[Vidéo] Remise du rapport sur le projet de loi simplification

Le rapport des parlementaires sur le projet de loi simplification est remis, jeudi 15 février, aux ministres Bruno Le Maire et Olivia Grégoire. Ce projet de loi est la concrétisation de la volonté du Gouvernement de transformer l’action publique en simplifiant les démarches des particuliers et en facilitant le développement des entreprises par l’accélération des procédures administratives.

Louis Margueritte, député de Saône-et-Loire, Alexis Izard, député de l’Essonne, Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire, Anne-Cécile Violland, députée de Haute-Savoie et Nadège Havet, sénatrice du Finistère, ont remis le jeudi 15 février à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, leur rapport pour simplifier la vie des entreprises.

Détails et origines du rapport sur le projet de loi simplification

Le rapport des parlementaires sur le projet de loi simplification est constitué de 14 mesures visant à simplifier la vie des entreprises et est le fruit d’échanges, partout en France, avec les acteurs économiques au cours de 50 déplacements et 30 réunions publiques.

Il s’inscrit dans les « Rencontres de la simplification » lancées par les ministres le 15 novembre dernier. Il vient compléter les consultations avec les représentants des fédérations professionnelles, qui ont permis de recevoir près de 1 500 propositions, et la grande consultation publique lancée sur le site make.org, qui a elle permis de recueillir 5 300 propositions et près de 730 000 votes.

Pourquoi un projet de loi sur la simplification ?

Le chantier de la simplification vise à rompre avec l’inflation normative et avec la complexité des procédures qui mettent en difficulté les chefs d’entreprises. Si depuis 2017 plusieurs lois et règlements ont favorisé l’activité des entreprises et amorcé la simplification de leur vie quotidienne, les démarches administratives sont encore et souvent considérées comme un réel frein par les entreprises, notamment les TPE.

Ce rapport constitue donc une étape décisive dans la construction du projet de loi Simplification pour « déverrouiller » l’économie française. Il doit être présenté avant l’été au Parlement.

14 propositions pour simplifier la vie des entreprises

À titre d’exemple, la suppression des irritants suivants, relevés lors des échanges avec les acteurs économiques sur le terrain, faciliterait significativement la vie des entrepreneurs des TPE et PME.

Comment s’y retrouver lorsque le code de la sécurité sociale ne prend en compte que les effectifs de l’entreprise, que le code du travail y ajoute les personnels extérieurs présents depuis un an et que le code du commerce ne prend en compte que les effectifs permanents ? Même si la loi PACTE avait déjà réduit les écarts, les constats semblent demeurer. Il ne doit exister qu’une seule modalité de calcul.

Suppression du double dépôt du formulaire de déclaration des honoraires (DAS2) via la Déclaration Sociale Nominative d’une part et via le site de l’administration fiscale d’autre part.

Suppression de l’obligation de créer une Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE) dont l’utilité réelle n’est pas avérée dans un contexte de renforcement des obligations de reporting extra-financier (CSRD prévue par le droit européen).

Simplification de la déclaration des arrêts de travail et la liquidation des indemnités journalières. Par exemple, dans la majorité des cas, l’avis d’arrêt de travail transmis par le médecin prescripteur ou l’assuré pourrait suffire à déclencher le versement des indemnités journalières.

Suppression de l’attestation employeur rematérialisée qu’il suffirait de dématérialiser et d’horodater en lieu et place de l’attestation papier demandée par Pôle emploi.

Pour les plateformes de financement participatif, exempter de déclaration via le formulaire n°2062 en doublon avec l’Imprimé Fiscal Unique (IFU) n°2561.

Les PME sont soumises à plusieurs enquêtes obligatoires annuelles sous peine d’une amende de 3 750 € : enquête annuelle de conjoncture des entreprises, enquête sur les effectifs salariés, enquête sur les prix à la production. Nombre des données collectées sont par ailleurs déjà recueillies par d’autres entités publiques.

À l’heure du numérique, il faut repenser les méthodes de collecte de ces statistiques nationales et supprimer autant que possible les sollicitations auprès des TPE PME.

