Midi-Histoire de Bercy 2013

Naissance, vie et crise de l'euro : une histoire globale de la monnaie unique (1987 à nos jours)

22 janvier 2013 :
Olivier Feiertag,
professeur en histoire contemporaine à l’université de Rouen

La crise que traverse l’euro depuis 2010 confirme que près de quinze ans après le passage à la monnaie unique européenne, le temps de l’histoire est venu. L’euro n’est-il qu’un accident de l’histoire ? Traduit-il, au contraire, une mutation profonde des économies et des sociétés européennes à l’échelle d’un monde lui même en mouvement accéléré ?
L’ouverture progressive des archives, la multiplication des sources orales permettent aujourd’hui de formuler les principales pistes de cette histoire du temps présent. Elles suggèrent que l’euro est bien une « monnaie globale » (David Marsh) et que sa signification historique n’apparaît qu’à l’échelle du monde.
L’histoire foncièrement politique de sa genèse, tout comme les conditions historiques de sa gouvernance avant et depuis la crise financière, l’indiquent avec force : l’histoire de l’euro ne doit pas être lue seulement dans le cadre des États-nation ni même à l’échelle européenne. Sa portée est globale. Et son histoire depuis la fin du 20e siècle constitue un épisode important de ce que nous nommons, faute de mieux, la « mondialisation ».

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Entreprises de haute technologie, État et souveraineté depuis 1945

19 février 2013 :
Patrick Fridenson,
directeur d’études à l’École des Hautes Études en sciences sociales (EHESS)

Dans les débats d’aujourd’hui sur la recherche d’une croissance durable, le développement et la diffusion des hautes technologies sont reconnus comme des éléments décisifs. Il s’agit de trouver les moyens et l’organisation pertinents pour mettre en œuvre les découvertes et les applications scientifiques les plus récentes et assurer le renouveau du tissu économique et social.
La conception de produits et de services dans ces domaines, la création et l’essor d’entreprises petites et grandes, le soutien ou les commandes que peuvent leur apporter les différents pouvoirs publics, le rôle des universités et de la recherche, leur impact sur l’environnement, les changements de la société civile et de l’opinion à leur égard sont devenus des enjeux majeurs. Outre la croissance, il y va de la souveraineté, de l’indépendance nationale et de la capacité d’alliance et de coopération des nations.
Le livre présenté lors de cette communication est le premier ouvrage d’ensemble qui, loin de se limiter à un secteur, aborde leur histoire parallèle aux Etats-Unis et en France depuis 1945, deux pays aussi différents par leurs atouts et leur culture que liés par leur histoire et la géopolitique. Il aborde la question de l’hégémonie américaine vis-à-vis des Européens et celle des voies qui s’offrent à eux dans ce contexte, seuls ou ensemble.

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La crise des années 30 en France

27 mars 2013 :
Olivier Dard,
directeur de l'université Paul Verlaine, Nancy-Metz

Si l’historiographie a souligné depuis une trentaine d’années la fragilité de la France du début des années trente, les gouvernants et l’opinion publique paraissent à l’époque plutôt sereins. Alors que la crise mondiale frappe toutes les puissances du globe, la France semblerait épargnée. Les Français se pensent comme une exception, et un essai de l’allemand Friedrich Sieburg (correspondant de la Franfurter Zeitung) publié à l’automne 1930 et intitulé Dieu est-il français ? contribue à les confirmer dans cette certitude. « Paradis démodé », « pays de la juste mesure », la France est décrite (avec sympathie) par Sieburg comme le seul pays au monde qui « oppose », au nom de son « idéal de bonheur personnel », une « résistance tenace » à une évolution vers la technique et le gigantisme qui affecteraient tous les autres Etats. A l’heure des débats sur « l’exception française » et la crise économique actuelle, il est utile, en partant de l’étude de la crise des années trente, de son ampleur, de son impact et des réponses qui lui ont été apportées par les gouvernements successifs, de s’interroger sur la pertinence et les nombreuses limites d’un parallèle entre la situation de 2013 et celle des années 1930.

