Le document du mois de février 2024

Costume de représentant du peuple au Conseil des Cinq-Cents
SAEF, ROSAN 4°30

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L’habit fait-il le moine ?

Lors de la Révolution, le Conseil des Cinq-Cents est l'une des deux assemblées législatives françaises du Directoire, avec le Conseil des Anciens. À la fin de la Terreur il est institué par la Constitution de l'an III, adoptée par la Convention thermidorienne le 22 août 1795, et il entre en vigueur le 23 septembre suivant. La Constitution de l'an III met en place un pouvoir législatif bicaméral, qui comprend :  le Conseil des Cinq-Cents, chambre basse ou assemblée législative de première instance  ; le Conseil des Anciens, chambre haute, qui examine les textes de lois en seconde lecture.

Toutefois, le 3 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention nationale se réunit une dernière fois avant de se séparer et vote une ultime loi : les membres du conseil des Cinq-Cents doivent revêtir une « robe longue et blanche, une ceinture bleue, un manteau écarlate, le tout en laine et une toque de velours bleue ».

Ce modèle de costume décrété par la Convention ne plaisait pas aux Membres du Conseil des Cinq-Cents qui ne vota pas tout de suite cette loi et une Commission spéciale étudia la question en janvier 1797. La longueur des délibérations a conduit à la mise en place d’une commission des Inspecteurs le 9 septembre 1797. Elle proposa d’adopter un nouveau costume qui devrait consister en une robe longue, une toge, et une toque, un habit en partie sacerdotal et en partie oriental. Cette proposition qui s’éloignait beaucoup des habitudes françaises n’a pas été retenue. Finalement le 25 septembre 1797, la proposition d’une Commission spéciale a été votée presqu’à l’unanimité mais la décision ne faisant toujours pas consensus, le Conseil des Cinq-Cents a décrété l’urgence et, le 19 novembre 1797, a pris la résolution suivante :

« Le costume des Représentants du Peuple est réglé ainsi qu’il suit : Habit français, couleur bleu national, croisé et dépassant le genou ; Ceinture de soie tricolore, avec des franges d’or ; Manteau écarlate à la grecque, orné de broderies en laine ; Bonnet de velours, portant une aigrette tricolore. »

Le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799) allait mettre fin à l’existence de ce Conseil et le costume ne sera plus usité.

Ce sujet sensible est lié à une autre revendication des Cinq-Cents, l’octroi d’un local pour remplacer celui, incommode, dans lequel il était établi. Il en allait de la dignité de ces représentants nouvellement élus. Le sujet n’était pas aussi futile qu’il y paraît… Et il est récurrent.                                                                                           

Le bureau de l’Assemblée nationale vient de voter une modification du règlement concernant la tenue des députés. Depuis 2022, le port de la veste est désormais obligatoire pour les hommes et celui de la cravate recommandé. La tenue dans « le périmètre sacré » doit rester « convenable et non détendue, ni a fortiori négligée ». On se souvient qu’une autre tenue est devenue interdite aux députés en 2018 : la robe de prêtre, tout signe religieux ostensible étant désormais prohibé. L’abbé Grégoire siégeait en soutane pendant la Révolution, tout comme le chanoine Kir (à qui l’on doit la célèbre boisson) jusqu’en 1967 ou l’Abbé Pierre, qui fut député de 1946 à 1951. Les slogans de nature politique et les messages ou logos commerciaux sont également bannis de la tenue vestimentaire des députés.

Vous retrouverez une passionnante histoire des Costumes, Insignes, Cartes et Médailles des Députés 1789-1898 par Edmond Launay à la bibliothèque historique du SAEF.

 

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