NOR : ECOC0000343V
REQUÊTE
No 99-008
La Commission
de la sécurité des consommateurs,
Vu le code de la consommation, notamment
ses articles L. 224-1, L. 224-4, R. 224-4 et R. 224-7
à R. 224-12 ;
Vu la requête n
o 99-008 ;
Considérant que :
Les
saisines
1. La
Commission de la sécurité des consommateurs a été
saisie initialement (dossier n
o 99-008) par M. Nicolas
About, sénateur-maire de Montigny-le-Bretonneux, le 1
er février 1999,
de la question de la présence dans la laine* de verre de marque ISOVER,
de résidus industriels radioactifs*. La question de tels ajouts, évoquée
dans la presse nationale
(Libération du 12 janvier 1999,
Les Echos même jour,
France-Soir, etc.) avait reçu
des explications à usage du grand public sensiblement divergentes selon
les organismes interrogés et de nature à semer le trouble dans
les esprits des consommateurs ainsi quà générer des
inquiétudes. Cest dans ces conditions que M. About, notamment,
a souhaité quune autorité indépendante soit saisie
afin de procéder à une expertise et de formuler, le cas échéant,
les recommandations qui lui paraîtraient nécessaires en vue daméliorer
la sécurité et linformation des consommateurs.
2. Ultérieurement, plusieurs courriers
émanant de particuliers inquiets que de tels ajouts de composés
radioatifs (soit dans la laine de verre, soit dans dautres produits) puissent
être opérés à linsu des utilisateurs ont été
adressés à la CSC, afin dobtenir des informations plus précises
(Mmes Rambach, Le Datu, Magnier, Dawson et M. Couturier).
La
réglementation
3. Une
réglementation importante existe sur la protection contre les rayonnements
ionisants ; chronologiquement, les textes applicables sont les suivants :
le décret n
o 66-450
du 20 juin 1966 relatif aux principes généraux de protection
contre les rayonnements ionisants dispose que (titre 1
er,
art. 3) sont interdites : laddition de substances radioactives
dans la fabrication des denrées alimentaires, des produits cosmétiques
et des produits à usage domestique ; lutilisation de substances
radioactives dans la fabrication de jouets... Ce décret fixe par
ailleurs les équivalents de dose maximaux admissibles aux conditions
de travail ;
le décret n
o 88-521
du 18 avril 1988 a modifié ce décret dans un sens qui
réduit les limites concernant les personnes exposées pour des
raisons professionnelles, et les personnes du public ;
le décret n
o 94-604
du 19 juillet 1994 a porté création de loffice
de protection contre les rayonnements ionisants. Etablissement public de lEtat
qui exerce les missions dexpertise, de surveillance et de contrôle
propres à assurer la protection de la population contre les rayonnements
ionisants, il participe à lapplication des lois et règlements
relatifs à la radioprotection, notamment :
a)
En
déterminant par toutes mesures, analyses ou dosages appropriés
si la radioactivité ou les rayonnements ionisants présentent un
risque pour la santé de la population ou celle des personnes professionnelles
exposées ;
b)
En
vérifiant lobservation des dispositions réglementaires et
lefficacité des moyens de radioprotection destinés à
assurer la protection des personnes professionnelles exposées et celles
de la population...
Il
effectue des recherches, éventuellement avec dautres organismes,
sur létablissement des normes et des méthodes de mesure,
sur la prévention et le traitement des effets résultant de lexposition
de lhomme et de son environnement aux rayonnements ionisants ;
la directive n
o 96/29/Euratom
du Conseil du 13 mai 1996 fixe les normes de base relatives à
la protection sanitaire de la population et des travailleurs contre les dangers
résultant des rayonnements ionisants ; elle exigeait une transposition
en droit national avant le 13 mai 2000, mais celle-ci nest pas
encore intervenue.
