
Rapport à Monsieur le Vice-président du Conseil général de l'économie.
La « Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) » fixe les orientations sectorielles de décarbonation de l’industrie suivantes: -33% de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 2015 et 2030, et ‑81% entre 2015 et 2050. Si atteindre ces objectifs est un nouveau défi pour l’industrie manufacturière française, cette décarbonation peut aussi être considérée à la fois comme un effort et une opportunité pour la moderniser.
Pour respecter les orientations sectorielles 2030 de la SNBC, les leviers proposés par les filières industrielles les plus émettrices de GES (chimie, ciment, métallurgie, agroalimentaire) font appel à des technologies matures aux coûts maîtrisés. Cependant, la disponibilité des ressources en amont peut limiter le déploiement de certaines de ces voies. Pour atteindre les orientations sectorielles 2050 de la SNBC, plus ambitieuses, ces filières envisagent la mise en œuvre de technologies moins matures qui font aujourd’hui l’objet de recherche, de pilotes et de démonstrateurs. C’est le cas de l’hydrogène, et du captage-stockage-utilisation du CO2. Pour développer ces technologies, des mécanismes financiers de soutien public doivent être envisagés.
L’hydrogène bas carbone devrait se développer à l’horizon 2050 dans l’industrie chimique, et dans l’industrie sidérurgique[1]. Si l’industrie chimique française n’utilisait que de l’hydrogène bas carbone et si les 10 Mt/an d’acier brut français produits par la filière fonte étaient produits avec de l’hydrogène bas carbone, il faudrait augmenter la production actuelle d’électricité française d’environ 15%.
Les technologies de captage et de stockage de CO2 doivent être améliorées pour en réduire le coût (entre 50 et 200 € /tonne de CO2). Les capacités de stockage en Europe sont encore très insuffisantes, quelques millions de tonnes de CO2 par an. Pour favoriser cette voie, où la France dispose de solides atouts, des sites de stockage doivent être recherchés pour limiter le coût de transport du CO2 ; comme pour l’hydrogène, des mécanismes financiers de soutien public doivent être envisagés, notamment pour des projets de R&D et à des démonstrateurs.
Par ailleurs, le soutien aux projets de production d’énergie à partir du bois pour l’industrie nécessite également une action des pouvoirs publics sur l’offre de bois énergie en France.
Le potentiel de décarbonation de l’industrie par électrification est de l’ordre de 41 TWh d’énergie finale, et ne consommerait qu’environ 5% de la consommation électrique française, en raison du bon rendement permis par l’électricité. Le rythme actuel d’électrification des process industriels pourrait être accéléré grâce à des aides financières et à une garantie d’accès à des prix garantis d’une électricité décarbonée sur de très longues durées.
Ce rapport propose de prioriser les financements publics suivant des critères d’efficience, de mettre en place des dispositifs d’aides pour accélérer les projets industriels, d’accroître la robustesse des analyses des cycles de vie, notamment en vue de la mise en place d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, de mettre à jour une feuille de route de logistique et de stockage de l’hydrogène et de réaliser une feuille de route analogue pour le CO2, de développer le recours à des produits décarbonés (acier, ciment…) dans la commande publique, et enfin, d’assurer un suivi des actions ADEME et Bpifrance en matière de décarbonation des entreprises.
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Auteurs :
- Richard LAVERGNE - (CGE).
- Benoit LEGAIT - (CGE).
- Emmanuel CLAUSE (CGE).
- Edouard DE ROCCA - (CGE).
- Vincent CHRIQUI - (ACHC).