Le document du mois de janvier 2024

Comptes de la Maison de la reine-mère Catherine de Médicis, 3 mai 1583
SAEF, collection musée des finances

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Une reine qui compte.

En raison de l’histoire politique française parfois mouvementée (voir le document du mois de juin 2021 qui relate les événements de la Commune en 1871), les ministères économiques et financiers ne détiennent qu’un nombre limité d’archives antérieures à la fin du XIXe siècle. Les comptes de la Maison du Roi (administration domestique regroupant l’ensemble des serviteurs attachés à la personne royale dans sa vie quotidienne), et en l’occurrence de la reine-mère Catherine de Médicis et de Louise de Lorraine, épouse d’Henri III, pour la journée du 3 mai 1583 présentés ici font donc partie des documents les plus anciens conservés par le SAEF.

Fille de Laurent II de Médicis, duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne, Catherine de Médicis naît et grandit à Florence, en Italie. Par son mariage en 1533 avec le futur Henri II, elle devient reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth d'Espagne et Marguerite (épouse du futur Henri IV, surnommée la « reine Margot ») et de Claude, duchesse de Lorraine et de Bar, elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563, et conserve un large pouvoir d’influence auprès de ses fils jusqu’à sa mort en 1589.

Dans ce document rare (ces comptes quotidiens des dépenses royales ayant eux aussi en partie disparu dans l’incendie de la Cour des comptes lors de la Commune de Paris en 1871) on trouve le détail des diverses dépenses essentiellement liées à la nourriture : panneterie (boulangerie), échansonnerie (vins), cuisine (viandes et chandelles), verdurier (légumes verts), pâtisserie, fruiterie. Les gages des principaux membres de la maison (maître d’hôtel, premier médecin, trésoriers, contrôleurs et clercs, lavandières…) rassemblés sous le titre général de « fourrière », qui désigne l’ensemble des services, y sont également décomptés.

La liste de ces dépenses rappelle la tradition populaire qui veut que Catherine de Médicis soit venue d'Italie accompagnée de cuisiniers et qu'elle ait transformé la cuisine française en ajoutant de nombreuses nouveautés à nos traditions culinaires. Elle aurait ainsi introduit, entre autres, en France le sabayon, les macarons, la pâte à choux, la frangipane, les glaces, la sauce béchamel, les artichauts et même l’usage de la fourchette. Cependant, même si l’idée que des chefs italiens aient traversé les Alpes et influencé la gastronomie française au XVIe siècle demeure vivace encore aujourd’hui, aucune source historique ne semble corroborer cette thèse persistante.

Transcription :

« Mardy IIIe jour de may mil VC quatre-vingtz et trois [1583], la Royne mere du Roy et Madame la princesse de Lorraine à Paris

Panneterie

Au boullanger pour 51 livres 10 deniers pain…………………………………………………………….20 livres 12 sols

Eschansonnerie

A Denis Mallo 2 potz vin blanc bouche…………………………………………………………………………………….20 sols

A luy 2 potz vin rouge bouche………………………………………………………………………………………………….20 sols

Etc. »

 

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