Les auditions
4. La CSC a auditionné
M. Aymon de Reydellet, représentant le secteur Environnement et
Risques industriels de la société ISOVER Saint-Gobain. Celui-ci
a expliqué que la fabrication de la laine de verre seffectue à
partir dune dizaine de constituants dont les principaux sont du sable
dorigine naturelle, du calcaire, de la dolomie*, du verre de récupération.
Ces matières sont mélangées et fondues. Une fusion électrique
produit du verre liquide qui coule dans des assiettes de fibrage comme de la
« barbe à papa ». On pulvérise un encollage
sur les fibres. Cet encollage est à base dune résine formol-phénolique* + urée.
Les fibres et le liant* sont aspirés pour former un matelas.
5. Ce matelas passe dans une étuve
pour polymériser* et stabiliser le liant. Des revêtements peuvent
être collés et les produits sont ensuite découpés
et emballés.
6. En ce qui concerne la laine de verre dans
laquelle des déchets radioactifs ont été ajoutés,
sa réalisation résultait de ladjonction de produits mis
en décharge provenant dune filiale du groupe Saint-Gobain, la société
SEPR au Pontet (84), qui fabrique des matières réfractaires*
et utilise du sable de zirconium* émettant une radioactivité naturelle
à un niveau plus élevé que le granit. Ce minerai est traité
à la soude pour séparer le zircon de la silice. On fabrique ainsi
des matériaux réfractaires, notamment pour les fours industriels.
Le résidu silicé est solidifié avec de la chaux :
cest ce résidu qui constitue le « déchet »
qui va être introduit dans la laine de verre.
7. En 1995, des études ont été
initiées par Saint-Gobain pour connaître les risques éventuels
sur la santé de lintégration de ce déchet dans la
laine de verre. Ces études ont été effectuées par
la société Algade (laboratoire de contrôle. filiale de la
Compagnie générale des matières nucléaires), pour
évaluer :
les caractéristiques radiologiques
des silicates ;
les risques pour les ouvriers ISOVER ;
les risques pour les poseurs et les
consommateurs.
8. Le dossier a été soumis
à lOffice de protection contre les rayonnements ionisants (OPRI),
qui a donné son avis favorable en septembre 1996, estimant que la
radioactivité qui en résulterait serait moindre quavec une
construction en brique seule : en effet, sachant que laccroissement
de la dose annuelle de radioactivité entre un mur de brique (matériau
présentant une certaine radioactivité due à des constituants
naturels) et la « toile de tente » (prise par définition
comme référence) est de 100µ Sv/an (microsievert* par
an), il faudrait une épaisseur de laine de verre (avec une activité
en uranium et en thorium respectivement de 200 et 100 Bq/mètres
cubes - becquerels* par mètre cube) de 200 millimètres pour
que laccroissement de la dose annuelle dépassât celui dû
au mur de brique ; or, lépaisseur envisagée ne dépassait
pas 150 millimètres.
9. Pour vérifier que la limite de
la radioactivité serait respectée, lOPRI a alors rajouté
trois conditions :
une procédure de contrôle
du silicate de chaux ;
des mesures mensuelles de lexposition
à lendroit du stockage (avec mise en place de dosimètres) ;
des mesures de la radioactivité
du produit final.
10. Des calculs de niveau* dexposition
sur les produits commercialisés montrent que dans une pièce entièrement
isolée avec la laine de verre contenant 5 % de ce silicate de chaux
on obtient, pour une présence dans la pièce de 7 000 heures
par an (correspondant à une personne y résidant de façon
quasi continue) une dose* absorbée de 0,004 Sv/an, valeur inférieure
au seuil réglementaire le plus sévère (directive 96/29/Euratom :
1 mSv/an). En comparaison, la somme de la radioactivité naturelle
et de lexposition médicale conduit, en moyenne nationale, à
une dose absorbée de 4 mSv/an, soit 1 000 fois plus.
