Le recours au cloud (« l’informatique dans les nuages ») est devenu incontournable et concerne tous les secteurs d'activité. En pleine expansion, le marché du stockage des données est dominé par des prestataires étrangers et soumet ses utilisateurs à différentes menaces. Face à ce constat, le Gouvernement développe une stratégie cloud en trois axes pour accroître le niveau de sécurité, la qualité des services et son indépendance technologique.
Sommaire
Dans un environnement de plus en plus numérique, dans lequel les données des entreprises, des administrations et des français sont stockées sur internet via le cloud (« nuage » en français), se pose la question de leur protection. Le cloud est aussi un enjeu économique majeur dans un marché dominé par des fournisseurs étrangers. Le Gouvernement se lance dans une opération de reconquête reposant sur trois piliers.
[VIDEO] La stratégie cloud du Gouvernement
Le cloud : définition
Le cloud peut être défini comme un ensemble de systèmes en ligne qui permet de stocker des données sur des ordinateurs distants (appelés serveurs) et qui ne sont accessibles que sur internet.
Développer un label « cloud de confiance »
Protéger les données des entreprises, des administrations et des citoyens sans affaiblir la qualité du service. C’est l’objectif principal de la stratégie cloud , qui vise à écarter les failles techniques et juridiques induites par l’extraterritorialité des grands fournisseurs du marché qui ne sont pas soumis aux réglementations françaises. Pour maintenir leur prestation en France, ces entités devront donc se conformer aux exigences du visa de sécurité SecNumCloud de l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) :
- respecter un référentiel technique édicté par l’agence nationale de la sécurité des systèmes d'information,
- localiser leurs infrastructures en Europe,
- faciliter les échanges avec les prestataires cloud européens.
À propos de l’accompagnement à la qualification SecNumCloud
Le dispositif d’accompagnement à la qualification SecNumCloud a été lancé en décembre 2022 afin de soutenir la montée en maturité cyber des PME et startups, éditrices de logiciels Software-as-a-Service (« SaaS ») ou Platform-as-a-Service (« PaaS »), tout en facilitant leur accès au visa de sécurité SecNumCloud.
La première relève de février 2023 a suscité un fort engouement, avec 21 projets retenus sur plus d’une quarantaine de candidatures. Devant ce succès, qui dépasse le budget initial de 3,5 millions d’euros, le Gouvernement a décidé d’allouer un nouveau budget de 3,5 millions d’euros pour la seconde relève, qui se clôture le 19 juillet 2023.
Les fournisseurs seront aussi incités à intégrer le dispositif Gaïa-x, destiné à garantir et faciliter les changements de fournisseurs et la portabilité des données.
À propos du projet GAIA-X
GAIA-X est un projet de développement d'une infrastructure de données efficace, compétitive, sécurisée et fiable pour l'Union européenne. Il s'agit d'une initiative franco-allemande soutenue initialement par 22 entreprises de divers secteurs économiques (énergie, mobilité, santé, finances, agriculture, éducation...) Grâce à cette initiative, les entreprises européennes pourront comparer et construire des solutions cloud en gardant le contrôle de leurs données. Le changement de fournisseur sera également facilité.
Accélérer la transformation numérique de l'État
Conscient des opportunités techniques offertes par le cloud, l’État a décidé de le placer au cœur de sa stratégie d’amélioration du service publique. Avec la doctrine « cloud au centre », les ministères et organismes placés sous leur tutelle hébergeront leurs services numériques sur le cloud interne de l’État ou chez un fournisseur répondant au label « cloud de confiance ».
Focus sur la circulaire du 5 juillet 2021
Cette orientation stratégique est destinée à renforcer la protection des données sensibles des citoyens et des entreprises françaises tout en optimisant la qualité des démarches des usagers en ligne.
L’État met ainsi à la disposition des acteurs publics deux offres de services cloud :
Cloud « interne »
Des offres souveraines de cloud maîtrisées par l’État, pour accueillir données, traitements et applications sensibles, mais accessibles aux services de l’État uniquement.
Cloud « commercial »
Des offres de cloud gérées par des fournisseurs privés du marché, accessibles à l’ensemble des acteurs publics :
- cloud commercial de confiance : conformes à la qualification ANSSI SecNumCloud et protégé de toute réglementation extraterritoriale. Elles sont exigées pour héberger et traiter des données sensibles ou des applications critiques.
- cloud commercial générique : donne accès aux offres grand public et aux dernières innovations des leaders mondiaux de services cloud. Elles sont adaptées à l’hébergement de données non sensibles et aux services non essentiels au fonctionnement des administrations.
Soutenir et développer les projets technologiques français
Afin d’affaiblir la dépendance au cloud étranger, dominé par les géants du marché, l’État, dans le cadre du 4e programme d’investissements d’avenir 2021-2025 a décidé de soutenir des projets industriels de développement de technologies françaises.
Construit avec la filière, le plan économique est doté de 1,8 milliard d'euros, dont 667 millions d'euros de financement public, 680 millions d'euros de cofinancements privés et 444 millions d'euros de financements européens.
Cette stratégie mise sur l’innovation et les atouts des acteurs français du cloud en :
- soutenant l’essor des offres françaises innovantes, y compris provenant du logiciel libre,
- accélérant le passage à l’échelle des acteurs français sur les technologies critiques très demandées, telles que le big data (« données massives ») ou le travail collaboratif,
- intensifiant le développement de technologies de rupture à horizon 2025, telles que l’edge computing (« informatique en périphérie de réseau »), afin de positionner la filière européenne en futur champion.
Plusieurs projets de recherche et développement, représentant 421 millions d'euros de financements publics, ont déjà été sélectionnés. La quasi-totalité des financements seront dirigés vers des PME, start-ups, et instituts de recherche, des projets open source (c'est-à-dire collaboratifs, auxquels chacun peut contribuer) ou des projets de relocalisation d’activités industrielles en France.
La recherche autour des technologies de rupture (consommation d’énergie, développement de nouvelles architectures, cybersécurité, intelligence artificielle…) sera également soutenue. Tout comme le volet formation, qui est un enjeu majeur pour répondre au besoin de personnel qualifié des fournisseurs de services cloud ou pour faciliter l’adoption du cloud chez les utilisateurs.
Emplois filière
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C’est le nombre d’emplois que devrait créer la filière cloud en Europe d’ici à 2027
Presse
- Dossier de presse - Le Gouvernement annonce sa stratégie nationale pour le cloud - [PDF - 1,7 Mo]
- Communiqué - Stratégie d’innovation mobilisant pour soutenir la filière cloud
Aller plus loin
Marché du cloud en Europe
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C’est le poids du marché du cloud en Europe en 2020. Il devrait atteindre 300 à 500 milliards en 2027-2030