Produit du terroir, l’huile d’olive est devenue pour certains amateurs aussi recherchée qu’un grand cru. Des défauts de traçabilité, voire des pratiques commerciales trompeuses quant à son origine, peuvent conduire le consommateur à choisir un produit qui ne répondrait pas ses attentes.
La DGCCRF exerce un contrôle régulier de ce secteur.
Pour être commercialisées, l’huile d’olive et les huiles de grignons d’olive, ainsi que leurs différentes caractéristiques, doivent répondre à des obligations réglementaires européennes[1]. Ces normes garantissent aux consommateurs la qualité du produit (conditions de stockage et de conservation, mentions obligatoires) et contribuent à sa traçabilité pour lutter contre les fraudes.
Un lien entre conditions climatiques et risques éventuels de fraudes
En 2014, les conditions climatiques ont été particulièrement défavorables aux oléiculteurs implantés en Europe. Bactéries et insectes[2] ont proliféré et décimé de nombreux champs d’oliviers provoquant ainsi la chute de la production. Ce phénomène a conduit à une hausse des cours et les prix à la production se sont envolés (6 euros le kilo, contre 3 euros en moyenne).
Dans ce contexte, des opérateurs peu scrupuleux ont pu avoir tendance à s’approvisionner dans d’autres pays et à développer des fraudes sur l’origine des huiles : de fait, la récurrence des cas de francisation ou de problèmes d’étiquetage relevés par les enquêteurs justifie l’extrême vigilance de la DGCCRF sur ce secteur, pour veiller à la loyauté de l’information des consommateurs.
Un contrôle à tous les stades pour identifier les manquements à la réglementation
Tous les niveaux de la filière ont été contrôlés par les services d’enquête : producteurs, négociants, distributeurs, marchés de plein air et sites internet.
A chaque stade, les normes de commercialisation comme l’origine de l’huile, les dénominations de vente, les mentions obligatoires, les signes de qualité, l’utilisation de mentions valorisantes ou encore la présence d’allégations nutritionnelles et de santé non autorisées, ont fait l’objet d’une attention particulière des enquêteurs.
Petit florilège des anomalies relevées lors de la dernière enquête :
- des indications trompeuses, voire fantaisistes, concernant l’origine « provenant des meilleurs terroirs européens »,
- des dénominations de vente prêtant à confusion telles que « huile d’olive extra vierge » pour désigner une huile d’olive vierge.
- des défauts dans les mentions obligatoires : absence de mention sur les conditions de conservation ou absence de la date de durabilité minimale (DDM),
- une présentation ambiguë, usurpant un signe de qualité avec une étiquette « huile d’olive produite dans la vallée des Baux-de-Provence » faisant référence à l’AOP « huile d’olive de la vallée des Baux-de-Provence »,
- l’utilisation de mentions valorisantes telles que « fruité », sans justification d’analyse,
- la présence d’allégations nutritionnelles fantaisistes comme « stimulant biliaire, elle est curative des insuffisances hépatiques » ou encore « diminue les accidents cardiovasculaires ».
Outre les vérifications relatives à l’étiquetage et à la présentation, les agents de la CCRF font réaliser des contrôles sur la qualité des produits dans les laboratoires du SCL. Pour l’essentiel, les non-conformités relevées lors des analyses organoleptiques ont conduit au déclassement de HOVE[3] en HOV[4].
Une démarche de progrès à encourager
Les enquêteurs ont pu constater que bon nombre d’opérateurs, soucieux de respecter les obligations réglementaires, ont fait évoluer leurs pratiques : formation du personnel, classement correct des huiles dans les catégories HOV ou HOVE, recours à des dégustateurs qualifiés appliquant la méthode du Conseil oléicole international (COI) pour les analyses organoleptiques. En revanche, certains petits producteurs, en raison du coût élevé d’une analyse réalisée par un jury agréé COI, peinent encore à s’inscrire dans cette démarche.
Des facteurs de risques à surveiller
Toutefois, face aux conditions climatiques difficiles qui ont gravement touché la filière en 2015, la production française a été moindre l’année dernière. Dans des conditions similaires, il avait déjà été observé la recrudescence de fraudes sur l’origine et l’arrivée sur le marché d’huiles vendues abusivement comme européennes. Dans ce contexte, la DGCCRF portera une attention particulière à ces facteurs de risques et à la traçabilité des produits, lors de ses prochaines enquêtes.
Elle rappelle en outre aux consommateurs qu’ils peuvent s’appuyer sur les signes officiels de qualité pour identifier les produits présentant les meilleures garanties de conformité.
Pour en savoir plus :
Repères sur l’oléiculture
Les plus grands pays producteurs européens : l’Espagne (57 % de la production mondiale), le Portugal, l’Italie et la Grèce. La France représente 0,2 % de la production mondiale.
Les huiles d’olive alimentaires sont classées en 4 catégories : huile d’olive vierge extra, huile d’olive vierge, huile d’olive, huile de grignons d’olive.
Les 7 AOP* de l’huile d’olive française
- Huile d’olive de Nyons
- Huile d’olive de la vallée des Baux-de-Provence
- Huile d’olive d’Aix-en-Provence
- Huile d’olive de Haute-Provence
- Huile d’olive de Nice
- Huile d’olive de Corse (Oliu di Corsica)
- Huile d’olive de Nîmes
*appellation d’origine protégée
L’action de la DGCCRF en 2014 sur l’huile d’olive
287 établissements visités
146 prélèvements analysés par le SCL
Taux de non-conformités : 46,5 %
(présence de défauts organoleptiques conduisant au déclassement des huiles, dépassements des critères physico-chimiques, mélange avec de l’huile raffinée de même nature ou de nature différente telle que soja ou colza, utilisation de dénomination « à la truffe » non conforme).
Suites données :
9 procès-verbaux
18 injonctions (composition et étiquetage)
86 avertissements