Midi-Histoire de Bercy 2019

Dix séances ont été organisées en 2019. Vous pouvez retrouver ci-après leur enregistrement.

Les séances 2019

 

 

 

 

 

3 décembre 2019 : L’argent et les jeux de société, du XVe siècle à l’époque contemporaine

par Élisabeth Belmas, professeure émérite des Universités en histoire moderne.

Depuis les temps modernes, les jeux de société n’ont pas cessé de se développer en France. Ces jeux qui se caractérisent par un règlement, un nombre de participants relativement limité, l’existence d’un ou de plusieurs supports matériels (tablier ou plateau, cartes, dés, pions, papier), font appel à la réflexion, à la mémoire, à l’adresse, à la vivacité etc. La gamme des jeux de société s’est étendue depuis l’apparition des cartes à jouer, à la fin du Moyen Age, lesquelles ont engendré une quantité impressionnante de jeux d’adresse, de stratégie, de hasard voire pédagogiques. L’introduction du jeu de l’oie au début du XVIIe siècle a marqué les débuts de la vogue des jeux dits de tableau  qui triomphent au XVIIIe siècle avec l’immense succès du loto. Le goût des Français pour les jeux de société (hors jeux sportifs et vidéo) n’a pas diminué de nos jours. Dans notre pays, il se vend aujourd’hui  environ 4 boîtes de jeux de société par seconde, soit 112 millions  chaque année, dont 2,5 millions de jeux  « modernes », c’est-à-dire de création récente. Le marché des jeux de société, qui se partageait autrefois entre les corporations des tabletiers, des dominotiers, des cartiers et des merciers, est désormais entre les mains de firmes américaines (Hasbro, Mattel) et européennes, françaises en particulier (Asmodée). En 2017, le chiffre d’affaires généré par le marché des jeux de société s’élevait en France à 395 millions d’euros (14% du marché global du jeu et des jouets). La France s’impose comme le leader européen de ce secteur en pleine expansion, devant la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Alors qu’en 2010, on y éditait 500 nouveaux jeux par an, 1000 sont sortis en 2018.

Habit de tabletier, gravure de N. de Larmessin (Bibl. nat., Estampes)

Écouter l'enregistrement du 3 décembre 2019

Publications :

E.Belmas, Jouer autrefois. Essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle), Champ Vallon, 2006

E.Belmas, « Les espaces du jeu à Paris du XVIe au XVIIIe siècle », in T. Belleguic et L. Turcot (eds), Histoires de Paris, t. 2, Paris, Hermann, 2012, co-direction avec Juliette Vion-Dury de la collection électronique HAL « Le jeu dans tous ses états », https://hal.inria.fr/ETUDES-JEU/page/accueil, 2016-2017

E.Belmas et J. Coste, Les soldats du Roi à l’Hôtel des Invalides. étude d’épidémiologie historique  (1670-1791), Paris, CNRS Editions, 2018

 

12 novembre 2019 : L'argent des cathédrales

Par Jean-Michel Leniaud, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, ancien directeur de l'École nationale des chartes.

Des premières constructions de l'époque gothique aux reconstructions consécutives aux guerres de religion, du rétablissement du culte catholique par Napoléon à la séparation des Églises et de l'État, puis aux travaux du XXe siècle jusqu'aux actuels projets de financement pour la réparation du sinistre dont Notre-Dame de Paris a été affectée,  qui a payé, et comment, les travaux  intéressant les cathédrales ?

 

 

Notre-Dame de Paris, croisée du transept, 2 mai 2019. Cl. Jean-Michel Leniaud

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1er octobre 2019 : Le Traité de Versailles, du coût de la guerre aux réparations

Par Clotilde Druelle-Korn, maître de conférences, université de Limoges, et Philippe Verheyde, maître de conférences, université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

Par sa durée et la nature du conflit, le coût économique et financier de la Première Guerre mondiale a représenté des sommes inégalées jusqu’alors, que le traité de paix et de nombreuses commissions tentent d’évaluer. L’exercice est complexe car il faut définir précisément ce que l’on compte et comment on compte. Se greffe alors la question des Réparations, très rapidement remises en cause par Keynes qui publie quelques mois après le Traité de Versailles, The Economic Consequences of the Peace. On développera ainsi, dans un deuxième temps, une analyse critique de la thèse popularisée par Keynes, notamment dans la manière dont elle est construite et remise en cause par l’économiste suédois Bertil Ohlin.