11. Cest pourquoi le communiqué
de presse de Saint-Gobain, émis à la suite de la mise en cause
de la société après divulgation de son procédé
de fabrication, argue de la modestie des doses émises(
1) au
regard des autres matériaux naturels et de la réglementation qui
simpose, ainsi que de lefficacité de son contrôle de
production, production qui a reçu la validation de lOPRI et est
pilotée par un comité qui associe les industriels concernés,
lOPRI et la Commission de recherche et dinformation indépendantes
sur la radioactivité (CRII-RAD).
12. De plus, si lon considère
lactivité* surfacique* de la laine de verre et non plus lactivité
massique* (celle-là étant beaucoup représentative que celle-ci
dune radioactivité dans le cas dun matériau aussi
peu dense), on peut classer les différents types disolants en fonction
de cette activité surfacique et lon saperçoit, ainsi
que le montre le tableau remis par Saint-Gobain (cf. annexe), que la laine de
verre ISOVER incriminée se situe à 90 Bq/mètres carrés,
les laines de verre classiques étant entre 5 et 22 et les laines
de roche pouvant atteindre 185.
13. Le 11 janvier 1999, un article
de
France-Soir, repris par dautres journaux, a présenté
lintroduction de ces « déchets radioactifs »
comme « dangereuse » et a alerté lopinion
publique.
14. Le 28 janvier 1999, une réunion
au ministère de lemploi et de la solidarité (direction générale
de la santé) regroupant lOPRI, la CRII-RAD, la DGCCRF et dautres
partenaires, a eu pour but de clarifier la situation.
15. La DGCCRF a réalisé un
contrôle sur le site ISOVER Saint-Gobain dOrange le 17 février 1999.
Les procédures de contrôle et linformation des consommateurs
mises en place par ISOVER nont fait lobjet daucune remarque
de sa part (
cf. compte rendu de la réunion sur la laine de verre
ISOVER du 28 janvier 1999 à la DGS).
16. Suite à un problème de
séchage du silicate de chaux à la SEPR, lintroduction de
ce produit est suspendue depuis le 5 mai 1999. Ces déchets
sont actuellement stockés sur le site de production.
17. La Commission a ensuite auditionné
Mme Castanier, directrice de la CRII-RAD, association créée
en mai 1986 en application de la loi de 1901, agréée par
le ministre de lenvironnement. Cette association est animée par
des personnalités du monde scientifique et soutenue par des adhérents
(environ 4 000). Ces adhérents sont constitués denseignants,
de médecins, dassociations et de particuliers.
18. Sa création a fait suite à
laccident de Tchernobyl, car à cette occasion certains ont considéré
quil manquait un laboratoire indépendant en France. Ses objectifs
sont linformation du public et lamélioration de la radioprotection.
Ses missions sont dexpertise, à la demande des collectivités
locales, des industriels et des particuliers. Toute demande doit être
hors clause de confidentialité. La CRII-RAD refuse ce qui est demandé
comme confidentiel dès lors que cela concerne lenvironnement ou
la santé publique.
19. Le rapport établi par la CRII-RAD
analyse le
problème spécifique de lajout de déchets
radioactifs dans certaines laines de verres. Ce laboratoire précise que
seule la laine de verre de marque ISOVER produite à lusine dOrange
depuis 1997 est concernée. Il expose que les niveaux de risque induits
par la seule laine de verre sont très faibles, tout en contestant la
position de lOPRI doctobre 1998, qui considérait quen
dessous de 500 000 Bqkg(
2) il ny avait pas lieu de
délivrer une autorisation et que, dès lors, il était inutile
de soccuper de quelques milliers de becquerels ; la CRII-RAD estime
quant à elle que ce décret na pas lieu dêtre
utilisé lorsquil sagit de produits destinés au marché
grand public(
3).