À défaut de leur suppression, une coordination des enquêtes associées à un pré-remplissage de celles-ci avec les données déjà détenues par l’administration allègerait la charge pour les entreprises. L’absence de réponse ne devrait par ailleurs pas entraîner d’amende.

Le dispositif du titre emploi services entreprises (Tese) et ses équivalents sectoriels (Tesa notamment) permet de s’acquitter simplement des formalités en matière d’emploi et de gestion du personnel, dont l’établissement du contrat de travail, par le recours à un formulaire simplifié identifiant le salarié par quelques données.

Toutefois, contrairement au chèque emploi services universel pour les particuliers employeurs (Cesu), le Tese laisse à la charge de l’employeur un certain nombre de formalités auprès des différents organismes sociaux (contribution à la formation professionnelle prévue par les différentes conventions collectives, prévoyance, etc.) ce qui en fait un dispositif peu mobilisé (140 000 salariés).

Le Tese et ses équivalents sectoriels doit intégrer l’ensemble des flux financiers et administratifs liés aux formalités sociales (embauche, paie, accidents du travail, etc.) afin de devenir la référence pour les entreprises de moins de 50 salariés. Une meilleure connaissance et communication du dispositif permettrait de répondre au besoin de simplifier ces démarches.

Au-delà de ces exemples, cette proposition générique nécessite un travail de fond plus approfondi. Il est donc proposé d’établir sous trois mois la liste des principaux doublons (en termes d’impact pour les entreprises) et de les supprimer par la loi ou le règlement (L et R) dans l’année. Ce travail sera poursuivi dans l’année suivante, en visant la suppression de tous les doublons.

Pour l’ensemble de leurs démarches du quotidien, les entrepreneurs des TPE et des PME font face à de multiples interlocuteurs et guichets de l’administration.

Des freins à l’application de ce principe demeurent toutefois alors que les fonctionnalités apportées par les outils numériques devraient permettre d’accélérer les échanges de données sur les entreprises au sein de l’administration. C’est le cas des interfaces de programmation automatisée (API) ou des espaces sécurisés de données.

La combinaison de ces deux solutions permettrait d’éviter à l’administration de demander deux fois un même document et de faciliter les démarches administratives des entreprises en procédant à un pré-remplissage des formulaires en lieu et place de l’entreprise ou en calibrant mieux les informations résiduelles à fournir par celle-ci.

Les organismes publics devraient être contraints d’ouvrir aux autres organismes de l’administration, sous deux ans, l’accès aux données relatives aux entreprises qu’ils détiennent, par le biais d’interfaces de programmation automatisée (API).

Une coordination de ces API, assurée par la DINUM, permettrait de mettre en place l’équivalent d’un « coffre-fort » numérique unique où seraient accessibles les éléments relatifs aux entreprises détenus par l’administration, dans le strict respect de la confidentialité (secret des affaires, secret fiscal, etc.).

À titre d’exemple, alors que les visites d'information et de prévention doivent intervenir dans les trois mois suivant l’embauche, il paraît souhaitable que la Déclaration Préalable à l’Embauche envoyée par l’entreprise génère automatiquement une déclaration auprès de la médecine du travail pour prise de rendez-vous avec le nouveau salarié.

Une éventuelle circulaire interministérielle devra nécessairement être complétée de l’identification de référents au sein des administrations pour diffuser le principe « Dites-le nous une fois pour toutes » et garantir sa bonne application pour l’ensemble des démarches des entreprises.

La DINUM, en lien avec la mission interministérielle Simplification et modernisation des formalités des entreprises de la Direction Générale des Entreprises, devrait être responsable du suivi de cette mise en œuvre au bénéfice des TPE et PME.

L’obligation prévue par le code du commerce de déposer les comptes au greffe du tribunal en fait partie. En effet, les mêmes informations sont transmises à l’administration fiscale (dans un format et dans un calendrier légèrement différent). De surcroît, les entreprises doivent s’acquitter d’un coût certes minime mais non justifié pour déposer les comptes au tribunal de commerce alors que le dépôt de la liasse fiscale est gratuit.

