Réponses à quelques questions sur les banques

Pourquoi dit-on que les crédits font les dépôts ?

L’expression « les crédits font les dépôts » désigne la capacité des banques à créer de la monnaie. Comment ? Lorsqu’elle accorde un prêt, la banque vire la somme correspondante sur le compte de son client, somme qui dans ses comptes ne correspond pas nécessairement à des dépôts préexistants. Ce faisant, elle a créé de la monnaie nouvelle. Le remboursement du prêt a l’effet inverse, il détruit de la monnaie.

Les institutions financières spécialisées, elles, peuvent accorder des crédits mais, ne recevant pas de dépôts, elles ne créent pas de monnaie car « en face » de ces prêts, il y a nécessairement une épargne préexistante.

 

Qu’est ce qu’on a donné aux banques françaises ?

Le soutien aux banques françaises en 2008 et 2009 a pris trois formes.

  • La première, qui en fait n’a rien coûté à personne, c’est l’assurance donnée aux banques qu’on ne les laisserait pas faire faillite (à la suite du choc planétaire de la faillite de Lehman Brothers et du risque de crise systémique). En disant cela, l’État a rassuré les banques et les marchés, qui ont lentement recommencé à fonctionner normalement.
  • Le soutien a également pris la forme d’une recapitalisation des banques, car les provisions passées tout au long de 2008 réduisaient leurs fonds propres qui devenaient insuffisants au regard des critères fixés par les instances internationales (comité de Bâle). L’État a créé fin 2008 la Société de prise de participations de l’État (SPPE), qui a souscrit des titres de dettes subordonnées des six principales banques françaises pour un montant de 20 milliards d’euros, lesquels titres étaient rémunérés et pouvaient être remboursés à tout moment à l’issue de la 1ère année. Par ailleurs, l’État est entré au capital de la banque franco-belge Dexia à hauteur de 1 milliard d’euros (3 milliards si on prend en compte la participation de la Caisse des dépôts). Les banques ont remboursé 13, 5 milliards d’euros au bout d’un an.

A savoir

Début 2011, les 20 milliards prêtés par l’État aux banques ont été intégralement remboursés par les banques.

  • Enfin, 3ème forme du soutien : des prêts accordés aux banques au travers de la Société de financement de l’économie française (SFEF) également créée fin 2008 et qui emprunte sur les marchés avec la garantie de l’État, pour laquelle celui-ci se fait rémunérer. L’État a annoncé qu’il pourrait prêter aux banques à travers ce mécanisme jusqu’à 320 milliards d’euros ; au bout d’un peu plus d’un an, il avait prêté 77 milliards d’euros et le processus serait aujourd’hui en veille. L’État a fait valoir qu’il a avait fait un très bon placement en recapitalisant les banques et donnant sa garantie, puisqu’au total le dispositif lui aurait rapporté 2 milliards d’euros.

 

La résistance des banques françaises en question?

Il n’y a pas eu véritablement de faillite de banque française. Seule Dexia a fait l’objet d’un « sauvetage », l’État belge et l’État français ayant recapitalisé la banque franco-belge. Les autres banques ont subi des pertes mais moins importantes que les autres (3 à 5 % du total mondial alors que les banques françaises pèsent 10 % du système bancaire mondial).

Plusieurs facteurs expliquent cette résistance. D’une part, la diversité de leurs métiers de banque d’investissement et de marchés, de banque de particuliers, de gestionnaire d’actifs, … ainsi que leurs implantations géographiques en Europe et dans le monde leur ont permis de diversifier leurs risques. Elles étaient également moins exposées aux produits financiers à haut risque comme les crédits titrisés. Ensuite, les banques françaises se sont fortement concentrées dans les dernières années et disposent d’une très forte assise financière dans la banque des particuliers avec un montant total des dépôts de 1 353 milliards d’euros début 2011. Cela leur a permis d’être moins dépendantes vis-à-vis des marchés pour leur refinancement. Enfin, il s’agit en France d’un secteur très fortement régulé qui laisse, moins qu’ailleurs, des entreprises et des produits hors du champ du contrôle des autorités de tutelle.

 

Pourquoi les prêts à la consommation sont-ils plus chers que les prêts immobiliers ?

Les prêts à la consommation sont plus chers que les prêts immobiliers car les banques, et surtout les sociétés financières spécialisées qui en octroient une grande partie, utilisent des ressources plus onéreuses et ont des frais plus élevés.

Des ressources plus onéreuses car n’intégrant pas les dépôts (non rémunérés) de la clientèle ni les plans épargne logement.

Surtout, des frais plus élevés

  • les montants unitaires prêtés sont moins élevés, donc les coûts de gestion unitaires supérieurs
  • pas de garantie « réelle » (alors que les banques prennent systématiquement des hypothèques et/ou des cautions et exigent des assurances dans le cadre des prêts immobiliers)
  • des incidents de remboursement plus fréquents et des pertes définitives plus importantes.

De plus, les marges sont plus fortes que pour les prêts immobiliers, sur lesquels les banques font plus de sacrifice car le prêt immobilier est un moyen de fidéliser la clientèle sur longue période.