20. Pour la CRII-RAD, ce dossier mérite
débat parce quil pose le problème du droit à linformation
du consommateur. En effet, il est précisé que le produit en cause
ne comporte aucune mention de son caractère particulier. La CRII-RAD
insiste sur le caractère injustifié de lajout délibéré
de déchets radioactifs, conséquence dune politique de gestion
des déchets coûteux à éliminer et sur les risques
liés à la multiplication de ce type de procédé.
21. En conclusion, la CRII-RAD a demandé
que :
tous les produits plus ou moins radioactifs
pouvant se trouver sur le marché (détecteurs de fumées
à base daméricium* 241, les paratonnerres, certains
composants davions, armes de guerre...) soient recensés, laccumulation
de tous ces facteurs augmentant notablement les risques liés à
lexposition ;
lusage de ces produits et les
exonérations dautorisation soient justifiés ;
lorsquil y a présence
de matière radioactive non naturelle, celle-ci soit obligatoirement étiquetée ;
la directive européenne Euratom 96-29
soit harmonisée dans les meilleurs délais ;
le rôle des différents
organismes appelés à se prononcer sur la radioactivité
et que les compétences de lOPRI soient clairement définies.
Aspects
généraux de la radioactivité
22. La CSC a recueilli des
articles de la presse spécialisée sur le risque de cancérogenèse
consécutive à lirradiation occasionnée par les examens
médicaux notamment, et des précisions sur lexposition à
la radioactivité naturelle, dont une source principale est le radon,
mais qui est présente à peu près partout : le site
internet du CEA indique que «
depuis laube des temps la
Terre et les êtres vivants sont plongés dans un véritable
bain de radioactivité. Ce nest que très récemment
(cent ans) que lhomme a découvert, avec les travaux de Henri
Becquerel, quil avait toujours vécu dans cette ambiance ».
A titre dexemples, le lait « contient » 90 Bq/1,
leau de mer 10 Bq/1, un corps dadulte 8 000 Bq, un
corps denfant 600 Bq, une maison en granit 4 milliards de Bq.
Plusieurs minéraux (et pierres fines) sont dailleurs plus ou moins
radioactifs en fonction des éléments instables quils peuvent
contenir.
23. La radioactivité artificielle
représente environ un tiers de lexposition moyenne totale de lhomme.
Daprès lIPSN (Institut de protection et de sûreté
nucléaire), la radioactivité artificielle est de 42 % :
41 dexposition médicale et 1 dessais darmes nucléaires
et dindustries ; selon le conseil scientifique des Nations unies
(1988), pour la France, les expositions médicales (radiographies, radiothérapies)
représentent 28,5 %, les sols et matériaux de construction
12 %, les essais nucléaires industrie et divers 1,5 %, les
eaux et aliments 10,5 %, les rayons cosmiques 10,5 % et le radon 37 %.
24. Les requêtes précitées
soulèvent de fait le problème des faibles doses radioactives.
Cette question fait lobjet de débats scientifiques à lheure
actuelle, sans que, pour linstant, un consensus se soit manifesté.
25. A titre dexemple, un article de
la
Revue générale nucléaire davril 1998 rédigé
par M. Gunnar Walinder, biologiste des radiations à luniversité
dUppsala (Suède), qui étudie la question de la dangerosité
des faibles doses* de radiation, rapporte que la peur de laccident de
Tchernobyl a pu modifier ou infléchir la position du public vis-à-vis
de lénergie nucléaire en général. Il constate
néanmoins que compte tenu du grand nombre de produits « naturels »
qui émettent des radiations, ce risque apparaît particulièrement
minime, surtout sil doit être comparé à celui encouru
à la suite des pollutions dautres matières, surtout chimiques,
comme par exemple celui de Seveso (dioxine).
