La stratégie nationale « Batteries » : un axe clé de France 2030 sur les mobilités durables

La France se dote d’une méga-usine de fabrication de batteries électriques. Installée entre Douvrin et Billy-Berclau, cette usine marque une étape décisive dans la stratégie automobile française, axée sur une transition rapide vers les véhicules électriques.

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Le fait est marquant, car inédit : plusieurs pays européens ont décidé d’unir leurs forces pour soutenir la création d’une filière européenne de batteries électriques. Inaugurée en France, le mardi 30 mai 2023 dans le Pas-de-Calais, l’usine d’Automotive Cells Company (ACC), une coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes-Benz, est la première méga-usine de batteries lithium-ion pour véhicules électriques en France.

Elle s’inscrit à la fois dans le plan de réindustrialisation de la France, une des priorités de la politique économique du Gouvernement, et, à plus grande échelle, dans la stratégie de construction d’une véritable politique industrielle pour le continent européen, capable de rivaliser avec celle de la Chine et des États-Unis. L’objectif étant de réconcilier souveraineté européenne et souveraineté française, prospérité et climat, héritage industriel et innovation d’avenir.

Un triple enjeu environnemental, économique et industriel

La demande de batteries augmente rapidement et devrait être multipliée par 14 d'ici à 2030, principalement sous l'impulsion de l’électrification des transports.

Compte-tenu du caractère stratégique du secteur des batteries et de son poids économique, l’émergence d’une offre industrielle française et européenne est un chantier prioritaire du Gouvernement. Une telle offre nationale compétitive revêt en effet un triple enjeu environnemental, économique et industriel :

  • un enjeu environnemental, pour réduire les émissions de CO₂ des transports, conformément à la règlementation européenne et à l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050, fixé par les Accords de Paris de 2015 et visé par la Stratégie Nationale Bas Carbone,
  • un enjeu économique pour la filière automobile, alors que la batterie représente environ 35 % de la valeur ajoutée d’un véhicule électrique,
  • enfin, un enjeu de souveraineté industrielle puisqu’à ce jour près de 70 % des capacités de production mondiale de batteries de véhicules électriques sont localisées en Chine.

Un développement rapide des méga-usines sur le territoire français

À partir de 2017, la France a soutenu, dès son émergence, l’Alliance européenne des batteries, initiative de la Commission pour créer une filière franco-allemande des batteries intégrant à terme l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries. 

Dès 2018, elle a lancé un premier Plan Batteries pour accélérer l’émergence d’une filière de production de batteries en France. Il visait à implanter, à court terme, des méga-usines sur le territoire, puis à favoriser la compétitivité de ces usines, notamment en maintenant l’effort de R&D.

En 2021, la Stratégie nationale sur les batteries a pris sa suite, intégrée aux objectifs de France 2030, pour poursuivre et amplifier les actions du premier Plan Batteries.

Aujourd’hui, la production de l’usine de batteries ACC participera de manière décisive à l’objectif fixé par France 2030 de deux millions de véhicules électriques produits en France, en permettant d’équiper ces véhicules avec des batteries françaises.

100 à 120 GWh

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120
GWh

Capacité de production de batteries et 10 000 emplois directs créés par ces gigafactories d’ici 2030,

plus de 903 M€ d’aides

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903
Millions

Aides de la France dans le cadre de deux projets d'intérêt européen commun (PIIEC) sur les batteries

38 projets

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38

Projets liés aux batteries ont été soutenus via les dispositifs France 2030, représentant 233 M€ d’aides et générant 1,1 Md€ d’investissements* (*hors PIIEC batteries)

Assurer l’approvisionnement de cette méga-usine est dorénavant prioritaire pour garantir l’autonomie stratégique de la France et pour atteindre la neutralité climatique.

Afin de poursuivre les efforts dans la constitution d’une offre nationale complète, les objectifs se portent donc désormais sur l’émergence de projets couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries :

  • extraction, raffinage, transformation des matières premières critiques, fabrication des matériaux et composants de batteries, machines et procédés de production innovants,
  • collecte, réemploi reconditionnement, recyclage, réincorporation des matières. Il importe également de consolider la capacité de la filière française à se positionner sur les prochaines générations de batteries (tout solide, et nouvelles chimies alternatives au lithium-ion).

Ces projet servent ainsi au développement de nouvelle générations de batteries, plus performantes, plus sûres, à moindre coût et à durée de vie plus longue que celles commercialisées actuellement, et mettent l’Union européenne au niveau de la Chine et des États-Unis, en termes d’investissements annuels dans cette chaîne de valeur.

Un soutien important à la recherche et à l’innovation

France 2030 compte sur la recherche amont pour le développement de cette nouvelle filière. À cet effet, le « Programme et Equipements Prioritaires de Recherche » (PEPR) dédié aux batteries, piloté par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), a vocation à accompagner les filières industrielles par des innovations technologiques transférables aux acteurs économiques, à court-moyen terme. Il posera également les bases pour les évolutions du domaine à plus long terme.

Au-delà du nécessaire changement d’échelle de la production industrielle, les défis à relever pour que la mobilité électrique soit économiquement viable, maîtrisée et durable sont essentiellement de nature technologique. Ils vont de la conception d’alternatives écoresponsables aux systèmes Li-ion, aujourd’hui incontournables, jusqu’aux technologies de recyclage des batteries afin de récupérer électrodes, matières actives et composants, et minimiser ainsi la consommation de ressources primaires.

Mais si la mobilité électrique est la première application visée, les filières de l’aéronautique, le spatial, le stockage stationnaire et l’internet des objets sont aussi concernés.