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La France commémore en 2024 et 2025 le 80e anniversaire des débarquements, de la Libération et de la Victoire. Ce programme commémoratif, mis en œuvre par les pouvoirs publics sous l’égide du Président de la République, constituera un temps fort pour l’ensemble de la Nation. De mai à juillet prochain, le Service des archives économiques et financières s’associe à cette démarche et vous propose une série de Documents du mois exceptionnels. Ce mois-ci, à travers un document de la Direction du personnel et des services généraux, nous nous intéressons à l'histoire de la France libre.
Le 24 septembre 1941 le Comité national français est créé à Londres, avec pour objectifs de défendre les intérêts de la France auprès des Alliés et d’administrer les territoires d’outre-mer ralliés à la France libre. Il est remplacé le 3 juin 1943 à Alger par le Comité français de libération nationale (CFLN) en vue de « diriger l’effort français dans la guerre sous toutes ses formes ». Le CFLN prépare alors la participation des armées françaises aux combats de la Libération et l’installation d’une administration provisoire issue de la Résistance. Assisté d’une Assemblée consultative formée de représentants désignés par tous les mouvements et partis de la Résistance, il prend en mai 1944 le nom de Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Le SAEF conserve les dossiers des personnels qui ont exercé des fonctions tant à Londres qu’à Alger pour ces deux comités. Parmi eux on retrouve de nombreuses femmes dans des emplois variés : réceptionnistes, secrétaires, sténodactylos, téléphonistes, expéditionnaires, conductrices, comptables, assistantes sociales, rédactrices, traductrices, cheffes de section…
Gaby Barthélémy est l’une d’entre-elles et son dossier nous apprend qu’elle est née en 1916 à Folkestone en Angleterre, de parents franco-belges. Avant la guerre elle a travaillé à Bruxelles avec son père qui y possédait une usine chimique de gravure sur métaux. Elle rejoint l’Angleterre en mai 1940 depuis Ostende, en compagnie de ses parents, dans un groupe de réfugiés belges, néerlandais et anglais.
En novembre 1941, elle commence à travailler en tant que secrétaire auprès du service de comptabilité à Westminster House, où sont installées les Forces navales françaises libres. Elle occupera par la suite des postes de secrétaire comptable auprès de la direction de la marine marchande du Commissariat national à l’économie en août 1942, de réceptionniste au Secrétariat général à la coordination en novembre 1942, et enfin d’expéditionnaire dactylo à la Caisse centrale en avril 1943.
Elle fait l’objet d’une enquête du service de sécurité en mai 1942, en raison de ses relations avec plusieurs employés du « Code-Room » de l’ambassade américaine à Londres. Ceux-ci s’avérant être des amis du fiancé de Gaby Barthélémy, Robert Woodhouse, reparti aux États-Unis quelques mois plus tôt pour raisons de santé, les soupçons sont rapidement levés.
Ce que les archives ne révèlent pas en revanche, ce sont les raisons qui lui font abandonner son projet de rejoindre son fiancé alors qu’elle s’était renseignée sur la marche à suivre pour obtenir un visa. Le dernier document présent est en effet une lettre datée du 23 mars 1944 dans laquelle elle présente sa démission de la Caisse de la délégation du Comité français de libération nationale, étant dans l’obligation d’aller rejoindre son mari, et qu’elle signe « G. Barthélémy épouse D. Feldman »…