Les dispositions législatives et réglementaires nécessaires doivent être prises pour faire cesser le double dépôt des comptes au greffe du tribunal de commerce, l’administration fiscale pouvant se charger de la transmission des informations sur option des entreprises.

Il est proposé de laisser au maximum deux ans aux administrations pour développer les outils informatiques nécessaires, de manière à ce que plus aucune administration n’ait à demander des informations qu’elle détient déjà (principe général à inscrire dans la loi). Le tout sous le contrôle du Parlement.

L’extension automatique des accords de branche soutient la dynamique des salaires et permet de limiter les pratiques anticoncurrentielles entre entreprises d’une même branche. Or, les petites et jeunes entreprises, qui disposent d’un plus fort potentiel de croissance, sont peu représentées dans les négociations des accords de branches.

Dès lors, la mise en place de salaires minimum conventionnels pèse sur leur capacité à créer des emplois. La plupart des accords de branche ne prévoient pas d’adaptation aux TPE et aux PME.

Les jeunes entreprises de moins de 50 salariés pourront déroger provisoirement et de manière sélective aux dispositions des accords de branche (minima conventionnels, temps de travail, etc.), après accord individuel des salariés, avant de se mettre en conformité via, notamment, l’augmentation des salaires au bout d’un délai de cinq ans.

La durée minimale du temps de travail pour un emploi à temps partiel a été fixé à 24 heures hebdomadaires. Ce plancher fixé en 2014 visait l’augmentation du nombre d’heures travaillées des salariés à temps partiel. Des dérogations sont possibles par un accord de branche, quoique peu utilisées en dehors des conventions collectives nationales des hôtels, cafés et restaurants et du sport.

Pourtant, les comparaisons européennes, avec un recours accru aux contrats à temps partiel notamment par les pays nordiques, démontrent l’impact positif pour l’emploi et la croissance de la flexibilité dans le recours au temps partiel. Le temps partiel permet également un retour dans l’emploi de personnes qui en ont été éloignées ou le maintien en emploi de certaines populations.

Il est nécessaire d’accroître la flexibilité du recours au temps partiel de manière à favoriser la création d’emplois. Le plancher d’heures hebdomadaires pourrait être revu à la baisse.

Il est proposé d’intégrer ces dispositions législatives dans le projet de loi. Une expérimentation serait utilement menée dans le courant de l’année afin de confirmer avec les PME les dispositions des accords de branche pouvant faire l’objet de dérogations.

La loi PACTE a articulé les obligations administratives des entreprises autour de trois seuils d’effectifs (11, 50 et 250) reprenant ainsi des seuils européens9. Si cette rationalisation a constitué une première étape de simplification, il n’en demeure pas moins que les contraintes associées à chaque seuil demeurent. Ainsi les entreprises de plus de 11 salariés ont des obligations en matière d’emploi de travailleurs handicapés.

Au-delà de 50 salariés, elles doivent nommer un commissaire aux comptes, mettre en place un dispositif de lanceur d’alerte ou établir la BDESE. Une deuxième vague de simplification, en relevant d’un cran les seuils auxquels certaines contraintes s’appliquent, allègerait la charge administrative des TPE et PME et soutiendrait, in fine, l’emploi et la croissance de ces entreprises. Cette évolution doit être strictement orientée vers la simplification, sans introduire davantage de complexité via des seuils intermédiaires.

De 11 à 50 salariés

  • Contrôle Urssaf limité à 3 mois et versement des cotisations sociales trimestriellement

De 50 à 250 salariés

  • Obligation d’établir la base de données économiques sociales et environnementales
  • CSE renforcé (personnalité juridique et consultations obligatoires)
  • Établissement d’un règlement intérieur
  • Dispositif de lanceur d’alerte.

Trois niveaux d’ambition sont possibles (la plus ambitieuse est celle visée):

  1. écaler l’ensemble de ces trois seuils d’un cran,
  2. relever une partie des obligations relevant de chaque seuil,
  3. à défaut, des seuils intermédiaires de 20 et 100 salariés pourraient également être créés en lieu et place des seuils à 11 et 49 actuels.

