Lettre de la DAJ – L’impact des politiques publiques sur le marché des véhicules électriques analysé par France Stratégie

La transition vers la voiture électrique est considérée comme l’un des leviers de la décarbonation des transports à l’horizon 2050 et bénéficie pour cela d’un soutien de l’État. France Stratégie s’est donc interrogée sur la mise en œuvre de ces politiques publiques et de leurs impacts sur le développement du marché des véhicules électriques en France.

Pour respecter les objectifs de réduction des émissions de CO², la France et l'Union européenne ont adopté des réglementations strictes, notamment l'interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035France Stratégie s’est donc interrogée sur les moyens dédiés au développement des véhicules électriques, leur efficacité et les défis restant à relever en la matière.

En France, la part de marché des véhicules électriques neufs s’élevait à 17% en 2023 contre 15% en moyenne dans les autres pays de l’Union Européenne. Cette augmentation est significative : en 2019, seuls 2% des véhicules vendus dans l’Hexagone étaient des véhicules électriques. Les politiques publiques ont joué un rôle important dans l’augmentation de la part de marché des véhicules électriques neufs.

Des subventions telles que la prime à la conversion (PAC) ou encore le système de bonus-malus expliqueraient selon France Stratégie « 40% de la progression de la part de marché des véhicules électriques entre 2019 et 2021 ». Ces aides ont cependant un coût pour les finances publiques estimé entre 600 et 800 euros par tonne de CO² évitée.

Les ménages sont les premiers acteurs de cette transformation : ils représentent moins de la moitié des ventes de véhicules neufs mais les deux tiers des ventes de véhicules électriques. En revanche, l’accès aux véhicules électriques pour les ménages les plus modestes demeure limité (15% à 20%) et ce, malgré les aides disponibles. Cela s’explique par l’investissement initial plus élevé que représente l’achat d’un véhicule électrique. En revanche, le leasing social mis en place le 1er janvier 2024 a été un succès auprès des ménages modestes, leur permettant d’accéder à la mobilité électrique sans apport initial. Le dispositif est qualifié de « voie à poursuivre » par France Stratégie.

Ainsi, bien que les politiques publiques aient favorisé la croissance du marché des véhicules électriques, des ajustements sont nécessaires pour garantir une transition équitable et efficace, notamment pour les ménages modestes. Ces derniers se tournent essentiellement vers le marché de l’occasion qui est pour l’instant limité. Pour France Stratégie, les entreprises doivent aussi contribuer à l’effort de décarbonation et l’électrification des flottes d’entreprises doit s’accélérer. De plus, un accompagnement spécifique doit être mis en place pour les ménages et les entreprises contraints par les zones à faibles émissions (ZFE).

Afin de rendre accessible la mobilité verte au plus grand nombre, l’un des défis à relever dans les prochaines années sera lié à l’accroissement de l’offre de véhicules électriques d’entrée de gamme produits en Europe. La mise en place du score environnemental en 2023 a déjà permis d’exclure du système d’aides des véhicules très attractifs en termes de prix mais dont le bénéfice environnemental apparaissait plus limité.