Métiers de la main, métiers de demain : une nouvelle stratégie nationale en faveur des métiers d’art

Céramistes, tailleurs de pierre, diamantaires, charpentiers ou ébénistes … les métiers d’art sont des métiers d’excellence et de savoir-faire. À l’heure où l’intelligence artificielle progresse, il est nécessaire de préserver ces savoir-faire précieux et de les promouvoir. Pour ce faire, une stratégie nationale sur trois ans a été lancée en faveur du secteur de l’artisanat d’art. Les détails de ce plan.

© Gouvernement

Porté conjointement par le ministère en charge de la culture et le ministère en charge de l’économie, l’objectif de ce plan est de renforcer le soutien des pouvoirs publics du secteur à travers des mesures concrètes pour répondre aux attentes exprimées par ses acteurs, autour de cinq grands axes : jeunesse, formation, territoires, innovation et international.

Découvrir en vidéo différents métiers d'art

Objectif : restructurer la filière des métiers d’art d’ici 2025

Le plan en faveur des métiers d'art s’appuie sur les manufactures nationales ainsi que plusieurs organismes associés pour sa mise en œuvre : l’Institut National des Métiers d’Art, les Chambres des métiers et de l’artisanat, Bpifrance, Business France, la Fondation du Patrimoine, L'Association Nationale des Entreprises du Patrimoines Vivant (ANEPV), L’Institut Français ou encore la Banque des Territoires. Il a vocation à créer des synergies nouvelles entre acteurs privés et publics. Ce plan doit donner aux métiers d’art les moyens et les capacités de se structurer véritablement. L’objectif est de conclure, d’ici 2025, en lien avec les acteurs privés, un contrat stratégique de filière qui permettra de déployer en faveur des métiers d’art une grande politique économique et culturelle cohérente et durable.

Cet objectif représente un enjeu économique de taille. Selon les estimations actuelles, les métiers d’art représentent plus de 60 000 entreprises et 150 000 professionnels pour un chiffre d’affaires cumulé estimé à 19 milliards d’euros en 2019, dont huit milliards à l’export. Actif patrimonial majeur et secteur d’avenir pour l’économie française, les métiers d’art peuvent jouer un rôle considérable dans une économie plus respectueuse des individus et des ressources.

Vous êtes à la recherche d'une aide ? Consultez la FAQ Métiers d'art [PDF - 160 Ko]

Une stratégie en cinq axes

Les métiers d’art sont encore insuffisamment valorisés auprès des jeunes et de leurs familles. Il s’agit de mieux les faire connaître à travers des parcours de découvertes et de pratique, dès le primaire, mais aussi à travers la mobilisation du Pass Culture. L’orientation dans les formations des métiers d’art sera facilitée à travers des ressources spécifiques de l’Onisep (L’Office national d'information sur les enseignements et les professions), mais également à travers la mobilisation de tous les acteurs du secteur pour proposer des stages en classe de 3e auprès des artisans d’art.

  • Plus de moyens pour les journées européennes des métiers d’art (JEMA) : manifestation gratuite et accessible à tous et grand rendez-vous annuel des métiers d’art à la fin du mois de mars, les JEMA permettent de valoriser les savoir-faire français auprès du grand public. Avec plus de deux millions de visites, elles regroupent plus de 6 000 événements et 75 Rendez-vous d’exception organisés sur tout le territoire. Grâce à de nouveaux moyens déployés, la programmation culturelle des JEMA sera amplifiée partout sur le territoire, sur le modèle des Journées Européennes du Patrimoine.
  • 1 000 stages de 3e dans les métiers d’art : pour valoriser les métiers d’art auprès des jeunes, faire connaître leur potentiel de débouchés professionnels et susciter des vocations, 1 000 stages de 3e  dans les métiers d’art seront ouverts dans tous les territoires dès la fin de l’année 2023. Ces offres seront disponibles sur la plateforme monstagedetroisieme.fr.
  • Des équipes pédagogiques pour la découverte des métiers : dans le cadre du plan de découverte des métiers du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, généralisé à tous les collèges à compter de la rentrée 2023, les activités de découverte des métiers d’art de la 5e à la 3e s’appuieront sur des rencontres avec les professionnels au collège ou dans leur environnement de travail.
  •  En partenariat avec la start-up française Wecandoo, le Pass culture proposera 730 nouvelles activités pour permettre aux jeunes de découvrir les métiers d’art par la pratique lors d’ateliers dédiés. En parallèle, l’institut national des métiers d’art proposera sur tout le territoire des ateliers de découverte des métiers d’art en direction des collégiens. Le mobilier national lancera le Petit Mob’, ses nouveaux ateliers de sensibilisation aux métiers d’art, à destination du public scolaire âgé de 6 à 14 ans.

Patrimoine immatériel, les métiers d’arts français reposent sur la transmission de gestes et de techniques de génération en génération. Il est ainsi essentiel à leur continuité d’attirer de jeunes talents et de les former pour pérenniser la filière.