La création d’un seuil à 1000 salariés, traduisant mieux la réalité économique des ETI françaises et européennes, devrait être soutenue au niveau européen. Certaines obligations valant aujourd’hui dès 251 salariés pourraient être reportés à ce nouveau seuil (critères renforcés pour la définition des licenciements pour motif économique, présence d’un infirmier dans les établissements, renforcement des indicateurs dans la BDESE, etc.).

Ces réflexions doivent être l’occasion de réinterroger les conséquences du franchissement du seuil. Si un délai d’adaptation a été instauré pour certaines obligations, celui-ci ne s’applique pas systématiquement à l’ensemble des mesures portant sur ces entreprises.

C’est le cas par exemple pour le prolongement du bénéfice du statut de jeune entreprise innovante (JEI) qui est moins-disant que la réglementation communautaire lors du franchissement du seuil de 250 salariés en n’exploitant pas pleinement le délai de deux ans permis au sein de l’UE (un exemple de surtransposition du droit européen).

Le droit bancaire et assurantiel est aujourd'hui plus protecteur pour les particuliers que pour les entreprises, notamment dans les modalités de résiliation et de mise à disposition d’un relevé mensuel des frais acquittés notamment.

À titre d’exemple, les particuliers bénéficient d’un droit à la mobilité bancaire avec l’obligation des établissements de départ de fournir tous les renseignements nécessaires aux établissements d’arrivée sans facturation. Ils peuvent également résilier leur assurance multirisques professionnelle de manière infra-annuelle.

Il est donc proposé d’aligner les droits des TPE et des PME sur ceux des particuliers dans un sens favorable à la transparence et à la mise en concurrence au bénéfice du client.

Cette mesure législative devra nécessairement être élaborée avec les représentants bancaires. Par comparaison avec les délais d’application de l’aide à la mobilité bancaire pour les particuliers, une application sous deux ans paraît une cible réaliste.

Les difficultés structurelles auxquelles les TPE et PME sont confrontées du fait de la complexité des nombreuses démarches et obligations qui pèsent sur elles est aggravé par un trop grand recours de l’administration aux procédures d’autorisation plutôt que de déclaration.

Les régimes de déclaration devraient devenir la norme. Les régimes d’autorisation devraient être retenus uniquement lorsque cela est justifié par des raisons particulières (règle européenne, enjeux sanitaires ou de sécurité, etc.).

Les procédures d’autorisation pesant sur les entreprises, qu’elles soient législatives ou réglementaires, nécessitent un recensement exhaustif afin d’en transformer un maximum en régime de déclaration. Ce recensement pourrait par ailleurs trouver une seconde utilité en servant de référence aux entreprises qui peuvent manquer d’information sur les démarches d’autorisation ou de déclaration applicables à leurs activités.

En outre, l’article 1er de la loi n° 2013-1005 du 12 novembre 2013 habilitant le Gouvernement à simplifier les relations entre les citoyens et l’administration a renversé le principe traditionnel selon lequel « le Silence de l’administration vaut rejet » (SVR). Désormais, le silence gardé pendant deux mois par l'administration sur une demande vaut décision d'acceptation.

De nombreuses exceptions à cette règle demeurent toutefois, par exemple dans le domaine du droit du travail. C’est le cas pour les exemples suivants pour lesquels l’absence de réponse vaut refus :

  • autorisation d'interruption ou de notification du non-renouvellement de la mission d'un salarié temporaire,
  • autorisation de transfert du contrat de travail d'un salarié compris dans un transfert partiel d'entreprise ou d'établissement,
  • dérogation aux règles d'utilisation des protecteurs auditifs individuels.

Par ailleurs, toujours dans le domaine de la réglementation du travail, les autorisations suivantes, pour lesquelles l’absence de réponse sous 8 à 30 jours vaut acceptation, pourraient être transformées en simples déclarations (pouvant être contrôlées ex-post) :

  • autorisation de dépassement de la durée quotidienne maximale de travail effectif par salarié,
  • autorisation de dépassement de la durée maximale hebdomadaire absolue du travail,
  • dérogation individuelle à la durée hebdomadaire maximale moyenne de travail,
  • autorisation de pratique des horaires individualisés,
  • autorisation de substitution à la période 21 heures-7 heures, pour la définition du travail de nuit,
  • autorisation d'affectation des travailleurs à des postes de nuit.