26. Il sappuie sur une évaluation
statistique publiée par lUNSCEAR (comité scientifique des
radiations des Nations Unies) et la CIPR (Commission internationale de protection
contre les rayonnements) permettant de dire que, à léchelle
mondiale et pour une génération (estimée à 2 milliards
dindividus, supposés vivre 50 ans), 30 millions succomberont
dun cancer ayant pour origine le rayonnement* naturel et 16 millions,
le radon* dans les habitations (en comparaison, 600 millions succomberont
à un cancer ayant une autre origine que les rayonnements). Ces chiffres
sont à rapprocher par exemple des 20 000 décès
par cancer dus à lénergie nucléaire, cest-à-dire
la production dénergie dans les centrales nucléaires, hors
accident de Tchernobyl (30 000 cancers). En ce qui concerne lutilisation
médicale des rayonnements (diagnostic et traitement), le nombre de cancers
est de 1 600 000 (toujours à léchelle mondiale
et pour une génération) mais
« il faut mettre en
balance plusieurs dizaines de millions dindividus dont les maladies auront
été prévenues, ou qui auront été guéries
par ces traitements ». Enfin, les décès dus à
la « production et utilisation des matières radioactives »
(indépendamment de la production dénergie, déjà
citée), sont estimés à 4 000 (toujours rapportés
à 2 milliards).
27. De son côté, lAcadémie
nationale de médecine (rapport de mai 1999) est opposée à
labaissement envisagé par la commission européenne de 5 à
1 mSv/an (millisievert* par an) de la dose maximale dirradiation
admissible, indiquant :
« Cette dose (5 mSv) est en
effet largement inférieure à celle des rayonnements naturels auxquels
sont exposés depuis toujours et sans conséquence fâcheuse
décelable, des millions dêtre humains dans de vastes régions
du globe. Les commissions internationales ont, depuis trente ans, par prudence,
utilisé une relation linéaire sans existence dun seuil pour
estimer la nocivité éventuelle des faibles doses. Ce modèle
mathématique a légitimé lidée que toute dose
de radioéléments, si faible fût-elle, était nuisible ;
or, ces fondements biologiques ne sont pas cohérents avec ce que lon
sait aujourdhui du processus de cancérogenèse. »
28. Concernant spécifiquement la laine
de verre incriminée, le prix Nobel de physique Georges Charpak a déclaré
sur France-Inter le 15 janvier 1999 :
« Il y a une vaste
campagne de désinformation, les gens ne reculent devant aucun moyen.
Et cela a été illustré par lincident qui est arrivé
avec la laine de verre de Saint-Gobain ; vous savez que lannonce
quil y avait une certaine radioactivité dans la laine de verre
de Saint-Gobain a provoqué une chute de 7,5 % en Bourse, et cest
quelque chose de complètement fou, parce que cette radioactivité
est tellement faible quelle est 1 % de celle que vous avez dans votre
propre corps, due au potassium par exemple, et si vous maigrissez ou grossissez
dun kilo, vous faites une variation beaucoup plus grande que si vous vous
collez contre la laine de Saint-Gobain ; et si vous marchez sur le trottoir,
sur les bordures de trottoir qui sont en granit radioactif, cest beaucoup
plus radioactif que la laine de Saint-Gobain, alors ... on traite les citoyens
en débiles et ça marche. »
29. A lopposé de ces affirmations
rassurantes, on peut trouver sous la plume de Jean-Claude Zerbib, dans
Santé
et travail davril 1997, une conclusion plus inquiétante, fondée
sur le fait que
« les derniers résultats dune enquête
épidémiologique américano-japonaise sur les victimes dHiroshima
et Nagasaki montrent que, à des doses correspondant aux valeurs limites
actuelles dexposition professionnelle, les rayonnements ionisants peuvent
générer des cancers. »
30. Il nappartient pas à la
CSC dentrer dans ce débat ; elle est plutôt amenée,
avec les requêtes dont elle est saisie, à se poser la question
de la justification de lintroduction de certains « déchets
radioactifs » dans des produits de consommation courante, et ce,
à linsu de lutilisateur.
