D'ici la fin de la législature européenne, la
Lettre de la DAJ se propose de donner un éclairage sur l'actualité
des dossiers européens et internationaux vus par les capitales
européennes. Dans le prolongement de l'éditorial du 17 octobre en
direct de Berlin, une série d'éditoriaux poursuivra ce tour
européen en donnant notamment la parole aux Services économiques
régionaux dans nos Ambassades.
|
|
Jean-Marc FENET, Ministre-Conseiller- Chef du Service Economique Régional Europe
Centrale et Balte - Ambassade de
France en Pologne
La Pologne est
décidément un pays singulier. Est-ce son histoire douloureuse et
mouvementée, cette soif de vivre après avoir disparu 123 ans de la
carte du monde, pour se retrouver au lendemain de la guerre en marge
d’une Europe dont elle est pourtant le cœur ?
|
Plus question désormais de rester sur le quai
quand part le train du progrès. Hier les ouvriers des chantiers navals
de Gdansk changeaient la face du monde. Aujourd’hui, cette
singularité s’exprime par un dynamisme et un optimisme devenus rares
en Europe. Seul pays de l’Union à afficher une croissance
ininterrompue depuis 20 ans, la Pologne brûle les étapes. Son revenu
par tête n’est encore que de 66 % de la moyenne européenne, mais il
était de 40 % à l’entrée dans l’UE. Elle bénéficie d’un
puissant marché intérieur, d’un système financier sain qui a su
éviter les errements de beaucoup de ses voisins, et d’une capacité
à utiliser effectivement des fonds structurels européens abondants
(67 Mds € sur la période 2007-2013, 75Mds sur la
suivante).
Au-delà des seuls indicateurs économiques, la
Pologne se veut désormais un Grand d’Europe, l’un des « big six
» de l’Union. Elle se fait entendre dans les enceintes
communautaires, jusqu’à irriter parfois comme sur les sujets
énergétiques ou climatiques. Point de contact entre « le triangle de
Weimar» (partenariat avec la France et l’Allemagne) et le « carré
de Visegrad » (partenariat avec la Tchéquie, la Slovaquie et la
Hongrie), elle invente de nouvelles figures géométriques pour se
poser en leader de l’Europe Centrale. En attendant de renouer avec
son passé ancien et d’être un pont entre l’Europe et ses marches
de l’est : la déception est tangible ces jours-ci après la
volte-face ukrainienne sur le partenariat oriental, mais la Pologne qui
se rappelle trop bien ce que signifie un rendez-vous manqué avec
l’Histoire, veut croire que celui-ci n’est pas définitif. Ses
efforts actuels pour tenter de décrisper la situation doivent se lire
à cette
aune.
On ne peut donc
que se réjouir des actuelles retrouvailles franco-polonaises,
marquées il y a quelques jours par le 3ème déplacement à
Varsovie du Président de la République, le 4ème pour la
ministre du commerce extérieur. Une économie dynamique et solvable
est là à nos portes, à deux heures d’avion de Paris. Nos grandes
entreprises le savent, qui sont toutes présentes et actives. Les
petites et moyennes sans doute moins, qui ne sont encore que 10 % parmi
les exportatrices à se tourner vers la
Pologne.
Le pays de
Copernic, Mickiewicz et Chopin a toujours entretenu une relation
particulière avec la France. Soyons attentifs au nouveau chapitre qui
s’écrit
aujourd’hui.
|