Une dizaine de séances des Midi-Histoire de Bercy sont programmées en 2022.
À partir du mois de septembre, les séances reprennent en présentiel au Centre d’activités sportives et culturelles (CASC), 139, rue de Bercy 75012 Paris, de 12h30 à 14 h..
Consultez le programme des séances à venir et inscrivez-vous (gratuit mais obligatoire). Vous pourrez retrouver un enregistrement audio ou vidéo quelques semaines après chaque séance.
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Planning des séances
Jeudi 15 décembre : L'invention du restaurant
Par Antoine de BAECQUE, professeur à l'École normale supérieure, directeur du Laboratoire SACRe PSL en recherche-création.
Regardez la conférence (durée :1:26:02)
Notre gastronomie est née à la fin du XVIIIe siècle. En quelques décennies, elle a conquis le monde. Grâce à l’invention du restaurant à l’automne 1765, puis à son formidable essor à la Révolution et au XIXe siècle, plus personne n’ignore désormais que le Français aime manger, qu’il mange bien et qu’il sait en parler. C’est ce moment historique qu'il s'agit d'éclairer, lorsque la cuisine est devenue un trait spécifique de la culture française.
©Editions Payot
Mardi 15 novembre : Frauder au Moyen Âge : une question de taille
Par Anne LEMONDE, maître de conférences en histoire médiévale à l'Université Pierre Mendès France-Grenoble 2 et Florent GARNIER, professeur des Universités, directeur du Centre Toulousain d'Histoire du Droit et des Idées Politiques.
Regardez la conférence (durée 01:16:42)
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Assimilée à la traîtrise, la fraude est considérée comme un crime extrêmement grave au Moyen Âge et c’est pourquoi Dante vouent ceux qui s’en seraient rendus coupables au 7e cercle de son enfer. Pourtant, en un paradoxe étonnant, la fraude fiscale paraît avoir été couramment pratiquée et plutôt légèrement sanctionnée à cette époque. Cela tient sans doute au fait que l’impôt peine à se légitimer complètement alors même que l’État qui se modernise a besoin de ressources financières toujours plus importantes. Au-delà du jeu de mot sur le nom-même de l’impôt direct, la taille, cette conférence s’intéressera à diverses questions : la légitimation de l’impôt et les oppositions qu’il suscite ; les pratiques et les techniques utilisées par les fraudeurs ; la connaissance et la sanction de tels agissements par les pouvoirs bénéficiaires du prélèvement fiscal.
S. Botticelli (fin XVe s.). 7e cercle de l'Enfer. Détail de la carte de l'Enfer illustrant la Divine Comédie de Dante, Bibliothèque apostolique vaticane, Berlin, Ms.Ham.201 et Reg.Lat.1896.
Mercredi 12 octobre : Le moment RCB ou le rêve d’un gouvernement rationnel (1962 - 1978). La Rationalisation des choix budgétaires, une réforme budgétaire en perspective historique
Par Florence DESCAMPS, maître de conférences HDR à l'École pratique des Hautes études (EPHE-PSL) et Philippe BEZES, directeur de recherche au CNRS, Centre d'études européennes (UMR 8239), Sciences Po
Regardez la conférence (durée 01:37:06)
Voir le support de la conférence (PDF - 1 Mo)
Lancée en France en 1968, la rationalisation des choix budgétaires, dite RCB, constitue une séquence importante des politiques de réforme de l’État et des réformes budgétaires sous la Ve République. Elle introduit à la fois, dans la gestion des finances publiques et de l’État, des savoirs micro-économiques (les études coûts-efficacité), l’idéal d’un cycle administrativo-budgétaire rationnel, la mise en place de programmes, de budgets de programmes et d’indicateurs et des savoirs et instruments de management.
À bien des égards, la filiation entre la RCB et la LOLF a pu être discutée. La présentation reviendra sur le processus de réforme et ses luttes de pouvoir (la construction fragile de coalitions au sein de l’appareil d’État impliquant le ministère de l’Économie et des Finances, le Premier ministre, les ministères sectoriels ou le Plan) mais aussi sur les grands enjeux de l’institutionnalisation de la réforme dans l’administration française. Elle insistera notamment sur les problèmes massifs de formation des agents publics, sur les appropriations variées dont la RCB a fait l’objet dans les différents ministères et sur ses effets comme la diffusion du management dans l’État. Elle réinscrira la RCB dans le temps long des réformes budgétaires et insistera sur la comparaison entre RCB et LOLF.
