3 questions à Jean Bensaïd

3 questions à Jean Bensaïd

1/ Qu’est-ce qui a motivé la direction du Trésor représentant la France et plus particulièrement Fin Infra à être moteur dans la création de FAST-Infra Group ?

 

En 2019, le Sommet One Planet a pris de nouveaux engagements sur le climat, les océans et la biodiversité, afin de placer l'environnement au plus haut niveau de l'agenda international. La France souhaitait démontrer qu’il est possible de rediriger les flux d'investissement vers des projets durables. Par quel moyen ? en mettant en place des outils pour faciliter le financement des investissements qui respectent des standards de qualité en termes d’émissions de carbone, d’impact sur la biodiversité, de résilience, d’inclusion sociale. C’est ainsi que FAST-Infra a été lancée sous les auspices du One Planet Summit avec pour principal objet l’établissement d’un label à portée internationale pour les projets d’infrastructures durables, conforme aux « Principes du G20 pour les investissements dans les infrastructures de qualité ». Le service Fin Infra de la Direction générale du Trésor est chargé par le One Planet Lab de représenter le gouvernement français dans la mise en œuvre du projet. La DG Trésor y contribue aux côtés de nombreux autres acteurs ; FIG s’appuie sur un réseau de professionnels du secteur privé reconnus car, pour se diffuser, l’initiative doit répondre aux attentes du marché.

 

 

2/ Quels sont les principaux enjeux tant financiers qu'écologiques dans le domaine des infrastructures au niveau international ?

 

Je crois que ces enjeux ont été très bien présentés à l’occasion du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Ce Sommet a posé les bases d’un système financier international renouvelé, créant les conditions d’un choc de financement pour qu’aucun pays n’ait à choisir entre la réduction de la pauvreté, la lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de la biodiversité. Il est nécessaire de concrétiser les engagements déjà pris en matière de solidarité internationale et de développement, de mobiliser davantage de ressources concessionnelles publiques et de les utiliser de manière plus efficace, mais aussi d’inciter les acteurs privés à contribuer à l’effort. Car les Etats ne peuvent pas tout, les ressources publiques sont limitées et les défis inédits auxquels nous faisons face nécessitent de changer d’échelle « from billions to trillions ». Et il est donc essentiel d’attirer davantage de capitaux privés afin de combler le déficit en matière d'infrastructures qui est un obstacle majeur pour l’atteinte des objectifs de développement durable. 

 

3/ Au-delà du Label, quelles sont les actions prioritaires que FAST-Infra Group doit mener selon vous ?

 

Comme l’acronyme « FAST » l’indique, ce qui est primordial aujourd’hui c’est d’accélérer les flux de capitaux privés vers les infrastructures. Dans cet objectif, FAST-Infra Group peut embarquer de nouvelles solutions et constituer une boîte à outils facilitant les investissements privés dans les infrastructures. D’ores et déjà, FAST-Infra Platform est en développement ; il s’agit d’une plateforme collaborative qui connecte les parties prenantes, facilite le flux de données et permet des contrats transparents et standardisés afin de mobiliser les investissements privés à grande échelle. Et au-delà, FAST-Infra Beyond est prévu comme une suite d’outils de financement innovants (garanties, structure de syndication, financement…) pour favoriser un marché liquide et profond pour le financement et le refinancement de projets et d'actifs d'infrastructures durables. Si l’on reconnait les infrastructures comme une classe d’actifs à part entière, alors il faut des outils adaptés. Cela ouvre des perspectives considérables car le besoin est là et il est urgent d’y répondre.