Les effets néfastes de la déflation

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La déflation procure aux ménages un gain de pouvoir d'achat, puisque les prix des biens et services s'orientent à la baisse. A priori, on pourrait penser que cela est bon pour la consommation et donc pour l'activité économique et la croissance. Or, il n'en est rien, bien au contraire.

La déflation provoque en effet des réactions attentistes de la part des agents économiques qui se révèlent particulièrement néfastes pour l'économie.

Les réactions des agents économiques

  • D'une part, la baisse régulière des prix incite les ménages à reporter leurs décisions d'achats dans l'attente de nouvelles chutes de prix. Ce comportement conduit à baisser la consommation globale et à gonfler les stocks des entreprises qui n'arrivent plus à écouler leurs productions. En réaction, celles-ci réduisent leur production et leurs investissements. Les salaires baissent, les embauches se raréfient et le chômage progresse, ce qui finit par affecter le revenu des ménages. Il s'ensuit une nouvelle baisse de la consommation qui génère la formation d'un cercle vicieux car auto-entretenu. La Grèce connait ainsi une période prolongée de déflation depuis mars 2013.
  • D'autre part, la déflation provoque une dégradation de la situation financière des particuliers et institutionnels qui ont recours à l'emprunt. En effet, le coût réel de la dette (c'est à dire une fois l'inflation prise en compte) augmente avec la baisse de l'indice général des prix car les remboursements des emprunts ne sont généralement pas indexés sur l'inflation. Il en résulte une moindre capacité à investir pour les entreprises et une moindre capacité à consommer pour les ménages endettés, ce qui renforce le cercle vicieux précédemment décrit.

Une spirale néfaste

La déflation est donc un piège en ce sens où elle génère une spirale néfaste à l'économie toute entière. Elle est en outre très difficile à combattre par les autorités monétaires car elle se nourrit des anticipations auto-réalisatrices des agents économiques : tant que ceux-ci pensent que le phénomène de baisse des prix généralisée va se poursuivre, ils adopteront toujours le même comportement attentiste qui est à l'origine de l'apparition de la déflation.

Le Japon a ainsi connu une phase prolongée de déflation depuis la fin des années 1990 que la politique monétaire n'a pas réussi à combattre efficacement. Les autorités monétaires japonaises ont en effet réagi trop tardivement alors que la déflation était déjà présente, si bien que ni les baisses de taux d'intérêt ni les politiques d'injection de liquidités dans le système financier n'ont réussi à endiguer la spirale de baisse des prix.

Tout l'enjeu pour les autorités monétaires est donc d'agir préventivement afin d'éviter que l'économie ne tombe dans la déflation.

A savoir

La déflation "sectorielle"

Lorsque les progrès techniques sur un secteur particulier entrainent des gains de productivité ou une baisse des coûts, la baisse des prix qui en résulte est bénéfique. Cela conduit à renforcer la demande pour ces produits et à en démocratiser l'usage. Les exemples les plus récents sont la téléphonie mobile ou encore les ordinateurs portables, dont le prix a presque été divisé par dix depuis le début des années 1990. On parle alors de "déflation sectorielle". Mais tant que cette baisse reste contenue à quelques produits, sans qu'elle concerne l'indice général des prix, il ne s'agit pas de déflation à proprement parler.

 

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