Emet
lavis suivant :
1. Il conviendrait de veiller à ce
que les champs de compétence des organismes nationaux et internationaux
intervenant dans le domaine de la surveillance des populations en matière
de risques liés aux rayonnements ionisants soient clairement délimités,
de façon à éviter les chevauchements possibles et à
combler les vides éventuels. Cette mission pourrait être confiée
à la future agence de lenvironnement.
2. Les autorités publiques compétentes,
en particulier lOPRI, devraient étudier tous les produits mis à
disposition des consommateurs et susceptibles dêtre radioactifs
(y compris dans le cadre de prestations de services, notamment médicales).
Il appartiendra ensuite aux autorités scientifiques de déterminer
les seuils acceptables.
3. En labsence de plan national de
gestion des déchets industriels faiblement radioactifs et au vu des risques
potentiels que ferait courir la banalisation de tels déchets, il conviendrait
dimposer aux professionnels concernés de justifier les ajouts de
substances radioactives. Une instance scientifique publique devrait avaliser
chaque ajout proposé et délivrer un avis officiel, à limage
de ce qui se pratique déjà dans de nombreux domaines.
4. Les consommateurs devraient recevoir une
information appropriée (en particulier par le biais dun étiquetage
des produits et dun affichage pour les prestations de service) dont les
modalités seraient définies par les pouvoirs publics après
concertation avec les professionnels et les associations de consommateurs. Il
conviendra de préciser si seuls les produits à radioactivité
ajoutée devront être étiquetés.
5. Pour faciliter lacquisition des
données fondamentales nécessaires à la compréhension
de cette information, il est souhaitable que des notions simples (en particulier
sur les unités de mesure de la radioactivité) soient expliquées
dans le cadre de lenseignement scolaire dispensé au collège.
6. LInstitut national de la consommation
et les associations de consommateurs devraient diffuser règulièrement
(notamment par le biais de leurs revues) des informations validées, claires,
précises et compréhensibles relatives à la radioactivité
et à ses effets.
Adopté au cours de la séance du 6 juillet
2000 sur le rapport de M. Alain Croisy, assisté de Mme Annick
Liotta et de M. Jacques Bedouin, conseillers techniques de la Commission,
conformément à larticle R. 224-4 du code de la
consommation.
* Les mots suivis dun astérisque
renvoient au glossaire en fin de rapport.
(1) Les déchets rajoutés, essentiellement
du silicate de sodium traité à la chaux, contiennent des traces
duranium et de thorium produisant une radioactivité naturelle telle
que la laine de verre finie présente une radioactivité de lordre
de 25 à 100 Bq/kg (becquerel par kilogramme). La dose maximale absorbée
qui en résulte est évaluée par Saint-Gobain à 4 µSv/an
(microsiervert par an), alors que larticle 13 de la directive européenne
96/29/Euratom du Conseil du 13 mai 1996 fixe la limite à 1 000 µSv/an
pour la population. En moyenne, lexposition individuelle est estimée
à 3,5 µSv/an dont environ 2/3 proviennent dexposition
« naturelle » (rayonnement cosmique, élements radioactifs
naturels, retombées nucléaires), le 1/3 restant provenant de lexposition
« médicale ».
(2) Larticle 3, 3
e alinéa,
donne la valeur de 10 µCi/kg (microcurie par kilogramme, le curie
étant lancienne unité dactivité), soit 370 000 Bq/kg.
(3) Le texte interdit lajout de substances
radioactives dans les denrées alimentaires, les produits cosmétiques
et les « produits domestiques ».