Page du journal « le Rire » - 2 novembre 1918. Dessin de René Jouenne. Les réparations - Cote DIR7 398 - Archives départementales de Paris

Document 1 Document 2

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10 septembre 2019 : Le Brexit : le Royaume-Uni fait-il partie de l'Europe ?

Par Laurent Warlouzet, professeur d'histoire, Paris Sorbonne UniversitéÀ partir d'un regard rétrospectif sur les rapports entre le Royaume-Uni et la construction européenne depuis ses débuts en 1948, la conférence s'attachera à différencier le discours - notamment la rhétorique exceptionnaliste des partisans du Leave - de la pratique, plus nuancée. Elle montrera que si le Royaume-Uni a toujours développé un rapport souverainiste à la construction européenne, il ne l'a jamais rejetée sauf à de rares exceptions, et l'a au contraire largement façonnée. Le Brexit ouvre la voie à de multiples possibilités de coopération renouvelée. Reste à savoir si Londres se retirera aux marges de la coopération européenne, ou parviendra à y maintenir une influence non négligeable.

Image Willfried Wende, Pixabay.

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4 juin 2019 : « Combien de bouches à nourrir ? ». Une enquête administrative dans une situation de crise à la fin du XVIIe siècle

Par Ludovic Balavoine, docteur et agrégé d'histoire, chercheur associé au CEMMC (Centre d'Études des Mondes Moderne et Contemporain) - Michel de Montaigne (Bordeaux)

En 1693, le royaume est frappé par une crise, notamment d'une famine, d’une ampleur rare : en quelques mois, entre 1,5 et 2 millions de Français meurent, soit autant que de soldats tombés au champ d’honneur entre 1914 et 1918. Conscient de la gravité de la situation et du péril qui menace la population, l’État lance alors une enquête sur les « bouches à nourrir ». C’est le contrôleur général des finances, Pontchartrain, qui s’en charge en s’appuyant localement sur les intendants. Connue par les historiens, cette enquête n’a quasiment pas laissé de traces (fragments en Auvergne, dans les généralités de Limoges et de Bordeaux, une série pour le Languedoc) sauf en Normandie, dans la généralité de Caen. L’intendant Nicolas-Joseph Foucault y met en œuvre une méthode originale fondée sur les recettes de l’impôt ecclésiastique : la dîme. De par les statuts des acteurs impliqués dans cette enquête, de par la nature des sources utilisées, l’enquête administrative permet, en fin de compte, de dresser un portrait religieux, économique, agricole et démographique des territoires ruraux de Basse-Normandie à la fin du XVIIe siècle.

Portrait de Nicolas-Joseph Foucault gravé par Van Schupen d'après Largillière, 1698.

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14 mai 2019  : Aux origines des relations entre l'Occident et l'Asie : la route de la soie

Par Hugues Tertrais, professeur émérite des Universités, fondateur du Centre d'histoire de l'Asie contemporaine (CHAC), université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Avec plus de deux mille ans d’âge, la « route de la soie » fait toujours rêver. Reprise aujourd’hui pour désigner les axes d’expansion économique de la Chine, l’expression désigne d’abord la première route commerciale reliant depuis avant notre ère le monde méditerranéen à l’Asie. Comme plus tard sur la route maritime des épices, le produit transporté se caractérisait à la fois par son faible poids et sa forte valeur. Il reste que cette « route », de Chang’an (Xian) à Antioche – ou l’inverse – figurait un itinéraire, emprunté par des caravanes qui se relayaient et sur des voies dont le tracé pouvait varier, notamment lorsqu’il fallait contourner un désert aride ou quelque zone troublée. Mais la circulation ne concernait pas seulement les marchandises, étaient-elles précieuses : les hommes et avec eux les idées, voire les religions, voyageaient aussi, façonnant ce qui allait devenir l’Asie centrale, voire l’Asie tout court. Le long de l’itinéraire, des villes naissaient ou se développaient en effet aussi, générant un art dont l’éclat a traversé les siècles.

