etats membres pour mesurer l’engagement des entreprises dans une trajectoire de durabilité. La directive CSRD introduit notamment une obligation de reporting et, pour la première fois, de vérification d’informations normées en matière de durabilité pour une grande partie des entreprises européennes. Le CESE, voit l’introduction de nouvelles normes d’information extra-financières comme une opportunité pour les entreprises de mieux prendre en compte la double matérialité de l’impact[1] de leurs activités sur la planète et des contraintes que le changement climatique fait peser sur leurs activités voire leur raison d’être, et de valoriser auprès des donneurs d’ordres européens leurs atouts en matière sociale et environnementale, vis-à-vis de concurrents extra-européens moins performants sur ces deux aspects. Pour lui, les entreprises devront toutefois être accompagnées pour s’engager pleinement dans une trajectoire de durabilité.

Le numérique en santé

Le CESE « identifie le numérique comme une piste pour améliorer la prise en charge des patients, en contribuant notamment partiellement au désengorgement des services d’urgence ou de médecine de ville, en facilitant la télémédecine ou en apportant une aide organisationnelle pour une partie des actes. » Il considère toutefois que la France doit se doter d’un numérique « incluant ». En effet, 17 % de la population française est concernée par l’illectronisme, principalement les personnes les plus âgées, celles habitant les zones les plus rurales et celles disposant des plus faibles revenus. Le numérique ne pourra pas résoudre, à lui seul, les inégalités d’accès à la santé.

[1] A savoir, d’une part, la matérialité financière qui s’intéresse à l’impact des faits sociaux, sociétaux et environnementaux sur la performance économique des entreprises et, d’autre part, la matérialité d’impact qui s’intéresse à l’impact des activités des entreprises sur l’environnement et la société.