Mardi 13 septembre : Le pouvoir d'achat en question. L'exemple de la France depuis les années 1950
Par Michel-Pierre Chelini, professeur d’histoire économique contemporaine à l'université d’Artois, Arras.
Voir le support de présentation (PDF 1,5 Mo)
Écouter la conférence (durée 1:29:47 - mp3)
Le pouvoir d’achat désigne généralement pour un ménage la quantité de biens ou de services qu'il lui est possible d'acheter avec un montant d'argent donné. Ce dernier fait l’objet de plaintes récurrentes sur son insuffisance ou sur les menaces dont il ferait l’objet. Les pouvoirs publics mettent en route de manière chronique des dispositions pour soutenir ou encourager le pouvoir d’achat.
Dans les faits, il augmente : en France, il est multiplié par 5 depuis les années 1960. Ce n’est pas l’impression de l’opinion. Pourquoi ? Dans le détail de chaque année, la progression est très correcte en comparaison internationale, mais par rapport au niveau de vie moyen de la population, apparaît modeste, de l’ordre de 2,8% par an et semble en recul, passant de 5,3% entre 1960 et 1978, à 2% entre 1978 et 2008 et enfin à 0,9% depuis 2008.
Il faut considérer plusieurs choses : à côté du pouvoir d’achat direct et monétaire, figurent de nombreuses prestations à faible coût (éducation, santé) et des éléments de condition du niveau de vie très importants comme la sécurité publique ou l’état de droit. Les moyennes cachent des trajectoires individuelles très diverses. Les ménages modestes sont plus sensibles aux ralentissements de pouvoir d’achat que les autres. Enfin la « mémoire » des ménages est inégalement rationnelle, peut se fixer sur des dépenses exceptionnelles ou sur les impôts et oriente son regard vers ce dont disposent les ménages plus aisés que plus modestes.
Comment faut-il comprendre cela ? Qu’est-ce qui compose le « pouvoir d’achat » ?
Peut-on l’améliorer significativement, qui et à quelles conditions ? Les entreprises, les pouvoirs publics, les syndicats, les ménages eux-mêmes ?
Juin : L'invention du tourisme moderne (1750-1920)
Par Sylvain Venayre, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Grenoble-Alpes
Regardez la conférence (durée : 01:32:23)
Qu’est-ce qui a bien pu pousser les élites sociales d’Europe occidentale à inventer, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, le tourisme moderne ?
Comment celui-ci est-il progressivement devenu une industrie ? Quelles ont été ses conséquences, non seulement sur les voyageurs, mais aussi sur les sociétés visitées ?
De la pratique du « Grand Tour » à la création de l’Office National du Tourisme français en passant par l’invention des stations (thermales, balnéaires, hivernales, d’altitude), penchons-nous sur la révolution profonde que fut, au XIXe siècle, l’institutionnalisation du voyage d’agrément.
Illustration : Thomas Cook Archive
Mai : D'un siècle l'autre : conditions d'existence, de persistance et de résistance de l'automobile de France
Par Mathieu Flonneau, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, SIRICE-CRHI, Directeur IAES-EDS
Regardez la conférence (durée 01:19)
Par-delà une présentation historique classique il s'agit dans cette conférence de s'interroger aujourd'hui sur la nature de "l'automobile de France" telle qu'elle a été identifiée aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale et telle qu’elle persiste dans une période de gros temps économique et géopolitique en 2022.
Pays pionner dans ce secteur industriel d'élite, puis de large diffusion, l'hexagone, avec ses marques repères vit à l'heure actuelle de nombreux bouleversements dont la chronique médiatique se fait largement l'écho. Les questions de la subsistance industrielle et de l'utilité sociale et patrimoniale de ce secteur d'excellence se trouvant posées, il conviendra de réfléchir aux portées réelles des mutations en cours liées aux transitions environnementale et mobilitaire dans le vaste champ de l'automobilisme contemporain et du nouveau régime routier. Mis à mal par une historiographie contemporaine militante productrice d’un récit partiel approximativement reconstruit fondé sur des sciences sociales souvent oublieuses de leur qualité de sciences humaines, l’esprit d’empathie routière qui a présidé au développement de l’auto – « bien plus que l’auto » !… - ressort on l’espère de ce propos largement illustré.