 

Paris place financière internationale, XIXe-XXIe siècle

25 avril 2013 :
Laure Quenouëlle-Corre,
chargée de recherche au CNRS

A l’heure de la mondialisation financière et de la crise récente qui a secoué l’ensemble des places financières, il n’est pas inutile de se replonger dans l’histoire de celle de Paris sur les deux derniers siècles. Comment Paris a-t-elle traversé les guerres, les crises, les phases de repli et d’ouverture, depuis son rayonnement international d’avant 1914 jusqu’à l’âpre compétition qui s’est instaurée à la fin du XXe siècle ?
Par rapport aux autres grandes places financières européennes, a-t-elle une spécificité, des caractéristiques propres ?
Au-delà des péripéties qui ont agité la Place, son histoire est représentative des rapports complexes entretenus par la société française avec le marché.

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Les ingénieurs des Mines : cultures, pouvoirs, pratiques

29 mai 2013 :
Anne-Françoise Garçon,
professeur en histoire des techniques à l’université Paris-1–Panthéon-Sorbonne
Bruno Belhoste, professeur en histoire des sciences à l’université Paris-1–Panthéon-Sorbonne

Les grands corps de l’État n’ont pas toujours bonne presse, mais, en même temps, ils fascinent. Créé au XVIIIe siècle, le corps des Mines n’a cessé de contribuer à la construction économique du pays. Passés par l’École polytechnique et l’École des mines, les ingénieurs du corps ont surveillé et, souvent, directement encadré les secteurs de l’industrie et de l’énergie. Ils ont également joué un rôle éminent dans le domaine scientifique, leurs contributions allant des sciences « dures » (mathématiques et physique, avec Henri Poincaré, chimie avec Henry Le Chatelier) à l’économie, avec Maurice Allais, le seul Français ayant reçu le prix Nobel d’économie, et aussi la sociologie, avec Frédéric Le Play, considéré comme l’un des précurseurs de cette discipline.
Industriel dans son essence, industrialiste dans son esprit, ce corps de fonctionnaires a souvent adopté des approches libérales, mais, a contrario, il a souvent impulsé un patriotisme économique de bon aloi dans le cadre de « grands programmes » d’État.
Il restait à la richesse de cette expérience, à la fois technique, scientifique et administrative, à se constituer en histoire, à se « conscientiser ». Telle était l’ambition du colloque dont la substance est présentée dans cette communication.

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L'invention de la gestion des Finances publiques. Du contrôle de la dépense à la gestion des services publics (1914-1967).

28 juin 2013 : Florence Descamps, maître de conférences à l’EPHE

La gestion publique, fille de la Guerre…L’épreuve de la Grande Guerre révèle l’immaturité du système de gestion des finances publiques françaises et provoque un choc salutaire sur les responsables budgétaires et financiers de l’Etat. Prévoir les dépenses, rendre les comptes et rendre des comptes, connaître et contrôler l’activité des services, réaliser des économies, organiser l’action administrative,  mesurer les résultats des administrations, hausser les rendements, réformer la gestion des services publics, autant de défis majeurs qui s’imposent dès l’entre-deux-guerres et que les  hauts fonctionnaires du Ministère vont s’efforcer de relever, avec des succès inégaux.  Brossant un vaste panorama des acteurs, institutions, techniques et savoirs au cœur du « système financier » de 1914 à 1967, ce deuxième volume poursuit l’entreprise d’une histoire du « gouvernement des finances publiques » au XXè siècle.

 

La France, l’Europe et l’aide au développement. Des traités de Rome à nos jours

27 septembre 2013 :
Gérard Bossuat,
professeur émérite en histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise

L’IGPDE et l’AFD ont voulu marquer le 70e anniversaire de la fondation de l’AFD pour mieux comprendre dans quel esprit est conçue l’aide au développement par la France et par l’Union européenne. Soucieux de situer cette question dans l’histoire et pas seulement dans l’actualité immédiate, les organisateurs ont pu faire dialoguer des universitaires et des grands acteurs de terrain (Philippe de Fontaine Vive, Dieter Frisch, Bernard Petit, Omar Kabbaj, Dov Zerah, Tertius Zongo), qui ont établi un état des lieux de la coopération pour le développement de trois acteurs clefs : l’AFD et les gouvernements français, la Commission européenne, les États bénéficiaires de l’aide.
L’aide publique française au développement tient, depuis 1945, à des raisons humanistes et morales, politiques aussi et de défense des intérêts économiques français. Comment articuler cette politique avec l’Union européenne ? Les réponses données manifestent que les sociétés européennes conçoivent les relations internationales autrement qu’en s’appuyant sur les rapports de force économiques ou la froide indifférence. L’IGPDE et l’AFD ont voulu marquer le 70e anniversaire de la fondation de l’AFD pour mieux comprendre dans quel esprit est conçue l’aide au développement par la France et par l’Union européenne. Soucieux de situer cette question dans l’histoire et pas seulement dans l’actualité immédiate, les organisateurs ont pu faire dialoguer des universitaires et des grands acteurs de terrain (Philippe de Fontaine Vive, Dieter Frisch, Bernard Petit, Omar Kabbaj, Dov Zerah, Tertius Zongo), qui ont établi un état des lieux de la coopération pour le développement de trois acteurs clefs : l’AFD et les gouvernements français, la Commission européenne, les États bénéficiaires de l’aide.
L’aide publique française au développement tient, depuis 1945, à des raisons humanistes et morales, politiques aussi et de défense des intérêts économiques français. Comment articuler cette politique avec l’Union européenne ? Les réponses données manifestent que les sociétés européennes conçoivent les relations internationales autrement qu’en s’appuyant sur les rapports de force économiques ou la froide indifférence.

 

Guerres, crise et croissance économiques. Autour des guerres d’Indochine et du Vietnam (1945-1975)

29 octobre 2013 :
Hugues Tertrais,
professeur en histoire contemporaine à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Directeur du Centre d'histoire de l'Asie contemporaine

Par leur coût et surtout leur durée, les guerres d’Indochine et du Vietnam ont fortement marqué les évolutions économique et financière de leur temps. La première coûtait si cher que la France dût en transférer le financement sur les Etats-Unis, avant même d’être battue en 1954 à Dien Bien Phu. L’engagement américain au Vietnam, réalisé en pleine période de croissance mais prévu pour être court, contribua par sa prolongation à « plomber » les finances et la monnaie américaines, jusqu’à la double décision historique de 1971 – dévaluation du dollar et suspension de sa convertibilité-or.
Localement, les velléités d’industrialiser le Vietnam ont toutes échoué, dans les contraintes d’une guerre qui, par épisodes, dura trente ans : les efforts de reconstruction et d’investissement n’ont jamais compensé les destructions entraînées par la guerre. Par contre, les commandes industrielles générées par le conflit contribuèrent à la bonne santé économique des pays voisins, voire au décollage des « Quatre dragons » d’Asie orientale, comme l’industrie japonaise avait redémarré dans le contexte de la guerre de Corée.

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Colbert, un ministre, une politique économique

22 novembre 2013 :
Françoise Bayard,
professeur émérite d'histoire moderne de l'université Lumière Lyon 2

Du milieu du XIXe siècle jusqu’aux années 1980, Colbert, ministre de Louis XIV, a été présenté par les plus grands historiens (A. Thierry, Guizot, Michelet, Clément, Lavisse) comme un homme issu de la bourgeoisie provinciale, un travailleur infatigable, volontaire, sobre, économe, honnête, le promoteur de l’intervention multiforme de l’État et le fondateur de la marine et de la colonisation françaises, portrait véhiculé dans les manuels scolaires jusqu’à une époque très récente. Les recherches actuelles ont démoli cette vision de l’homme en démontrant ses origines sociales aisées, son ambition politique, sa fortune colossale et son népotisme. Mais sa méthode de gouvernement technocratique privilégiant les idées plutôt que le réel, sa politique économique – le colbertisme issu du mercantilisme – favorisant l’industrie et le commerce français et sa mise en place d’une administration étatique centralisée, réformée et réglementariste restent encore appréciées aujourd’hui, voire, pour certains, prônées. Il est vrai que son œuvre colossale correspondant à la durée de son maintien en charge (1661-1683) et aux multiples fonctions qui lui ont été attribuées, touchent à tous les domaines sauf la guerre et les affaires étrangères et en font, de toute évidence, un pilier de la monarchie louisquatorzième.

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