Lettre de la DAJ – Entre 2015 et 2021, la croissance démographique est deux fois plus élevée dans l’espace urbain que dans le rural (étude INSEE)

Dans son étude, l’INSEE montre que la population française croît à un rythme ralenti du fait d’une baisse du solde naturel. Ce constat concerne presque toutes les régions et est plus prégnant dans l’espace rural que dans l’espace urbain.

Dans une note INSEE focus n°615 du 20 décembre dernier, l’INSEE dresse un constat des principales tendances démographiques en France entre 2015 et 2021 par rapport à la période 2010-2015.

Un ralentissement démographique lié à une baisse du solde naturel

Au 1er janvier 2021, plus de 67 400 000 personnes vivaient en France hors Mayotte. La croissance démographique moyenne est de 0,3 % par an depuis 2015, contre 0,5 % entre 2010 et 2015. Ce ralentissement s’explique par une moindre contribution du solde naturel[1] à la croissance démographique, passée de 0,4 % par an en moyenne entre 2010 et 2015 à 0,2 % par an entre 2015 et 2021.

Plusieurs facteurs expliquent la diminution du solde naturel. D’une part, le nombre de décès s’accroît, du fait de l’arrivée à des âges avancés des générations nombreuses du babyboom et, dans une moindre mesure, de l’épidémie de Covid19 sur la dernière année de la période. Dautre part, le nombre de naissances recule, avec la baisse de la fécondité et du nombre de femmes en âge de procréer.

Le rythme de la croissance démographique diminue entre 2015 et 2021 dans presque toutes les régions

Entre 2015 et 2021, le rythme de croissance de la population est le plus élevé en Guyane (+1,6 %), Corse (+1,0 %) et Occitanie (+0,7 %) mais la population baisse en Martinique (-0,9 %) et en Guadeloupe (-0,6 %), sous l’effet de soldes migratoires apparents[2] particulièrement négatifs. Ces derniers incluent les mouvements de population avec l’étranger et avec les autres régions françaises. La population est stable en Normandie, dans les HautsdeFrance et dans le Grand Est. Les hausses observées en Guyane (+1,6 %), à La Réunion (+0,4 %) et en ÎledeFrance (+0,3 %), résultent dune combinaison de deux phénomènes opposés : les soldes naturels y sont les plus élevés et les soldes migratoires apparents sensiblement négatifs.

La contribution du solde naturel à la croissance démographique baisse dans toutes les régions, à l’exception de la Guyane.

Entre 2015 et 2021, la population baisse à un rythme moyen d’au moins 0,2 % par an dans 23 départements. Le solde naturel est négatif dans la plupart de ces départements à l’exception de Paris, de la Guadeloupe, de la Marne, de la Martinique, du Territoire de Belfort, de la Somme et de l’Aisne. Pour l’essentiel, les départements qui perdent de la population sont localisés dans le quart NordEst, le Centre et le Massif central.

La croissance démographique est plus élevée dans l’espace urbain

Entre 2015 et 2021, la population augmente deux fois plus rapidement dans l’espace urbain que dans l’espace rural dans son ensemble (+0,4 % en moyenne par an, contre +0,2 %).

Au sein de l’urbain, la population croît au même rythme quelle que soit sa densité, mais les causes en sont différentes. Dans l’urbain densément peuplé, la croissance est soutenue par un solde naturel positif (+0,6 %) malgré un solde migratoire négatif (-0,2 %). À l‘inverse, l’évolution de la population dans l’urbain de densité intermédiaire est portée par un solde migratoire positif (+0,3 %). La moindre croissance de la population rurale s’explique par un solde naturel négatif malgré la contribution positive du solde migratoire apparent.

Entre 2015 et 2021, la croissance démographique est plus élevée dans l’espace urbain que dans l’espace rural, alors qu’elle était identique entre 2010 et 2015. La croissance de la population de l’espace urbain est toutefois un peu plus faible qu’au cours des cinq années précédentes. La baisse est plus marquée dans l’espace rural : le solde naturel est devenu négatif et le solde migratoire apparent a diminué. Dans le rural hors influence des pôles, le déficit des naissances sur les décès s’est particulièrement amplifié.


[1] « Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d'une période. On parle d’accroissement naturel ou d’excédent naturel lorsque le nombre de naissances est supérieur à celui des décès. » (INSEE)

[2] « Le solde migratoire apparent est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de la période considérée. » (INSEE)