Illustrations extraites de l'ouvrage de Mathieu Flonneau, L'automobile au temps des Trente Glorieuses, Éditions Loubatières, 2016
Dernière publication : En tous sens ! Une histoire des équipements de la route, Éditions Loubatières, 2022
Avril 2022 : Révolution politique et réformes économiques (1789-1799)
Par Anne Conchon, professeure d’histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheuse à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine, et Virginie Martin, maître de conférences en histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine
Regardez la conférence (durée : 01:13:00)
L’impact de la décennie révolutionnaire dans l’avènement d’un système de production et d’échange de type capitaliste a eu beau être amplement débattu, les questions économiques et financières sont restées singulièrement peu étudiées depuis les années 1980.
Cette conférence vise à saisir les dynamiques induites par la Révolution ou impulsées sous la Révolution, du point de vue des régimes de propriétés, des mondes du travail, de l’industrie et du négoce, ou encore des circulations monétaires. D’amplitudes variables sur le plan spatial, temporel et sectoriel, ces dynamiques ne dépendent pas seulement de la capacité des autorités politiques à modeler un cadre légal conforme aux attentes et aux besoins des acteurs économiques, dans un contexte fortement marqué par la guerre et l’inflation ; elles résultent aussi des stratégies individuelles et collectives pour contourner ou infléchir ces normes, s’accommoder de ces contraintes, ou exploiter des opportunités nouvelles.
Crédits : ©BnF, département des Estampes et de la photographie
Mars 2022 : Molière et l'argent
Par Georges Forestier, professeur émérite à Sorbonne Université (histoire du théâtre français)
Regardez la conférence (durée : 01:23:22)
Issu d’une riche famille de commerçants et destiné à franchir un échelon de plus dans l’échelle sociale, Molière a tout quitté pour devenir acteur. Il a investi une partie de l’héritage maternel dans une première troupe qui fait faillite, connaît l’aisance ensuite durant les années de comédien itinérant dans le sud de la France, la richesse ensuite lorsque, revenu à Paris, ses succès d’acteur comique et d’auteur en font une star, un protégé de Louis XIV, puis un entrepreneur de spectacles.
Dans ses comédies, que seuls les gens aisés ont les moyens d’aller applaudir, l’argent est partout, il sert à tout et on s’en moque constamment. Les jeunes gens désargentés ont besoin de l’argent des vieillards avares, qu’ils obtiennent grâce à des valets rusés, les aristocrates dispendieux empruntent des sommes toujours plus grandes à de riches commerçants, des imposteurs cherchent à s’emparer des héritages…
Et hormis « le pauvre » qui demande l’aumône dans Don Juan, il n’y a pas de pauvre…
Illustration : Claude Simonin "Le vray portrait de Mr de Molière en habit de Sganarelle" © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz, Paris, Bibliothèque nationale de France (BnF)
Février 2022 : Face au Covid : l’Union Européenne à un tournant historique
Par Sylvain Kahn, docteur en géographie et professeur agrégé d'histoire à Sciences Po
Regardez la conférence (durée : 01:20:44)
L'histoire de la construction européenne est réputée être une succession de crises et de relances. La séquence pandémique conforte-t-elle cet adage historique ? Très probablement ! Plus encore : elle fait prendre à l'UE un tournant historique.
Crédits : ©Kenzo Tribouillard / AFP
Janvier 2022 : La longue trace de la Première Guerre Mondiale, dans l’économie et la société européennes d’aujourd’hui
Par Patrick Fridenson, Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et Pierre-Cyrille Hautcoeur , Directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), professeur à l’école d’économie de Paris
Regardez la conférence (durée : 50:34)
La mondialisation économique et financière actuelle est souvent comparée à celle qui se développe au XIXe siècle et culmine en 1914 ; les inégalités retrouvent, dans nombre de pays, leur niveau record de la veille de la Grande Guerre, de même que l’indépendance des banques centrales ou le libéralisme. La Première Guerre mondiale n’a-t-elle donc ouvert qu’une parenthèse dont les effets ont été depuis effacés, et les économies et sociétés européennes sont-elles revenues à un état « naturel » perturbé par des guerres mondiales « accidents » dramatiques du XXe siècle ? Quelles sont ses traces dans l’économie et la société dans lesquelles nous vivons actuellement en Europe ? Quelles institutions sont apparues alors qui jouent encore un rôle important ?
Cette conférence nous permettra de découvrir les grandes lignes de tension économiques, sociales et politiques qui se nouent et se renouent depuis la Grande Guerre, pour comprendre ainsi un peu mieux notre temps.
Crédits : Bursting Shell,1915 Nevinson, Christopher Richard Wynne ©Tate, Londres 2018
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