L’économie de marché

Paradoxe : l’économie de marché est aujourd’hui sans concurrence ! Après un long combat, elle a gagné par KO contre le collectivisme et le dirigisme. Même les rares pays qui se réclament encore du communisme, notamment la Chine, sont convertis.

Son principe ? Il est simple, mais a fait ses preuves sous toutes les latitudes : la concurrence permet de produire au moindre coût pour vendre au meilleur prix et satisfaire une part croissante des désirs humains. Le marché est aujourd’hui une réalité universelle : partout, les hommes produisent, échangent, achètent ou vendent en surveillant sur leur marché leurs concurrents pour ne pas perdre leurs clients.

Malgré bien des aléas, l’histoire économique apparait ainsi comme celle de la diffusion progressive des mécanismes de marché à l’ensemble de l’économie mondiale. Sur ce marché planétaire, les capitaux, les biens et services, et, désormais, les salariés sont en situation de concurrence globale. C’est ce progrès qui a permis à un nombre croissant d’êtres humains de bénéficier à leur tour des avantages de la croissance économique.

Un modèle universel

Ce succès de l’économie de marché est souvent mal ressenti par l’opinion. Il incite les entreprises à délocaliser leurs productions afin de tirer avantage des moindres salaires pratiqués dans les économies émergentes. La mise en concurrence des industries avec de nouveaux producteurs lointains réduit la capacité de contrôle des autorités nationales. Elle leur impose de déréglementer pour rétablir une plus grande flexibilité. Les réformes sont la seule voie pour résister à cette nouvelle concurrence dans un cadre d’ouverture des échanges. Ces réformes imposent certains sacrifices, mais la contrepartie est la baisse des prix de maints produits manufacturés, désormais fabriqués là où ils sont moins chers. Tout le monde en profite : le consommateur occidental (qui dispose ainsi davantage de ressources pour faire autre chose, par exemple voyager) et les salariés des pays émergents qui peuvent enfin sortir de l’extrême pauvreté qui était leur sort quotidien. Modèle unique et universel, l’économie de marché condamnerait-elle, au nom du libre échange et de la libre-concurrence, les États à l’impuissance ? Pas nécessairement car cette concurrence a, entre autres paradoxes, besoin de règles pour se développer. Sans institutions politiques, sans la régulation de l’État, l’économie de marché risquerait de s’autodétruire selon un schéma bien connu des économistes. L’absence de contrôles engendrerait la généralisation d’oligopoles qui dicteraient leurs propres lois à leurs concurrents qui disparaitraient progressivement et avec eux l’économie de marché…

Les États-Unis, puis les Européens, l’ont bien compris en promulguant des « lois anti-trust » permettant d’éviter les concentrations d’entreprises jugées abusives car mettant en danger l’économie de marché.

Cependant il faut se garder de pousser cette logique de régulation trop loin, même dans le domaine des pratiques de la concurrence. Si l’économie de marché a besoin de règles pour fonctionner efficacement, ces règles sont d’abord celles du Droit – c’est à dire le respect de notions aussi basiques que l’interdiction de voler, de mentir, d’user de la contrainte pour forcer le consentement d’autrui. Par dessus tout, l’économie de marché repose sur le respect des droits de propriété, une notion indispensable pour assurer la stabilité institutionnelle dont les agents ont besoin pour librement procéder à leurs échanges.

C’est pourquoi il faut rester très prudent dans l’usage du pouvoir de faire et de modifier la loi à des fins réglementaires. L’excès de réglementations, l’overdose réglementaire, peut être aussi nocif que l’absence totale de régulation. C’est une des leçons qu’il est notamment permis de tirer de la récente crise financière. L’économie de marché ne peut apporter tous les bénéfices que les économistes décrivent que si le pouvoir réglementaire de l’État, sa capacité d’exiger des acteurs qu’ils obéissent à un nombre croissant de normes imposées par lui, reste cantonné dans des limites raisonnables. L’abus du pouvoir réglementaire peut tuer l’économie de marché.

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