Pouvoir d'achat, le sommaire
Le terme de pouvoir d’achat est rassurant par son évidence même : chacun sait ce qu’est son pouvoir d’achat et observe son évolution. En réalité, dès qu’on cherche à mesurer une évolution de ce pouvoir d’achat, non plus pour des individus, mais pour des groupes, les choses deviennent beaucoup plus complexes. L’Insee en France a longtemps hésité entre quatre définitions de l’évolution du pouvoir d’achat.
Comment définir l'évolution du pouvoir d'achat
- Une première définition porte sur l’évolution du revenu (hors inflation) du « secteur » des ménages de la comptabilité nationale : cette mesure concrètement ne signifie pas grand-chose : la croissance de ce revenu peut en effet être tout simplement due à la croissance de la population ;
- Une deuxième mesure concerne la croissance de ce revenu « réel » par tête : c’est déjà un peu mieux puisque la croissance de la population est ainsi neutralisée. Mais ce n’est pas encore satisfaisant : si beaucoup d’individus vivent seuls, beaucoup d’autres vivent au sein de foyers comportant plusieurs membres. Or, ces regroupements sont à l’origine d’économies dans les dépenses : il est moins coûteux de vivre à quatre dans un même logement que séparément dans quatre logements différents ;
- Pour tenir compte de la taille des ménages et des économies auxquelles donnent lieu ces regroupements, les statisticiens utilisent la notion « d'unité de consommation », échelle dans laquelle le nombre d’unités de consommation croit moins vite que le nombre d’individus dans le ménage. On est ainsi amené à calculer une évolution du pouvoir d’achat par unité de consommation ;
- Cependant, on peut faire observer qu’on reste là dans le domaine des biens marchands. Le « niveau de vie » des particuliers - une notion plus large que celle de pouvoir d’achat – dépend certes des consommations achetées sur les marchés, mais aussi des consommations non marchandes mises gratuitement à la disposition des ménages par la puissance publique comme l’éducation ou la santé. Ces consommations viennent accroître le revenu des ménages : les statisticiens calculent alors un revenu « ajusté ». On calcule donc l’évolution (hors inflation) du revenu « ajusté » des ménages par unité de consommation qui est la bonne référence en matière d’évolution du niveau de vie.
L'évolution du pouvoir d'achat depuis 1974
Dans le tableau ci-dessous, on constatera qu’il ne faut évidemment pas confondre les quatre types de mesure qui viennent d’être évoquées. En particulier, si l’évolution du niveau de vie des Français a crû, au cours des 32 ans de la période de référence, plus vite que leur pouvoir d’achat, c’est que la croissance des services gratuits (éducation, santé) mis à leur disposition par les pouvoirs publics y a été spécialement forte. Nous entrons malheureusement maintenant dans une période où l’évolution de ces services ne suffira pas à compenser la baisse du pouvoir d’achat. Une baisse qui ne pourra être combattue que par la reprise de la croissance des revenus d’activité et donc, entre autres, par la baisse du taux de chômage.
Evolution annuelle moyenne de quatre mesures différentes du pouvoir d’achat, en % (1974-2006) :
Les quatre définitions |
L'évolution annuelle (en %) |
Pouvoir d’achat du « secteur » ménages | 2,1 |
Pouvoir d’achat des ménages par tête | 1,6 |
Pouvoir d'achat des ménages par unité de consommation | 1,3 |
Niveau de vie (revenu « ajusté ») par unité de consommation | 1,9 |
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