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Bruno Lasserre,
Président de l’Autorité de la
concurrence
Dans un contexte de ressources contraintes et
d’efforts de consolidation budgétaire qui rendent malaisé le
maniement de la dépense publique comme outil de relance économique,
la politique de concurrence – à travers l’accompagnement de
l’intervention publique par l’audit concurrentiel des normes
existantes et la formulation de recommandations pour susciter des
réformes pro-concurrentielles – a cet avantage indéniable qu’elle
ne coûte rien.
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Surtout, œuvrer
à la préservation ainsi qu’à la stimulation de la concurrence
participe d’une politique économique de long terme qui crée les
conditions d’une croissance durable en agissant tant du côté de
l’offre que de la demande. En effet, si la concurrence pousse les
entreprises à donner le meilleur d’elles-mêmes en améliorant leur
compétitivité, en diversifiant leur offre, en se différenciant par
la qualité ou en innovant, la concurrence soutient également la
demande en suscitant des besoins nouveaux ou en permettant à une
demande non servie d’accéder à des services considérées
jusqu’alors comme inaccessibles. A cet égard, la concurrence est le
contraire d’un jeu à somme nulle, le gâteau que se partagent les
acteurs ayant vocation à croître par ce qu’on appelle l’effet
d’induction.
Deux exemples récents de recommandations
émises par l’Autorité de la concurrence et figurant dans le projet
de loi pour la croissance et l’activité viennent illustrer mon
propos.
A la suite d’une enquête sectorielle conclue
en février 2014, l’Autorité de la concurrence a préconisé
l’ouverture du marché du transport par autocars sur longue
distance, restreint actuellement à des hypothèses de cabotage
international. En permettant à de nouveaux publics, notamment les
jeunes, les seniors et les personnes à forte contrainte de revenus,
d’effectuer des trajets longs sur le territoire national, tout en
favorisant, par des prix plus bas, un report des dépenses vers
l’hôtellerie et la restauration, comme ce fût le cas avec le
développement du low cost aérien, la demande globale sera dynamisée.
Il s’agit également d’une opportunité de développement pour les
entreprises françaises, qui sont particulièrement bien placées pour
tirer profit de ce
dynamisme.
Publié le 13 janvier dernier, l’avis de
l’Autorité de la concurrence sur certaines professions juridiques
réglementées, à travers ses 80 recommandations, reflète tout autant la
nature duale de notre démarche : au service des clients lorsqu’elles
aboutissent à plafonner, sur des bases objectives, la rente des
professions concernées, nos propositions jettent également les bases
de leur modernisation et de leur renouvellement
démographique.
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