  • Accroitre l’offre de formation continue pour les professionnels : des parcours de visites avec médiation seront proposés au sein des Musées Nationaux (musée d’Orsay, Musée des Arts Décoratifs, …) aux professionnels des métiers d’art enregistrés dans les Chambres de métiers et de l’artisanat.
  • Créer un centre de formation des apprentis (CFA) dans les manufactures nationales : Dédié aux métiers de la décoration, il va permettre d’assurer l’ensemble des formations aux métiers d’art des manufactures nationales, les harmoniser, prendre en compte les besoins des manufactures et des ateliers en région, mais aussi favoriser les coopérations internationales. Il s’agira d’ouvrir ce CFA aux métiers devenus « orphelins » de leur formation, ou en tension dans les domaines connexes de ceux des manufactures (tissage textile, orfèvrerie de table, horlogerie).
  • Accroître le nombre de Maîtres d’Art pour faire face au saut générationnel : Le dispositif Maître d’art – élève contribue à la pérennisation des savoir-faire rares et remarquables français. Créé en 1994 par le ministère de la Culture, le titre permet de récompenser le travail de transmission entre détenteur du geste et son élève, au sein de l’atelier, notamment pour des métiers dont il n’existe plus de formation.
  • Poursuivre l’Accélérateur « Savoir-faire d’exception » de Bpifrance : l’accélérateur Savoir-faire d’exception est reconduit en 2024 et 2025 pour accompagner deux nouvelles promotions de 25 entreprises. Au cours d’un parcours de 18 mois, et portés par un véritable « esprit de promotion », les dirigeants structurent leur entreprise en profondeur, partagent entre pairs, et se connectent à l’écosystème de la filière.

Porcelaine de Limoges, cristal de Baccarat, cuir en Nouvelle-Aquitaine,… les métiers d’art irriguent les territoires, leur donnant une force historique et patrimoniale, incarnée par la transmission d’un savoir-faire unique. Atouts culturels, ils sont aussi des atouts économiques, qui peuvent contribuer à la dynamisation des territoires, en favorisant la relocalisation d’une production de proximité. Cette nouvelle stratégie nationale en faveur des métiers d’art place l’ancrage territorial au cœur de ces priorités.

  • Créer des pôles territoriaux métiers d’art : dans le cadre de France 2030, 46,8 millions d’euros sont dédiés à la création de pôles territoriaux des industries culturelles et créatives, en majorité centrés sur les métiers d’art, du design et de la mode. Clos le 31 mars 2023, le premier appel à manifestation d’intérêt a reçu 134 dossiers de candidature dans 13 régions, dont l’Outre-mer. 80 concernent les métiers d’art.
  • Aider à la reprise d’atelier : les artisans d’art pourront désormais bénéficier d'une allocation d'installation d'atelier (AIA) ou d’achat de matériel attribuée par le ministère de la Culture via les directions générales des affaires culturelles (DRAC) de leur région de résidence ou les directions d’affaires culturelles pour les territoires d’Outre-mer.
  • Valoriser le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) : la stratégie gouvernementale porte l’objectif volontaire de doubler le nombre d’entreprises labellisées et de parvenir à 2 500 entreprises EPV dès 2025, date qui marquera les vingt ans du label.
  • Développement des indications géographiques : instaurée en 2014 par la loi « Consommation », l'indication géographique met en évidence une région de production précise.  À date, seules 13 indications géographiques artisanales ont été homologuées en France. Dans le cadre de ce plan, un fort développement de ces indications est en cours.

La recherche et l’innovation sont essentielles pour faire évoluer les pratiques tout en assurant la préservation de ces savoir-faire.

  • Cartographier les aides à l’innovation : afin de faciliter l’accès aux aides, les Chambres de Métiers d’Artisanat (CMA) tiennent à jour une plateforme unique qui recense les aides financières publiques accessibles aux entreprises.
  • Conserver les métiers d’art en voie de disparition par la numérisation des gestes : la création d’une banque de gestes numériques viendra à l’appui de cette stratégie en assurant la conservation des savoir-faire via la numérisation des gestes et techniques ancestraux menacés de disparaître.
  • Agir pour la transition écologique des métiers d’art : dans le cadre de cette stratégie, CMA France propose aux entreprises des diagnostics sur l’énergie, l’isolation, la mobilité, etc. CMA France déploie également sur le terrain des programmes de sensibilisation et d’accompagnement à la transition écologique et énergétique.

Les métiers d’art constituent des savoir-faire particulièrement valorisés et recherchés à l’étranger. L’enjeu est aujourd’hui de les rendre plus visibles et de valoriser les échanges entre artisans français et étrangers, par le biais de programmes de résidences, mais également d’une présence forte dans les grands évènements internationaux.

  • Des actions menées par l’Institut français : trois actions sont mises en œuvre pour valoriser et accompagner la filière métiers d’art à l’international. D’abord une amplification de la présence du secteur au sein du réseau culturel français à l’étranger, ensuite une valorisation de la diversité de ces métiers en programmant des visites d’ateliers et enfin, en proposant des bourses de mobilités aux artisans dans le pays de leurs choix.
  • Le programme « ICC immersion » : dans le cadre de France 2030, le programme « ICC Immersion » est, en effet, dédié au soutien à l’export des entreprises culturelles. Il bénéficie d’un budget de 10,5 millions d’euros. Il est destiné aux entrepreneurs de la culture qui portent un projet innovant et qui souhaitent accélérer leur développement à l'international sur un marché cible.
  • Des opportunités pour l’export : en trois ans, 1 000 entreprises seront sensibilisées aux enjeux de l’internationalisation par Business France et 600 entreprises seront accompagnées dans l’identification d’opportunités et la prospection de marchés étrangers.
  • Les métiers d’art au cœur de l’exposition universelle OSAKA 2025 : à l’occasion de l’exposition universelle Osaka qui se tiendra du 13 avril au 13 octobre 2025, les métiers d’art français et, notamment les entreprises « EPV », seront particulièrement mis en valeur au sein du pavillon français dont le thème sera « Audace et Savoir-faire ».