Le microcrédit, développé depuis plus de 50 ans au Bangladesh à l’initiative du professeur Muhammad Yunus, est devenu - dans les pays développés - un outil d’accompagnement des personnes en difficulté. Même si l’objectif reste le même, dans les faits, la France propose, depuis la fin des années 80, des programmes de microcrédit différents.
Qu’est-ce que le microcrédit ?
Selon le rapport annuel de l’observatoire de la microfinance, « le microcrédit est avant tout un outil de développement économique et social, en permettant aux personnes de faibles ressources porteurs d’un projet personnel, de bénéficier de prêts que leur refuse le système bancaire traditionnel ».
Le microcrédit est né dans les pays émergents. Et c’est là qu’il y est le plus répandu. Au niveau mondial, et plus particulièrement dans les pays en développement, 128,2 millions de personnes, essentiellement des femmes, bénéficiaient d’un microcrédit, en 2009. Ces programmes ont permis à environ 650 millions de personnes de voir leur niveau de vie s’améliorer (chiffres donnés par la campagne du sommet du microcrédit, rapport 2011).
Le microcrédit personnel
Le microcrédit personnel permet à toute personne exclue des crédits bancaires classiques d’obtenir un crédit pour financer un projet personnel. Il s’agit bien d’un crédit, avec un taux d’intérêt. L’une des conditions d’octroi est même que la personne soit en mesure de le rembourser. Essentiellement, ces crédits portent sur des projets ayant pour but ultime la réinsertion professionnelle (achat d’un véhicule permettant de se rendre à son travail par exemple). En 2011, l’encours total était de 46 millions d’euros avec un montant moyen de 2 000 euros par personne (données Banque de France, rapport sur la microfinance 2011).
Ces crédits sont compris entre 300 euros et 3 000 euros, ils ont un taux d’intérêt fixe et la durée maximale de 3 ans. La personne est accompagnée dans la gestion de son budget. Ces crédits (80 % des microcrédits) peuvent bénéficier de la garantie apportée par l’Etat dans le cadre du fonds de cohésion sociale.
Ce sont les régions de l’Ouest de la France (Pays de la Loire, Poitou Charentes, Aquitaine et Bretagne) qui concentrent le plus de personnes bénéficiaires.
Le montant moyen par prêt confirme sa baisse pour la troisième année consécutive, passant de 2277 € en 2008 à 2264 € en 2009 puis 2237 € en 2010 avec une durée moyenne s'élevant à 30,41 mois.
Le microcrédit professionnel
C’est un prêt qui permet de financer la création, le rachat ou la consolidation d’une entreprise artisanale ou commerciale. Ce programme permet à son dirigeant de créer ou de conforter son propre emploi. Certains microcrédits professionnels bénéficient de la garantie apportée par le Fonds de cohésion sociale.
En 2011, tous microcrédits professionnel confondus, 125 000 programmes étaient proposés soit 600 millions d’euros (Données banque de France, rapport sur la microfinance 2011)
Les acteurs du microcrédit
Les réseaux bancaires agréés
Un certain nombre d’établissements bancaires sont agréés par le Fonds de Cohésion Sociale pour participer au dispositif de microcrédit. Ces établissements étudient le dossier transmis par le réseau accompagnant et prennent la décision d’octroi ou de refus du prêt demandé selon la situation personnelle du demandeur. En cas d’octroi, ils font signer le contrat de prêt au bénéficiaire et le suivent pendant toute la durée du prêt.
A savoir :
L’association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) à été fondée en décembre 1988 pour aider les personnes en difficulté à créer leur propre emploi. Elle finance et accompagne des entreprises créées par des chômeurs et des allocataires du RSA. Elle offre des possibilités de financement, mais aussi un accompagnement personnalisé.
Le Fonds de cohésion sociale
Le Fonds de cohésion sociale (FCS) a été créé à l’initiative de l’Etat (loi du 18 janvier 2005). Sa gestion est confiée à la Caisse des dépôts et Consignations. Le FCS, dote un certain nombre de fonds de garantie gérés par France Active, France active garantie et aussi le Secours catholique. Ce dispositif permet de garantir des prêts bancaires accordés dans le cadre du microcrédit, ce qui constitue une sécurité pour les banques. En complément, une procédure d’accompagnement des demandeurs de microcrédit est mise en place, c’est le dispositif NACRE.
En 2011, 96,7 millions d’euros débloqués par le FCS ont permis de garantir plus de 200 millions de prêts pour des projets professionnels accordés par des banques. (données Banque de France, rapport sur le microcrédit 2011).
Comme le FCS, la banque OSEO gère plusieurs fonds abondés par l’Etat et garantit des microcrédits professionnels.
Les réseaux accompagnants
En partenariat avec la Caisse des dépôts et consignations, ils font un travail de financement des projets et d’accompagnement. Sont référencés : France Active, France Initiative, Restaurants du cœur, Secours Catholique…
Internet et le microcrédit solidaire
Depuis 2010, la loi du 21 janvier 2010 permet à tout particulier de faire un don par internet en faveur d’un projet de microcrédit. Babyloan, en France, est la première plateforme de micro-prêts solidaires. En 2011, Babyloan a financé 3521 projets, dans le monde, pour un montant total de l’ordre de 1,5 millions d’euros.
En savoir plus
- Le rapport sur la microfinance de la Banque de France [PDF - 1 Mo]
- Etat de la campagne du sommet du microcrédit rapport 2011
- Microcrédit en France
- Le prêt solidaire en ligne de personne à personne avec babyloan.org
Les réseaux accompagnants :
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