Un recensement exhaustif des régimes d’autorisation en « silence vaut acceptation » doit déboucher sous un an sur une limitation drastique des délais de réponse supérieurs à trois mois, voire vers la transformation de certaines procédures vers un régime de déclaration, dans le respect du droit européen.

Les éventuelles dispositions de niveau législatif devraient être intégrées au projet de loi tandis que la voie réglementaire devrait être poursuivie en parallèle pour les autres dispositions.

Dans le domaine des travaux de commerce, pour les boutiques de plus faible surface, l’obligation de disposer d’une autorisation du préfet ou du maire de la commune d’implantation occasionne des délais jusqu’à 6 mois.

Les travaux de commerce doivent être soumis à un régime de déclaration et non d’autorisation dès lors que la surface d’implantation ne le justifie pas.

Le régime de déclaration pourrait également être mise en œuvre s’agissant des permis de construire déposés sur le périmètre d’une opération d’aménagement réalisée sous permis d’aménager ou en zone d’aménagement concerté qui ont déjà fait l’objet d’un contrôle de l’administration s’agissant de la constructibilité et de la viabilité des lots.

Certaines circonstances exceptionnelles ont conduit l’Etat à adopter des mesures temporaires de simplification s’appuyant sur la dématérialisation des démarches à destination des entreprises. C’est le cas s’agissant de la gestion de la crise sanitaire ou des travaux des Jeux olympiques et paralympiques.

Ainsi les règles d’urbanismes ont été adaptées pour respecter les échéances relatives à la livraison des équipements et infrastructures nécessaires à l’organisation des jeux (accélération et simplification des consultations du public) et les démarches dématérialisées ont été très largement élargies (AG, dépôt de demandes d’autorisation, etc.)

Il convient désormais de tirer les apprentissages de ces mesures temporaires : la possibilité de recourir à des démarches dématérialisées doit être généralisée.

Les TPE et les PME doivent avoir la possibilité de réaliser 100 % de leurs démarches administratives de manière dématérialisée.

De même que les démarches administratives doivent pouvoir être réalisées de manière dématérialisée, il est incompréhensible qu’en 2024 certaines formalités de la vie des entreprises ne puissent recourir aux solutions de visio-conférence.

C’est le cas par exemple 21 pour les SARL et les SA s’agissant de l’approbation des comptes, des comptes consolidés et des rapports de gestion. Pourtant, les outils de visio-conférence permettent désormais une entière participation des associés à ces décisions.

Sans préjudice du droit d’information des associés, il convient d’élargir la possibilité pour les SARL et les SA de recourir à la visioconférence y compris pour l’approbation des comptes, des comptes consolidés et des rapports de gestion. Le droit d’opposition au recours à la visioconférence actuellement prévu par les textes au profit des associés/administrateurs serait maintenu.

Il convient ainsi que les autorités publiques en charge des demandes d’autorisation (urbanisme, environnement, etc.) disposent d’un logiciel permettant l’instruction dématérialisée de ces demandes, tout en conservant, pour les entreprises qui le préfèrent, la possibilité de déposer un dossier papier. Le temps des agents publics ainsi dégagé par l’usage du numérique11 doit permettre de renforcer l’accompagnement des usagers.

Car si la dématérialisation a permis d’accélérer certaines démarches administratives des entreprises, il serait contre-productif, en particulier pour les plus petites entreprises, que celle-ci se fasse au détriment de l’accès à un accompagnement « humain ». L’impossibilité d’accéder à un contact direct avec les différentes administrations est une source majeure de difficulté pour les entrepreneurs.

Toutes les entreprises doivent avoir un accès garanti à un interlocuteur direct, à un horaire déterminé à l’avance, dans le cadre de leurs démarches administratives afin d’obtenir des renseignements sur la législation, sur le suivi de leurs dossiers ainsi que sur des sujets techniques (Urssaf notamment).