GLOSSAIRE
TERME | SIGNIFICATION |
Activité (radioactivité). | Capacité
dune matière à émettre un rayonnement (noyau
dhélium), ou - (électrons), ou +
(positons) ou (rayonnement électromagnétique) par suite de
la désintégration (*) des atomes : se mesure en becquerels. |
Activité massique. | Activité
par unité de masse. |
Activité
surfacique. | Activité par unité
de surface (employé pour des matériaux plats). |
Américium. | Elément
no 95, artificiel et radioactif (symbole Am). |
Becquerel (Bq). | Unité
dactivité : sa dimension est un nombre de désintégrations
par seconde (s-1). |
Débit
de dose. | Quantité de dose
par unité de temps. |
Désintégration. | Capacité
de certains atomes dits instables à se transformer en dautres
atomes en émettant une énergie sous forme de rayonnement. |
Dolomie. | Roche
composée de carbonate de calcium (CaCO3) accompagné
de carbonate de magnésium (MgCO3). |
Dose
(ou mieux : équivalent de dose). | Quantité
de rayonnements radioactifs reçue par un être vivant, en tenant
compte de lénergie transmise et de la nature du rayonnement
; sexprime en sieverts. |
Dose
absorbée. | Unité dénergie
cédée par le rayonnement à la matière quil
traverse ; sexprime en grays (*). |
Dosimétrie. | Mesure
des doses. |
Filiation. | Suite
des différents atomes successivement formés à la suite
de désintégrations ; aboutit à un élément
stable. |
Fissible. | Qui
donne lieu au phénomème de fission, cest-à-dire
à la rupture dun noyau atomique par absorption dune particule
avec dégagement concomitant dune énergie considérable. |
Gray (Gy). | Unité
de dose absorbée, valant 1 joule par kilogramme (1 J/kg) : cest
donc une unité dénergie par unité de masse. |
Irradiation. | Exposition
à laction de rayonnements (spécialement radioactifs). |
Isotope. | Chacun
des éléments chimiques de même numéro atomique
(Z) mais de masse atomique (A) différente (ex. uranium : numéro
92, isotopes 234, 235, 238 et dautres artificiels : 233, 236, 237,
239) ; cest le nombre de neutrons qui est différent. |
Laine de roche, de verre. | Produit
réalisé à partir de roche (basaltique) ou de verre
(recyclé + sable pur), ayant la texture dune laine cardée
et présentant des propriétés disolant. |
Liant. | Composé
minéral provoquant un durcissement. |
Micro
(µ). | Préfixe divisant
lunité considérée par 1 000 000. |
Niveau dexposition. | Echelon
atteint par la grandeur servant à mesurer la quantité de rayonnement
à laquelle on a été exposé ; son maximum admissible
peut être fixé réglementairement. |
Polymériser. | Préparer
un polymère, cest-à-dire un composé chimique
en chaîne de masse moléculaire très élevé,
à partir dune molécule simple dite monomère,
de masse moléculaire faible. |
Radiation. | Toute
forme dénergie émise et propagée sous forme dondes
ou de particules à travers un milieu matériel (ex. : ondes
sonores, électromagnétiques). |
Radioactif. | Se
dit dun élément présentant la propriété
de radioactivité (voir à ce mot). |
Radioactivité. | Voir
Activité. |
Radio-nucléide. | Atome
radioactif défini par son numéro atomique (Z) et son nombre
de masse (A). |
Radon (Rn). | Gaz
radioactif naturel (élément no 86). |
Rayonnement. | Emission
et propagation dun ensemble de radiations (*) avec transport dénergie
et émission de corpuscules (photons). |
Réfractaire. | Se
dit dun matériau résistant à de très hautes
températures. |
Résine
formol-phénolique. | Résine
synthétique résultant dun copolymérisation du
formol et du phénol. |
Sievert
(Sv). | Unité déquivalent
de dose, valant 1 joule par kilogramme (1 J/kg) : cest donc une unité
dénergie par unité de masse. |
Zirconium. | Elément
no 40 : métal ; on utilise le silicate de zirconium (zircon)
en joaillerie (imitation du diamant). |
CLICHÉ
BIBLIO
1
BIBLIO 2
BIBLIO3