L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, commun à l’Assemblée nationale et au Sénat, propose, dans une note de janvier 2023, des pistes de réflexion afin de faire face à l’explosion des données.
Dans une note scientifique de janvier 2023 (disponible sur les sites Internet de l’Assemblée nationale et du Sénat), l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, commun aux deux assemblées, appelle à faire face à l’explosion des données numériques notamment au travers de solutions technologiques mais aussi en changeant les habitudes en faveur de plus de sobriété dans leur utilisation.
L’explosion des données, dont l’impact environnemental et sociétal préoccupe, n’est pas un phénomène nouveau et d’autres contextes ont pu engendrer des angoisses aujourd’hui oubliées. Ainsi, de nos jours, elle a conduit beaucoup d’entreprises, même en dehors du numérique, à ajouter le traitement de données à leurs activités traditionnelles.
Le volume de données créées est passé – au niveau mondial – de 2 zettaoctets (2 trilliard d’octets) en 2010 à 18 zettaoctets en 2016, puis, selon les prévisions, à 64 zettaoctets en 2020 et 181 zettaoctets en 2025, posant notamment la question du stockage des données. Or, les capacités humaines et technologiques pour traiter et classer les données ont du mal à suivre un tel rythme, du fait de coûts très élevés et de la concentration des moyens autour d’un nombre limité d’acteurs.
L’impact environnemental des données croît de 6% par an : ils causent au moins 3,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie primaire en 2019. 44 % des Français considèrent les ordinateurs et Internet comme une menace pour l’environnement.
L’explosion des données, plus particulièrement le Big Data, accroît également les inégalités liées à la transformation numérique notamment en raison de la capacité inégale à s’approprier les technologies numériques qui varie en fonction du milieu social et du niveau d’éducation.
Par ailleurs, elle engendre une surcharge informationnelle ou infobésité - excès d’informations qu’une personne ne peut traiter ou supporter sans nuire à elle-même – mesurée selon trois paramètres :
- volumétrie d’information : trop d’informations à traiter par un individu ou une organisation dans un temps imparti ;
- surcharge cognitive : atteinte des limites des capacités cognitives des individus à traiter un volume d’information ;
- surcharge de communication : nouveaux moyens de communication électronique (courriels, forums de discussion en ligne, messageries instantanées…)
Cette infobésité entraîne de nombreuses conséquences, dont les principales sont :
- au plan individuel : stress, anxiété, dépression, réduction de la créativité, épuisement professionnel ;
- au niveau des organisations : baisse de productivité, saturation, désorganisation ;
- et sur le plan sociétal : gaspillage d’énergie, empreinte environnementale, et empreinte carbone en particulier, considérables.
Ainsi, pour prévenir et contenir l’explosion des données et la surcharge informationnelle, l’office parlementaire propose, par l’utilisation de nouvelles technologies, de sélectionner, éditer et partager les seuls contenus appropriés permettant de limiter le volume des données conservées et d’effacer progressivement certaines données.
Par ailleurs, l’office suggère, par le biais de formations, d’accompagner les Français, dont seulement 6% refusent les cookies sur Internet, à mieux en saisir les conséquences et à s’approprier la législation qui encadre les outils numériques. De même, il conviendrait de promouvoir la sobriété numérique et de développer l’hygiène numérique à l’échelle individuelle et au niveau des organisations notamment par le nettoyage régulier de ses données ou même par la déconnexion pure et simple.
Enfin, l’office appelle à un débat public sur le monopole exercé par les grandes entreprises du numérique et sur les algorithmes et les bulles de filtre (paramétrages conduisant à ne proposer que des résultats correspondant aux goûts connus d’un utilisateur). Cette ambition soulève l’hypothèse d’une possible gouvernance française et européenne des données.