En parallèle, et dans la continuité des efforts déjà réalisés, il est nécessaire de systématiser les foires aux questions lors de l’entrée en vigueur de nouvelles réglementations qui impactent les chefs d’entreprises ainsi que des sessions d’informations publiques préalablement à l’entrée en vigueur.

Ces dispositions, de niveaux législatif et réglementaire, ont toute leur place dans leur projet de loi. L’expérience de la crise sanitaire permet d’envisager une cible ambitieuse de mise en œuvre sous un an.

Certaines démarches et autorisations administratives requièrent un avis préalable d’instances consultatives chargées de veiller à ce que l’ensemble des parties prenantes concernées aient eu l’opportunité d’exprimer leur position sur un projet en amont de son dépôt. C’est le cas par exemple de la Commission nationale de débat public (CNDP) ou de la Commission de concertation du commerce (CCC).

Cependant d’autres modalités de concertations ont été introduites au cours des dernières années, l’intervention de ces instances devenant ainsi redondante et retardant la réalisation des projets sans véritable justification. S’agissant de la CNDP, la loi industrie verte a ainsi ouvert la possibilité de faire évoluer des projets industriels même une fois le dossier déposé, en interaction avec le public.

L’avis préalable de la CNDP n’est donc plus justifié et doit être aménagé. De même, la Commission de concertation du commerce a été remplacée par le Conseil national du commerce sans que les dispositions législatives nécessaires aient été prises.

L’existence et la temporalité des instances consultatives (CNDP, CCC) doivent être réévaluées (L) au regard des évolutions récentes du droit afin de simplifier et accélérer la réalisation des projets. Les projets démarrant dès 2025 pourraient ainsi être concernés par les nouvelles modalités.

La complexité et l’évolution permanente des normes a atteint un niveau tel que des entrepreneurs bien intentionnés ne peuvent plus savoir avec certitude s’ils sont en conformité avec leurs obligations.

Au-delà de la nécessaire simplification des normes, l’administration doit offrir des outils de sécurisation de la conformité des TPE et PME à leurs obligations, sur le modèle de l’examen de conformité fiscale qui peut être sollicité auprès de l’administration fiscale pour certaines évaluations.

Cela est particulièrement vrai dans le cadre de l’application de nouvelles règles. S’appuyant sur le retour d’expérience de la DGFiP, l’ensemble des administrations de contrôle (inspection du travail, environnementale, DGCCRF, DGDDI) devraient permettre aux entreprises de solliciter un examen de conformité aux règles dont elles ont la charge de vérifier la bonne application.

Il faut permettre aux entreprises souhaitant bénéficier d’un accompagnement dans leur processus de mise aux normes, de solliciter une visite de conformité auprès de l’autorité publique compétente.

Ces visites permettront de développer une relation de confiance entre les entreprises et l’administration, et de garantir une plus grande effectivité des normes in fine.

Parallèlement, les cessions d’entreprises sont une occasion privilégiée de constater, par le repreneur, d’éventuels écarts aux règlementations en vigueur. Pourtant, le nouveau propriétaire peut ne pas être en capacité matérielle immédiate de procéder à la mise en conformité. Un délai accordé par l’administration sécuriserait ainsi le repreneur.

Lors d’une cession d’entreprise et lorsque la sécurité des employés ou une atteinte grave à l’environnement n’est pas en jeu, il faut que l’administration ré-évalue les éventuels délais qu’elle a accordés à l’entreprise pour la mise en conformité afin de ne pas peser de manière excessive sur le repreneur.

L’utilisation du rescrit, pour l’instant essentiellement cantonné au domaine fiscal, permettrait enfin de rassurer les chefs d’entreprises. L’ouverture d’une base publique de rescrits permettrait en outre de sécuriser les décisions des TPE et PME.

La possibilité de solliciter une visite de conformité doit être créée au plus vite par voie réglementaire. La possibilité de solliciter un délai de mise en conformité après la reprise pourrait être intégré dans le projet de loi. Ces dispositions renforceraient dès l’année prochaine la sécurité juridique des TPE et PME.