Une caravane en Asie centrale – Atlas catalan (détail). Attribué à Abraham Cresques,1375. BnF, département des manuscrits © Gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France

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23 avril 2019 : Il ne faut pas se fier aux apparences ! Brève histoire économique de la mode

Par Catherine Örmen, conservateur du patrimoine, historienne de la mode.

illustrationLa mode représente aujourd’hui en France près d’un million d'emplois indirects. Éphémère et réputée légère, elle pèse économiquement plus lourd que l’aéronautique et l’automobile réunis. Or, le phénomène n’est pas récent : Colbert, qui a donné naissance aux industries françaises du luxe, disait déjà : «  la mode est à la France ce que les mines d’or du Pérou sont à l’Espagne »…
Longtemps réservée à une élite protégée par des lois somptuaires, la mode a entrepris de se démocratiser avec la révolution industrielle du XIXe siècle. Bénéficiant des progrès de la modernité, du chemin de fer autant que de l’essor de la photographie, elle s’est diffusée toujours plus largement géographiquement et socialement avant de devenir plus universelle encore au XXe siècle. Or, cette mondialisation que certains phénomènes contestent aujourd’hui, est loin d’être une nouveauté : dès le XIIe siècle, des étoffes de coton peintes à la main arrivent d’Inde grâce aux caravanes. Ces indiennes se répandent en Europe et deviennent vite l’objet d’un commerce bien plus vaste encore…

« Les Payables » -  Estampe de Darcis  © Gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France 
© okalinichenko/stock.adobe.com © Creative Commons CCO

Écouter l'enregistrement du 24 avril 2019

Éléments bibliographiquesIconographie
 

12 mars 2019 : Jacques Coeur, le destin d'un homme d'affaires "hors de pair" au XVe siècle

Par Olivier Mattéoni, professeur d'histoire médiévale, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Dans le panthéon historique français, Jacques Cœur occupe une place de choix. Sa fortune rapide et sa chute brutale expliquent sans doute la fascination que l'homme a exercée dès son vivant. Dans son Histoire de Charles VII, Thomas Basin insiste sur « sa grande et vive intelligence », « sa prodigieuse habilité dans les choses du siècle », « son zèle pour tout ce qui touchait à l'honneur du roi et au bien du royaume ». Qu'en a-t-il été exactement ? Alors que sa réussite semble avoir été totale, comme le montre l'hôtel qu'il fait bâtir à Bourges dans les années 1440, comment expliquer le procès pour crime de lèse-majesté dont il est victime en 1451 ? La conférence s'attachera à retracer le destin de ce marchand « hors de pair », au dire des chroniqueurs du temps, argentier du roi, qui aida à la reconstruction du royaume. Elle présentera la nature et l'ampleur de ses affaires, son commerce avec l'Orient, ses investissements, avant d'analyser la procédure judiciaire qui entraîna sa condamnation en 1453.

Écouter l'enregistrement du 12 mars

 

12 février 2019 -  L'aménagement du territoire en France, XVIIIe - XXe siècle. Origine, mise en oeuvre et perspectives

Conférence de Marc Desportes, Ingénieur en chef des ponts, des eaux et des forêts et historien, membre du Comité d'histoire des ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités territoriales.

Entreprise volontaire, à la fois politique, économique et technique, l'aménagement du territoire à la française est le fruit d'une longue histoire qui s'amorce à l'aube des temps modernes, avec les premières tentatives d'unification de l'espace de la Monarchie, qui se poursuit avec la mise en place des grandes infrastructures de transport, avant de donner naissance aux pratiques planificatrices des Trente Glorieuses. C'est cette histoire, qui recoupe largement celle de la construction de l’État et de la constitution de l'identité nationale, qu'évoque la conférence.  Si l'histoire ne fournit pas de réponses toutes prêtes aux grands enjeux de l'actualité, du moins permet-elle de mieux comprendre comment se sont constituées les cohérences, mais aussi les déséquilibres du territoire français.

Carte de France corrigée par ordre du Roy sur les observations de Mss. de l'Académie des Sciences
© Gallica.bnf.fr/Bibliothèque nationale de France

Écouter l'enregistrement du 12 février

Voir la présentation en lien avec l'enregistrement du 12/02
 

22 janvier 2019 -  François Bloch-Lainé, un financier public de l'État régulateur (années 1940-1970)

Cette conférence de Michel Margairaz, professeur d'histoire économique contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, s'est attachée à situer la trajectoire professionnelle et politique de François Bloch-Lainé en examinant ses fonctions successives au service de l'État financier  lato sensu.

Elle a permis d'examiner jusqu'à quel point il appartient à cette génération de hauts fonctionnaires issue de la Résistance et de la Libération, à la manœuvre lors de la Grande Croissance des années 1950-1960, mais aussi de s'interroger sur ses singularités au sein de ce groupe.

Photo de couverture de l'ouvrage François Bloch-Lainé, fonctionnaire, financier, citoyen. Journée d'étude tenue à Bercy le 25 février 2003 © Crédit lyonnais © Comité pour l'histoire économique et financière de la France

Écouter l'enregistrement du 22 janvier

Renseignements

recherche.igpde [@] finances.gouv.fr