Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

Siphons culinaires, à manier avec précaution

Chantilly, mousse et sauce légère, ces préparations culinaires peuvent être obtenues à l’aide d’un siphon culinaire. Face à l’engouement des consommateurs pour ces appareils, des offres d’entrée de gamme sont apparues sur le marché, parfois au détriment de la qualité des produits. Fonctionnant sous pression, le siphon culinaire n’est pas dénué de risques lors de son utilisation. Plusieurs accidents survenus depuis 2010 ont démontré la dangerosité de certains modèles.

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Pour y remédier, la DGCCRF procède régulièrement au contrôle des siphons culinaires à usage domestique et alerte les consommateurs sur la dangerosité potentielle de ces produits et les règles à suivre pour éviter les accidents. Anna Maria Lau, expert au bureau des produits industriels à la DGCCRF, dresse un état des lieux.



Depuis 2010, plusieurs explosions de siphons culinaires (également appelés « siphons à crème » ou « siphons à chantilly ») ont causé des accidents domestiques graves. En général, les appareils concernés sont constitués d’une tête en matière plastique et d’un corps en aluminium et ont été achetés entre 2010 et 2013.

Quelles sont les actions engagées par la DGCCRF pour sensibiliser le public sur les risques potentiels ?

Ces dernières années, la DGCCRF a procédé à plusieurs enquêtes sur les siphons culinaires, dont la dernière en date au 1er trimestre 2018. Au total, plus de 200 000 produits dangereux ont été rappelés.

La DGCCRF a également soutenu la création de la norme française NF D21-901 :2013 qui spécifie les exigences de sécurité et les méthodes d’essai applicables à ces appareils qui ne disposaient, jusque-là, d’aucun référentiel technique spécifique.

La DGCCRF a, par ailleurs, largement communiqué auprès des fabricants, des importateurs et des distributeurs de siphons culinaires, y compris auprès des opérateurs de l’e-commerce. La DGCCRF a rappelé à ces opérateurs leur responsabilité concernant la conformité et la sécurité des siphons importés et commercialisés ainsi que la nécessité de diffuser une information la plus large possible sur les risques présentés par certains de ces produits.

Ainsi, en 2017, une vingtaine de fournisseurs et d’enseignes membres de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et la Confédération générale des importateurs (CGI) ont diffusé un avis de sécurité commun invitant les consommateurs à ne plus utiliser de siphons à chantilly avec tête en plastique.

La DGCCRF communique aussi de manière récurrente auprès des consommateurs, que ce soit à l’adresse des détenteurs de siphons culinaires ou des potentiels acheteurs (notamment dans les brocantes ou sur les plateformes de vente en ligne de produits d’occasion entre particuliers) afin qu’ils vérifient que le siphon ne fait pas partie de la liste des produits dangereux rappelés, ou afin qu’ils ne l’utilisent plus en cas de doute quant au modèle ou à la référence[1].

Les siphons commercialisés sont-ils désormais plus sûrs ?

On constate que la communication sur les risques présentés par ces produits, les nombreux rappels, la médiatisation des accidents graves ont joué en faveur d’une meilleure connaissance des risques. Les opérateurs disposent désormais de la documentation technique et des rapports d’essais attestant de contrôles réalisés en usine ou, le plus souvent, par un laboratoire extérieur compétent. Dans tous les cas, ces documents sont exigés par nos services dans le cadre d’un contrôle.

L’offre s’est globalement resserrée sur des produits entièrement en métal qui offrent de meilleures garanties de sécurité.

Les produits commercialisés doivent être munis d’une notice complète, explicite et rédigée en langue française comportant les avertissements de sécurité, les instructions de montage et d’entretien, la conduite à tenir en cas de non-fonctionnement ou en cas d’obstruction du produit pendant l’utilisation, le niveau de remplissage et le nombre de cartouches de gaz à utiliser. Les cas de notice incomplète constatés par la DGCCRF ont donné lieu à des suites, en vue d’une mise en conformité.

Quels sont les résultats de la dernière enquête de la DGCCRF ?

L’enquête menée en 2018, fondée à la fois sur des contrôles documentaires et des prélèvements pour analyse en laboratoire, visait essentiellement à vérifier la sécurité des produits, les procédures d’autocontrôles mises en place par les professionnels et leurs résultats, ainsi que la traçabilité des produits.

Pour cela, les enquêteurs ont visité 111 établissements répartis dans huit régions, majoritairement (49 %) des détaillants, commerces spécialisés ou non dans les produits culinaires. Le taux d’anomalies relevé est relativement faible (1,8 % au regard des 214 actions de contrôle réalisées) et concerne essentiellement l’insuffisance des informations présentes dans les notices d’emploi des produits.

Sur les sept siphons entièrement en métal prélevés en vue d’analyses en laboratoire, 4 ont été déclarés non conformes. Il s’agissait toutefois de non conformités formelles qui n’étaient pas de nature à induire un danger lors de l’utilisation[2]. Les professionnels ont procédé à un retrait de leurs produits en vue d’une mise en conformité. Un seul siphon a été reconnu comme étant non conforme et dangereux. Ce produit n’avait pas encore été proposé à la vente en rayon et a fait l’objet d’une mesure de retrait. Dans la prolongation de l’enquête, l’opérateur a procédé au contrôle et au rappel d’une autre référence du même modèle commercialisée en 2017.

L’enquête a montré que l’action de sensibilisation sur la dangerosité potentielle de ces produits doit être poursuivie, notamment auprès de certains distributeurs, tels que les solderies.

Par ailleurs, la récurrence des accidents avec des produits ayant fait l'objet de rappels, mais dont les propriétaires ne se sont pas encore défaits, montre la nécessité de poursuivre les actions de communication auprès des consommateurs. C’est pourquoi la DGCCRF a sollicité les distributeurs afin qu’ils poursuivent l’affichage en magasin de messages d’alertes, notamment à proximité des rayons de cartouches de gaz pour les siphons et a également demandé aux sites de recettes en ligne, ou proposant des stages de cuisine, de relayer les conseils de prudence invitant leurs clients à consulter la liste des produits déjà rappelés.

Même si les produits actuellement commercialisés sont de meilleure qualité, la DGCCRF maintient sa vigilance et poursuit ses actions.

La DGCCRF invite les consommateurs à rester vigilants tant lors de l’achat que de l’utilisation de siphons culinaires, d’une part en vérifiant que les produits qu’ils possèdent ne font pas partie de la liste des produits rappelés, d’autre part en respectant les précautions d’utilisation données par le fabricant.


[2] Trois pour des raisons de marquage et/ou de notice, un pour une raison de construction (la valeur mesurée de la pression de rupture étant légèrement inférieure à la valeur minimale requise). Pour ce dernier, l’écart étant toutefois minime, il a été analysé comme une non-conformité mineure et n’étant pas de nature à induire un danger lors de l'utilisation.

Liens utiles

Comment choisir ou utiliser un siphon culinaire ?

Les recommandations de la DGCCRF

  • privilégiez l’achat d’un produit qui revendique la conformité à la norme NF D21-901 ;
  • assurez-vous que le siphon n’est pas concerné par une mesure de rappel et en cas de doute cessez de l’utiliser ;
  • conformez-vous scrupuleusement aux précautions d’emploi indiquées par le fabricant dans le mode d’emploi ;
  • ne remplissez pas le siphon au-delà du niveau maximal de remplissage indiqué par le fabricant ;
  • respectez bien le nombre et la nature des cartouches de gaz mentionnés dans la notice ;
  • débarrassez-vous de votre appareil au premier signe de vieillissement ou de dysfonctionnement.