Les délais de recours et les durées de contentieux sont très épars selon la matière concernée (administratif, social, fiscal, urbanistique, environnemental) et trop longs (jusqu’à une année) ce qui nuit à la sécurité juridique des entreprises.

Un exemple symbolique et typique : celui des recours prud’hommaux. Les délais de recours prud’hommaux en matière de rupture du contrat de travail sont en effet très élevés en France.

Le délai de prescription médian dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est de deux mois à partir de la date effective du licenciement, là où il est d’un an en France. Ce délai affecte la prévisibilité du coût du licenciement et impacte in fine les décisions d’embauche. Le taux d’appel et la proportion de décisions infirmées est sensiblement supérieur à celui des autres instances : 60 % des décisions font l’objet d’un appel et plus de 70 % sont infirmées (totalement ou partiellement) contre environ 15 et 50 à 60 % dans les tribunaux de commerce et d’instance.

Dans la continuité des mesures mises en œuvre en 2017 pour améliorer la flexibilité du marché du travail, les délais de recours prud’hommaux fondés sur la rupture du contrat de travail doivent être réduits à 6 mois pour se rapprocher de la moyenne des pays comparables.

Les TPE et PME sont susceptibles de subir un contrôle d’un grand nombre d’autorités publiques (administration fiscale, Urssaf, DGCCRF, DREAL, DGSCGC, etc.). De surcroît, c’est parfois en engageant une démarche administrative qu’une entreprise voit se multiplier les contrôles. Il en est ainsi d’une entreprise ayant sollicité le CIR et ayant été soumise dans la foulée à trois contrôles fiscaux différents sans qu’aucun ne révèle de fraude.

Une rationalisation des entités susceptibles de contrôler les TPE et PME permettrait d’alléger le ressenti négatif des entreprises vis-à-vis des contrôles pourtant nécessaires pour s’assurer du respect des lois.

À titre d’exemple, le contrôle des établissements recevant du public, relevant aujourd’hui de la DGSCGC, pourrait être centralisé, s’agissant des contrôles des entreprises, au sein de la DGCCRF. Une telle évolution doit résulter d’une objectivation des contrôles auxquels ces entreprises sont soumises.

Quand un contrôle a établi une conformité, une limitation temporelle pour les autres services pourrait être envisagée pour les TPE et les PME (sur une période restant à préciser).

Plus généralement, les réseaux de contrôle devraient partager l’information sur l’existence de contrôles réalisés dans les trois dernières années et la nature des suites données afin de réduire les risques de contrôles trop rapprochés sur des TPE et PME a priori de bonne foi.

Il conviendrait également de vérifier que tous les réseaux de contrôles sont dotés de chartes de contrôles de niveau comparable aux engagements de la DGFiP et de procéder aux ajustements nécessaires.

Ces dispositions de niveau infra-législatives sont susceptibles d’être mises en œuvre rapidement à condition d’un portage politique important.

Le droit des affaires a été fortement pénalisé là où des sanctions contraventionnelles seraient plus adaptée dans les cas de bonne foi.

Par exemple, un chef d’entreprise qui ne dépose pas le registre des bénéficiaires effectifs est susceptible d’une sanction pénale, et ce alors même qu’il n’a pourtant aucun moyen de s’assurer de la bonne réception de son dépôt auprès de l’administration. D’autres exemples de sanctions de niveau pénal peuvent peser sur la responsabilité des entrepreneurs sans que le niveau pénal ne puisse être justifié.

Cette situation pèse sur le moral des chefs d’entreprises et leur crainte de mal faire, là où souvent il ne peut leur être reproché qu’un manque d’information suffisante.

Il faut dépénaliser les niveaux de sanction en cas de premier manquement de bonne foi à des obligations déclaratives des dirigeants (par exemple, l’obligation de dépôt du registre des bénéficiaires effectifs).

Le taux de défaillance augmente significativement avec la longueur des délais de paiement des donneurs d’ordre publics. D’après la Banque de France, ce taux est presque deux fois plus élevé lorsque les délais sont supérieurs à 90 jours, par rapport au niveau atteint lorsque les donneurs d’ordre publics respectent le plafond légal de 60 jours.

