« Aux arbres citoyens » de Matta
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Matta avait envisagé à l’origine de peindre une fresque colorée sur le thème de la bataille de Gargantua, dans la guerre picrocholine, telle qu’elle apparaît dans l’œuvre de François Rabelais. Mais l’œuvre finale est différente.
Alimentée par un imaginaire débridé, avec une écriture plastique virtuose et dans une féérie colorée, elle présente un côté fantastique. En réalité, cette peinture décrit des scènes de violences, de meurtres, d’oppressions : l’homme semble dispersé, continuellement encerclé par le monde. Inspirée par un instinct de mort, cette peinture vise à faire partager au spectateur l’angoisse devant une réalité pessimiste.
Si le thème de la guerre et de la violence a toujours inspiré les artistes, cette œuvre de Matta rappelle le style des peintures du peintre flamand, souvent malicieux, Jérôme Bosch (1450-1516) : « La charrette de foin », « La tentation de Saint Antoine », « Les sept péchés capitaux », « Le jardin des délices »… Même abondance de personnages souvent minuscules, bousculés, mi-hommes mi-oiseaux, de petits détails parfois atroces ou macabres qui proviennent d’un imaginaire libéré, même sens du mouvement.
« Fluctuations » de Pierre Alechinsky
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Le motif central fait allusion à la Roue de la Fortune. Symbole de la destinée humaine, en haut de la roue, siègent les rois et les puissants du jour. En bas, les mendiants sont précipités dans le vide. Entre, ceux à qui le destin est favorable s’élèvent peu à peu, tandis que de l’autre côté tombent les malchanceux en disgrâce. Cette image figure très souvent dans les enluminures des manuscrits. Elle fait allusion aux vicissitudes de la vie et aux échecs qui suivent parfois les grands succès.
Ce tableau présente des estampes d’objets empruntés au mobilier urbain : cercles formés par des grilles qui entourent les arbres de la cité, plaques d’égout avec leurs reliefs décoratifs, l’art anonyme des fondeurs de Pont-à-Mousson.
Ce grand mural est entouré, selon la spécialité d’Alechinsky, d’une bordure colorée.
Autre roue vitale, un cours d’échange imaginaire : l’étalon inexistant des valeurs vu au fil des sept jours de la semaine, parmi les hausses et les baisses.
La monnaie est représentée dans ses errances hebdomadaires, par frottage (selon la méthode de Max Ernst), par estampage de réelles plaques d’égout urbain. L’artiste pose une feuille sur la plaque de fonte à reproduire, puis frotte avec un pinceau humecté d’encre de Chine.
« Pactole » de Paul Rebeyrolle
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Le tableau « Pactole » (terre, plâtre, sable et crin) illustre l’histoire de Midas, « le roi aux oreilles d’âne ».
Midas, roi de Phrygie, immensément riche, prit soin un jour de Silène, un compagnon du dieu Dyonisos.
Dyonisos reconnaissant, accorda au roi la réalisation d’un vœu. Midas demanda que tout ce qu’il touche devienne de l’or. Et tout ce qu’il prit devint de l’or : les mets qu’il mangeait, le vin qu’il buvait… Un véritable cauchemar. Compatissant, Dyonisos lui accorda la faveur de se tremper dans les eaux du Pactole pour effacer les méfaits de son vœu inconséquent. Depuis, la légende veut que le fleuve charrie des pépites d’or.
Quelque temps après, lors d’un concours de musique, Midas préféra la chanson de Pan au chant d’Apollon. Vexé, Apollon, s’approcha du roi et lui tira les oreilles. Celles-ci devinrent semblables à celles d’un âne. Midas tenta de les cacher, mais ses cheveux poussèrent tellement qu’ils ne pouvaient plus dissimuler ses oreilles. Alors, il appela son barbier et lui révéla sa malchance. « Nous sommes maintenant deux à être au courant. Si tu apprends cela à quiconque, tu le paieras de ta vie ».
Mais le secret, trop lourd, pesait au barbier. Celui-ci creusa un trou et murmura : « Le roi Midas a des oreilles d’âne ». Il reboucha l’orifice, croyant avoir à jamais enterré son secret.
En moins d’un an, un rideau de roseaux avait poussé à l’endroit où était enterré le secret, et lorsque le vent soufflait, ces roseaux chantonnaient : « Le roi Midas a des oreilles d’âne ». Tous apprirent le malheur du roi. Honteux, Midas tua son barbier et s’empoisonna en buvant du sang de taureau.
Paul Rebeyrolle a utilisé différents matériaux, tels le plâtre, le crin de cheval, la terre et le sable, dans la réalisation de ce tableau.
« Palmes » de Gérard Titus-Carmel
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« Palmes » fait partie d’une série qui était déjà en cours quand elle a été choisie pour le ministère.
« Je l’ai pensée comme une grande peinture, je n’ai pas pensé ministère des finances. Je suis allé là-bas, j’ai vu sa place exacte, l’espace, la lumière à quelle hauteur où elle allait être, je me suis pénétré du lieu et c’est entré dans l’architecture de la toile naturellement ».
« Palmes » est une œuvre qui suscite de très nombreuses interrogations. Certains sont sensibles à la profusion et à la luxuriance des couleurs chatoyantes (le jaune d’or, le vert, le rouge carmin) ; d’autres remarquent l’abondance des formes dont certaines évoquent les voûtes et les croisées d’ogives d’une église romane : d’autres encore voient un vocabulaire mathématicien de l’algèbre et de la géométrie avec l’X central, imposant et dominateur accompagné d’un triangle rectangle en haut, à droite, qui tous les deux, font contraste avec les autres lignes plus douces.
L’ensemble de cette œuvre reflète aussi la rigueur, l’esprit de méthode, la clarté d’exposition ainsi qu’une certaine austérité environnementale, un certain mystère.
Sous couvert d’une abstraction séduisante, quelques formes semblent suggérer une présence végétale, voire humaine. Il peut s’agir de feuilles, grossièrement nervurées, ou d’une série de palmes.