Si les délais de paiement de l’État se sont considérablement améliorés, la situation reste très perfectible pour les établissements publics de l’État, les hôpitaux et les collectivités territoriales qui représentent pourtant une part majoritaire de l’achat public.

Or le taux des intérêts moratoires en cas de retard de paiement est moins élevé pour les acheteurs publics que lors de paiements entre entreprises. Il est nécessaire d’obliger les acheteurs publics au respect des délais de paiement, en particulier pour les TPE et PME.

Le taux des intérêts moratoires en cas de retard de paiement des acheteurs publics doit être réhaussé au moins au niveau de celui en vigueur entre entreprises (passer de 8 points à 10 points au-dessus du taux d’intérêt appliqué par la BCE).

Par ailleurs, les délais de paiement devraient courir dès réception de la facture (et non lors de l’enregistrement dans Chorus, ce qui permet de décaler la date de départ de la créance et de masquer de réels retards de paiement). D’un niveau exclusivement réglementaire, ces mesures peuvent être implémentées en parallèle de l’examen du projet de loi.

L’accès à la commande publique est encore trop compliqué et redondant pour les TPE et PME. Plusieurs barrières demeurent :

  • la multiplication des plateformes d’achats publics,
  • la complexité et la longueur des procédures de consultation,
  • des exigences techniques et financières élevées,
  • le manque d’information et de visibilité sur les opportunités de marché, etc.

Cette lourdeur dissuade les TPE et PME de répondre aux consultations ou grève leur productivité lorsqu’elles ont remporté un marché. Pourtant, l’accès à la commande publique peut être un facteur déterminant pour le développement de ces entreprises dont l’ancrage territorial, la réactivité, et, pour certaines, le caractère innovant de leurs solutions, sont des opportunités auxquelles les acheteurs publics devraient avoir un accès facilité.

La 1re solution pour faciliter drastiquement l’accès à la commande publique pour les TPE et PME est la centralisation de l’ensemble des consultations de l’État, de ses établissements publics et des hôpitaux et organismes de Sécurité sociale sur la même plateforme (PLACE, déjà utilisée par la majorité des acheteurs publics de l’État).

Le temps de la migration, les normes techniques doivent être harmonisées afin de permettre l’interopérabilité entre les différentes plateformes.

La 2e solution pour faciliter drastiquement l’accès à la commande publique pour les TPE et PME est la généralisation du recours au marché public simplifié, qui permet aux entreprises de répondre à un marché public avec leur seul numéro SIRET.

De manière plus large, en réduisant la charge administrative des TPE et PME pour répondre à une consultation puis exécuter le marché. En particulier, le principe « Dites-le nous une fois pour toutes » doit s’appliquer strictement aux consultations publiques (pré-remplissage des formulaires avec les informations déjà connues de l’administration). En phase d’exécution, la facturation ne doit plus être source de complexité.

Enfin, l’autre solution pour faciliter drastiquement l’accès à la commande publique pour les TPE et PME est la création de supports contractuels novateurs. Ces supports seront dédiés à donner un accès simple aux solutions innovantes matures, en dépassant par exemple le plafond de 100 000 € pour les achats innovants sans procédure de publicité ni mise en concurrence préalable.

Le contentieux des marchés publics peut, en outre, émaner d’un différend entre l’acheteur public et le titulaire du marché ou entre ce titulaire et l’un de ses sous-traitants. Ainsi selon le contrat considéré, le juge administratif ou le juge judiciaire est compétent.

Cette dissociation des compétences est source de divergences dans le cadre de contentieux en matière de commande publique. La création d’un bloc de compétences unique en faveur du juge administratif pour l’ensemble des contrats de la commande publique éviterait les risques de doubles interprétations, sécurisant ainsi les entreprises.

Ces mesures, marquant une véritable révolution dans l’accès des TPE et PME aux marchés publics, devront être pilotées dans la durée. En effet, tandis que certaines dispositions pourront être appliquées immédiatement, d’autres nécessiteront un accompagnement au long cours, tant en termes de déploiement de systèmes informatiques que de transformation des acheteurs publics.